11. BURN WITH ME (PARTIE V)

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Je n'avais aucun espoir d'avenir, en ce qui me concernait. Ni pour Nathan, d'ailleurs, même si je me serais refusé à l'énoncer à voix haute. Très sincèrement, que pouvions-nous espérer ? Je ne savais même pas où nous irions une fois que l'apocalypse se serait déclenchée. Comment pourrions-nous envisager survivre à la guerre alors que je serais l'une des premières cibles à abattre en tant que fille du débile qui avait rendu officielles les hostilités ?

Nate était encore protégé malgré sa condition, vu que pratiquement personne du camp adverse ne connaissait son existence. Encore que je me demandais si je pouvais réellement y croire. Parmi les soldats qui nous avaient élevés à leurs côtés, pouvais-je être certaine, absolument certaine, qu'aucun d'entre eux n'ait été volontairement ou non impliqué dans les affaires de la Résistance ? Si ça se trouve, l'info avait déjà fait le tour de l'Île.

Je broyai du noir le reste de la journée, jusqu'à ce que Nate revienne me rendre visite au cours de la nuit. Je m'en voulais de perturber son cycle, mais je ne pouvais me permettre de rester plus d'une journée sans le voir. Les heures qui espaçaient nos entrevues me semblaient déjà bien trop longues. Il n'avait pas l'air d'en être perturbé pour autant, vu que, malgré ses efforts, il se rendormait inlassablement au bout de quelques minutes.

Affaiblie et plus démunie que jamais, je m'autorisai à le garder quelques heures de plus pour essayer de combler la douleur. Lorsque Ghost se réveilla en sursaut à 4 h 47, après être tombé par terre, il réclama, paniqué, que je lui rende le petit, ce que mon esprit embrumé mit quelques secondes à comprendre. Je le laissai partir à contrecœur alors que le soldat me lançait un regard furieux.

— Ça va, Ghost, tempérai-je.

Ça va ? siffla-t-il. Tu sais à quelle heure ce gosse vient se faire parfois réveiller par son enflure de père, depuis que tu es partie ? Maximum à cinq heures du matin, quand ce n'est pas quatre. Il a besoin d'un minimum de stabilité pour affronter les journées qui l'attendent, et tu ne lui rends vraiment pas service en faisant ça.

Sur quoi, il partit sans se retourner, me laissant seule avec ma culpabilité.

Ghost fut incapable de m'amener Nate au cours de la nuit suivante. La prolongation de sa visite avait bien failli donner l'occasion à mon père de comprendre que quelque chose ne tournait pas rond, et sa méfiance avait apparemment redoublé de vigueur à l'égard de mon frère. Il ne put venir que quelques minutes en coup de vent au cours de la nuit qui suivit, aux alentours de trois heures du matin. Sa visite éclair ne servit qu'à me frustrer davantage.

Il ne restait donc plus que dix jours avant la guerre. Je commençais à ne plus être dans mon état normal. Mes nerfs commençaient à craquer et je ne savais plus où trouver la force de tenir. Ghost vint accompagné de Gene, Kurt et Fog cette nuit-là, mais pas du petit bout essentiel à ma survie, en cette période si difficile. Ils firent tout leur possible pour me distraire et n'y parvinrent que quelques minutes, lorsqu'ils me firent part des plans de guerre qui avaient été décidés après maintes délibérations.

— Qu'est-ce que c'est que ça ? fis-je en fronçant les sourcils lorsqu'Art plaça une feuille devant mes yeux.

ENDLESS RAINOù les histoires vivent. Découvrez maintenant