13. END OF THE WORLD (PARTIE III)

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— Plus sérieusement, reprit-il, j'aimerais finir de présenter à tout le monde une recrue qui n'est arrivée ici que depuis quelques heures, mais qui nous a aidés de pas mal de points de vue. Surtout personnel, en ce qui me concerne.

Je sentis le coup fourré poindre. Avais-je omis de lui préciser à l'occasion que je détestais être sous les feux de la rampe ? Non, parce que vraiment, j'aurais peut-être mieux fait de le prévenir avant. Surtout qu'il était en train de me désigner de la main, là.

— Enji Adamson a rejoint nos rangs et m'a aidé à bouleverser les plans de nos pères, en acceptant de jouer un rôle lourd à porter.

Voilà ce qui s'appelait trafiquer sacrément la réalité ! J'étais loin d'avoir le beau rôle dans cette histoire, mais je compris qu'il ne laisserait jamais le jugement d'autrui se glisser entre nous. Je ne pourrais jamais assez le remercier pour tous les sacrifices qu'ils avaient consentis à mon égard. C'était tellement plus que je ne méritais...

— Je tiens à dire que travailler avec elle fut un véritable plaisir. J'étais très inquiet à l'idée de qui on allait me mettre dans les pattes et j'ai l'impression d'avoir eu la chance de tomber sur un miroir de moi-même. Être compris par une personne à qui on ne fait volontairement pas de cadeau, ce n'est pas donné à tout le monde, croyez-moi. Mais au-delà de l'équipière de choc que j'ai trouvé en elle pour faire front face à la folie qui nous entourait, j'ai surtout trouvé bien plus. J'ai trouvé ce que j'étais bien certain de ne jamais trouver par un biais aussi conventionné et imposé que l'était celui-ci.

Il se tourna complètement vers moi, et je sentis les larmes me monter aux yeux sans que personne ne leur ait rien demandé. Bon sang, mais qui était cette fille hyper émotive qui s'était emparée de moi ? Ah merde, je l'avais toujours été...

— Enji, tu es définitivement mon âme sœur, celle sans qui je ne pourrais plus avancer aujourd'hui. Merci d'être ici, avec nous. Avec moi.

Il ne marqua qu'une très courte pause.

— Je t'aime.

L'excitation explosa dans les rangs et je sentis un tracé très fin humidifier ma joue. N.J. me contempla de loin avec un sourire fier. J'articulai un inaudible « Je t'aime » à mon tour, et vis dans ses prunelles une lueur nouvelle jaillir de son âme. À cet instant précis, je réalisais vraiment la force avec laquelle je l'aimais, et à quel point la vérité énoncée pouvait sembler pâle à côté de la puissance des émotions qui me submergeaient. Ce fut le léger tiraillement sur ma manche qui me fit émerger de ma rêverie éveillée.

— Dis, c'est ton copain ? m'interrogea Nate en le considérant attentivement.

— Oui, ris-je en essuyant mes joues pour qu'il ne s'inquiète pas de mon trouble.

Son attention se reporta sur moi.

— Alors, ça veut dire que vous allez vous faire des bisous tout le temps ? Non, parce que M et Kapy font ça tout le temps, et Quin et moi, on trouve ça dégoûtant...

Notre tablée explosa de rire, pour ma part gênée comme rarement de toute ma vie. À en juger par le teint légèrement rouge de la nounou de Nate, je n'étais pas la seule. Personne n'y fit vraiment attention autour de nous, les conversations ayant repris à toute allure. Je voyais bien que la curiosité poussait certains à me montrer du doigt, mais exceptionnellement, cela ne me dérangeait pas. Je n'avais d'yeux que pour l'homme de ma vie qui s'approchait de notre table, après avoir conclu l'annonce sur une chose de bien peu d'importance après ce qu'il venait de dire, et qui ne m'avait du coup pas marqué.

Lorsqu'il prit place à mes côtés en entourant ma taille, je le dévorai du regard.

— Répète-le, le suppliai-je presque, de manière à ce que lui seul m'entende.

Il esquissa un sourire en coin et s'approcha délicatement de mon oreille.

— Je t'aime, déclara-t-il pour la seconde fois de la soirée.

— Je t'aime aussi, répondis-je en l'attirant vers moi pour l'embrasser.

Je m'étonnais moi-même de voir à quel point la présence des autres ne représentait absolument pas un obstacle pour moi.

— Et voilà, je le savais ! se plaignit subitement Nate.

— Ouais, un peu de tenue, s'il vous plaît, rigola Quin en avisant l'air dégoûté du petit.

Je me détachai de mon compagnon, qui était tout simplement mort de rire.

ENDLESS RAINOù les histoires vivent. Découvrez maintenant