Madame la Maire

Chapitre 20

Cette dernière nuit avait laissé des traces, au sens propre comme au sens figuré.

J'avais dû user de tous les stratagèmes pour cacher cette rougeur dans le cou, plus que tenace. Mais j'avais oublié les quelques griffures dans mon dos, que Lucie remarqua. J'inventais alors une balade en forêt aux milieux des arbustes.
Est ce qu'elle me crû ?
Je n'étais pas vraiment une adepte reconnue de randonnée. Cependant elle ne posa pas plus de questions.

Ces deux histoires parallèles commençaient à m'épuiser. Ce que je trouvais drôle, amusant devenant de plus en plus compliqué à gérer, Louise prenant de plus en plus de place.
Et au final, je n'étais avec personne, ne construisant rien, mis à part du vent.
Alors, quand Lucie me proposa de partir un week end prolongé, dans l'hôtel de son amie au Pays Basque, je fus amener à réfléchir à cette invitation.
Je m'étais dit que je ne prendrais pas de vacances cette année: trop de travail, Mathilde en congé maternité ... Mais j'avais tellement besoin de ces quelques jours.
Prendre l'air et du recul.

Dans le même temps, une excellente nouvelle était arrivée : Mathilde avait accouché, d'une petite Jeanne, arrivée 2 semaines en avance.
Je passai immédiatement voir ma filleule à l'hôpital, les bras chargés de cadeaux. Elle était tout simplement splendide.

" Elle ne fait que pleurer ! Je ne pensais pas que ça pleurait autant ! " se plaignait Mathilde faisant une moue des plus drôles.

Je riais.

" C'est un bébé ! Ça veut toujours manger ! "

" Rigole, rigole ! Ma voisine de chambre, le sien ne pleure jamais ! Elle va m'en faire voir de toutes les couleurs, et toi aussi par la même occasion, MARRAINE ! "
Nous rîmes toutes les deux. Je retrouvais ma Mathilde, son sens de l'humour, sa joie de vivre, qui me manquait tant à l'étude depuis 2 mois.
Elle reprit.

" Lucie m'a appelé pour me féliciter ! Elle m'a aussi dit que tu hésitais à partir au Pays Basque ? "

" J'avais dis que je ne partirais pas cette année et que ... "

Elle me coupa.

" Emma, sérieusement, c'est que trois jours dans une semaine. Alors, tu prends ton Mercredi / Jeudi / Vendredi et tu te casses jusqu'au dimanche. C'est un ORDRE ! Ça donnera un peu plus de responsabilités à nos deux stagiaires, et le petit Raphaël est juste excellent. "

Je souris et répondis :

" Justement, j'ai peur que tu me vires et que tu me remplaces ! "

Mathilde ria en hochant la tête, se moquant. Je repris

" Non, mais le chantier de Louise est sur la fin, encore un petit mois, il y a pas mal de vérifications à faire et ... "

" Que tu feras le lundi suivant ! Ça va elle va te lâcher la grappe un petit peu ! Allez ouste ! Au Pays Basque ! " s'exclama Mathilde avec un geste de la main.

Elle avait raison, j'avais besoin de ce bol d'air frais, de reprendre mes esprits. Ce n'était que 3 petits jours à prendre, il n'y aurait aucun retard. J'avais pris ma décision.

Le lundi suivant, 2 jours avant mon départ, je dînais avec Louise. Nous avions pris l'habitude de manger au restaurant une fois par semaine,en plus des réunions, pour parler des derniers détails du chantier mais également de pleins d'autres sujets de conversation. Nos vies, la culture,les voyages ... tout y passait ! Louise était quelqu'un de très cultivée et altruiste.
Je lui montrai les photos de la petite Jeanne.