Chapitre 40

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Il est souvent dit que l'on mesure à quel point l'on aime une personne lorsque celle ci vous quitte, par le vide que cela créé.
Alors j'aimais Louise, sans aucun doute possible.
A son départ, je fus prise de spasmes et de sanglots incontrôlables, prise comme dans un vide abyssal.
Je me rendis chez Mathilde cette nuit là. Je lui expliquai tout, du début à la fin, dans un flot de paroles, entre plusieurs larmes.
Elle se tut, m'écouta, tout en étant scotchée par ce que je lui apprenais. Elle n'avait rien vu venir. Comme une amie, elle ne me jugea pas, me prit tendrement dans ses bras, et mon gronda gentiment de ne pas lui en avoir parlé avant.
Je dormis chez elle ce soir, peinant à trouver le sommeil, plongés dans mes pensées noires.

Louise m'envoya un message le lendemain. Un message de circonstances, qui reprenaient ce qu'elle m'avait dit la vieille : Je tiens à toi mais... , Te rendre malheureuse, je suis désolée ... et le fameux J'espère que tu sauras me pardonner.
Cette phrase que j'avais dîtes à Lucie, quelque mois plus tôt. Ironie de l'histoire.

Aux premiers sentiments de tristesse, d’incompréhension s'étaient ajoutés la colère et l'amertume.
Je lui en voulais, tout simplement. Elle avait ''géré'' notre histoire comme un des ses dossiers politiques. Je lui avais offert du temps, l'expression de mes sentiments, de ce que j'éprouvais. Elle m'avait rejeté. Et le fait qu'elle mette en avant le fait de prendre cette décision '' pour moi '' me rendait folle. J'avais un immense ressentiment contre elle, qui grandissait.

Pour oublier tout ça, toute cette peine, cette frustration, pour tenter de l'oublier, elle, je m'étais lançai dans le travail à corps perdu.
Je passai beaucoup de temps normalement dans mon Étude, ou sur les chantiers. Désormais, j'y passais tout mon temps, ne rentrant chez moi que pour dormir.
J'avais perdu l’appétit : je ne suis pas de celles qui ont le syndrome Bridget Jones après une rupture à manger plus que de raison. A la place, je fumai toujours plus.

" Pas dans l'Etude Emma, et pense à tes poumons là ! "

C'était Mathilde qui me réprimandait ce mardi midi, alors que je fumai une cigarette, occupé à dessiner.
Elle enchaînai :

" Bon allez, je t'amène au restaurant ! "

Mathilde avait été incroyable avec moi ces 2 dernières semaines, me soutenant, me réconfortant sans être oppressante.

" J'ai pas faim, je mangerai un truc plus tard ! ''

" C'est ça oui ! Je te connais, tu ne vas rien avaler ! Je te jure, si tu ne viens pas de suite, je ramène le biberon de Jeanne demain pour te nourrir de force ! "

Je lui souris et acquiesça, en signe de renoncement.

" Je t'ai pas dit ! J'ai croisé Louise au supermarché hier ! "

Je relevai la tête. Mathilde continua :

" Alors là, elle est au courant que je sais tout je pense ! J'étais avec Jeanne, dans la même file qu'elle, impossible de la louper ! Elle est venu vers moi avec un grand sourire, quelque peu gêné quand même. J'avais envie de lui dire ses quatre vérités je te jure ! Je me suis contentée d'être froide ... "

Je souris intérieurement, imaginant Mathilde froide. Cela ne lui ressemblait tellement pas.

" Elle était comment ? "

Madame la MaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant