Chapitre 34

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Je la rejoignis dans sa voiture ce lundi soir, garé devant mon appartement, avec une pointe d'appréhension. Je redoutais quelque peu cette soirée, me demandant quelle tournure elle allait prendre.
Notre baiser fut furtif, distant.
C'est moi qui entamait la conversation.

" Vraiment encore une fois, désolé pour ces messages nocturnes.."

" Ça va, on ne va pas reparler de tes gamineries nocturnes Emma !"

La soirée était lancée pensai je. Je choisis de ne pas répondre à cette provocation, changeant de sujet.
Nous discutions de tout et surtout de rien, dans une atmosphère assez spéciale et plutôt froide.
A mi trajet, je reçu un message de Mathilde. Elle m'envoyait une photo de nous tous durant la soirée, dansant sur une table. Je pouffai de rire subitement, ne pouvant me contrôler.

" Qu'est ce qui te fais rire ? " me demanda Louise, se tournant vers moi.

" Rien, juste une photo que Mathilde vient de m'envoyer ! "

Je me mordis la lèvre inférieur. Pourquoi avais je dis ça. Sans surprise, elle enchaîna.

" De ta petite soirée ? "

J'aurais du tourner ma langue dans ma bouche avant de parler.

" Oui, oui ... "

" Avec ta petite amie ? "

Je répliquai directement.

" Je te l'ai dit Louise, ce n'est pas ma petite amie. "

Elle ne me regardait pas, fixant la route.

" Puisqu'on en est à parler de ça, je peux savoir combien de nanas tu te tapes en ce moment ? "

Sa question me fit bondir. Elle cherchait la provocation. Avant que je n'ai eu le temps de répondre, elle ajouta:

" Parce que c'est vrai, on en a jamais vraiment parlé ! Combien ? "

Son ton, hautain, cassant, était des plus irritants. Je bouillonnais intérieurement.

" Écoute, je ne compte plus ! " répondis je avec ironie.

A la provocation, j'avais choisir de répondre par une chose : la provocation. Au rond point qui suivit, elle n'alla pas tout droit et fit demi tour.

" Qu'est ce que tu fais ? " lui demandai, je surprise.

" Je n'ai plus vraiment envie d'aller à cette expo vois tu ... "

" Très bien comme tu voudras . "

Un silence s'en suivit, qui dura plusieurs minutes. De longues minutes. La tension était extrême, cette soirée virait au cauchemar. Alors que nous nous approchions du point de départ, je décidai de briser ce silence pesant, m'emportant quelque peu.

" Pourquoi tu réagis comme ça ? Hein ? Je n'ai rien fait avec cette fille ni avec aucunes autres. Et du reste tu m'as bien dit que tu t'en fichais ! Alors quel est ton problème ? le '' ça m'est égal, fais ce que tu veux '' c'est bien toi qui me l'a envoyé ! Alors qu'est ce que ça peut te faire que je couche avec la moitié de la ville ! "

J'étais excédée, sans contrôle, les nerfs à vifs.
Elle arrêta la voiture sur le bas coté, juste à l'entrée de la ville.
Elle se retourna vers moi, me fixa avec un regard des plus sérieux.

" Emma, ça me ferait quelque chose si tu couchais avec la moitié de cette ville. Et ça m'a fait quelque chose de te voir, ce samedi matin,avec elle, danser sur ce char, avec elle ... "

Elle m'avait donc vu sur ce char.

" Je te l'ai dit, c'est une amie, elle s'amusait de la situation ! "

" Elle s'amusait de la situation ?" me demanda t'elle étonnée.

" Oui, elle sait pour nous, et voilà, elle voulait voir tes réactions. C'est Marion, elle est comme ça !"

" Très drôle en tout cas ! Elle est au courant du coup ? "

Je répliquai, passablement énervée.

" Oui Louise, elle est au courant ! Mais elle habite Paris et je ne pense pas qu'elle aille vendre l'exclu à Paris Match ! " répondis je avec une pointe d'ironie.

J'enchaînai: '' Tu vois, normalement, je raconte tout à mes amis, spécialement quand ça touche au sentimental. Mais là, je ne peux rien dire, même à Mathilde. Je dois tout garder pour moi.. "

Elle me regardait, cherchant ses mots.

" Écoute, c'est une situation un peu particulière je sais mais.. "

Je la coupai.

" Tu veux que je sois honnête avec toi ? J'étais vexée, triste que tu parles de moi comme d'une expérience. Je sais que je ne peux rien en attendre mais cela m'a blessé. Cette relation, cachée, à l'abris de tous, oui, c'était excitant au début. Mais là, ça me pèse d'accord ? Je veux plus. Voilà, je veux plus. Mes gamineries nocturnes, comme tu dis, elles veulent dire quelque chose ! Je voulais te voir, je voulais même que tu viennes, que tu rencontre mes amis. J'ai des sentiments pour toi tu comprends ? Des sentiments amoureux ! "

Mes mots étaient sortis de ma bouche comme le flot d'une rivière inondée : vites, vifs, et incontrôlables.
Louise me regardait, comme scotchée parce que je venais de dire.

'' Je ne sais pas quoi te dire Emma " furent ses seuls mots.

J'avais le coeur qui battait à tout rompre. J'étouffai dans cette voiture, j'avais besoin d'air.

" Je suis désolée, je vais sortir, je vais marcher un peu ! "

Elle ne dit pas un mot, me laissant partir.

Madame la MaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant