Chapitre 47

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Il faisait froid et brumeux ce matin d'avril sur ce quai de gare.
Je tentais de me réchauffer le corps en pensant à ce qu'il m'attendait : le soleil, le farniente, les cocktails, le repos, des découvertes de nouveaux pays ... bref, le bonheur.

J'entendis le train arrivait, il était 6 heures. Je saisis mon énorme sac à dos de randonnée, unique bagage pour ce périple.

Soudain, une voix retentit derrière moi, comme essoufflée.

" Emma ! "

Immédiatement, je l'a reconnu. C'était Louise.
Je pivotai sur moi même.
Elle se tenait devant moi haletante, en jean pull over, les cheveux en batailles et les joues rougies par le froid, et sûrement également par la course qu'elle venait de faire.
J'étais abasourdie de la voir, là, à cet instant.


" Emma, je dois te parler ! Je savais que tu prendrais le premier train !"

Le train était à présent à quelques mètres de nous.

Mesdames et Messieurs, le train en direction de Paris vient d'entrer en gare, veuillez monter dans les wagons.

" J'espère que ton discours tient en 15 secondes car comme tu le vois, je dois y aller ! '' lui lançai je, dubitative.

Elle s'approcha de moi,tout en se dirigeant vers un wagon.

" C'est pour cela que je viens avec toi ! ''

J’écarquillais les yeux :

" QUOI ? "

Elle enchaîna, naturellement :

" Oui, je descendrais à la prochaine gare. Je veux te parler Emma, et au moins, dans un train, personne ne s'enfuira ! "

Elle grimpa alors à l'intérieur.
Je l'a suivis, sous le choc. Mes idées se bousculaient, cette scène était totalement irréaliste.
Nous nous installâmes au fond du wagon, dans un endroit un peu à l'écart. A présent face à face,aucune ne détachait le regard de l'autre. La tension nerveuse était à son comble.
Je pouvais voir la nervosité, l'inquiétude,l'émotion de Louise à travers ses yeux bleus, à l'intérieur desquels je pouvais lire comme dans un livre ouvert.
Le train se mit alors en marche, doucement. Le temps était comme suspendu. J'attendais les premiers mots de Louise.

" Emma, je n'ai pas dormi de la nuit. En fait, ça fait une semaine que je dors mal ... Non ça fait depuis que je ne suis plus avec toi que je ne suis pas heureuse... Je t'ai laissé Emma. Il y a eu ce tourbillon avec la compagne. J'avais peur, tu comprends ? Peur de ce que j'éprouvais, peur de ce qu'il allait se passer... Alors il était préférable de fuir. Et puis tu t'es mise dans cette liste, j'étais folle de rage... il était plus facile de te blesser que de dire les choses. Et après, j'ai essayé par tous les moyen de te parler, mais je n'y arrivais pas, la peur toujours, que tu me rejettes cette fois ci... Mais j'en ai marre d'avoir peur ... "

Elle avait dis ces mots dans un flot de paroles ininterrompu, passionné et haletant.
Je me sentais chancelante, mon coeur battait à tout rompre.

" Tu me manques Emma, je veux que tu saches que ... "

" TICKET ! "

La voix du contrôleur nous fit bondir.
Louise le regarda avec un regard des plus noirs.
Je lui tendis le mien tandis que Louise argumenta sur l'absence du sien:

Madame la MaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant