Chapitre 55

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Elle se tenait là, devant moi, si vulnérable.

Si belle devant cette vérité qu’elle venait d’exprimer, qu’un frisson me parcouru le corps tout entier.

"Louise… C’est normal que tu ais peur ! Et tu as besoin de l’exprimer cette peur … "

Elle s’assit alors sur l’escabeau, se tenant la tête entre les mains.

"Comment mes proches vont réagir ? Mes enfants … Peut-être ne voudront-ils plus me parler… Où même me voir ? "

C’était plus une question qu’elle s’adressait à elle-même, comme une angoisse lancinante.

Bien sûr qu’elle avait peur, une peur qui n’avait dû cesser de monter à mesure que notre histoire avait évolué, s’était construite et qu’elle avait dû affronter cette réalité. Notre réalité.
Je m’approchais d’elle, lui saisissant doucement une de ses mains et m’assis sur une des marches inférieures de l’escabeau.

" Tes enfants t’aimeront toujours Louise. Je ne te dis pas que tout sera facile …"

Elle reprit alors son souffle, me serrant un peu plus fort la main.

" Jules devrait mieux l’accepter, il t’apprécie énormément, surtout depuis le stage qu’il a fait chez toi… mais Hugo … "

Je haussai alors les sourcils, plongeant mon regard dans ses yeux bleus.

" Si je peux te donner un conseil en terme de coming out … " lui lançais je alors, lui adressant un clin d’œil qui lui arracha un sourire, " Ne t’imagines pas les réactions des personnes, tu pourrais être surprise … "

Elle fronça les sourcils, me questionnant du regard.

" C’est-à-dire ? "

" Et bien vois-tu, quelque fois, on s’imagine les réactions des gens, à tort ! Par exemple ma mère… quand je lui ai annoncé que j’étais avec une fille, elle a très mal réagi, me demandant ''comment je pouvais lui faire ça"… Alors que c’était la première à prôner la tolérance, l’ouverture d’esprit. J’ai mis des années à l’annoncer à ma grand-mère, qui, quand je lui ai dit, a haussé les épaules, répliquant " Et tu as mis tout ce temps pour me le dire ? Mais tant que tu es heureuse ma chérie ! " Tu vois, il n’y a pas de règles universelles … "

Cette dernière remarque l'a laissa pensive.

" Et comment cela a été par la suite avec ta mère ? "

Nous n'avions jamais vraiment abordé ce sujet auparavant avec Louise.

" Elle pensait que c’était une passade, ne me prenant pas du tout au sérieux. J’ai essayé d’être patiente au début, mais quand j’ai rencontré Lucie, j’ai été beaucoup plus frontal. Elle l’a peu à peu compris, en voyant je pense à quel point c’était sérieux ! "

Louise tiqua à l’évocation du nom de Lucie. Elle m’avait déjà avoué à quel point elle avait été jalouse lorsque que j’étais retournée avec.
Je ne pus réprimer un sourire devant sa moue boudeuse, lui pinçant gentiment la joue.

Madame la MaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant