Chapitre 21

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Cette annonce m'avait renversé, et le mot était faible.
Je ne m'y attendais absolument pas.
J'étais certaine de sa décision d'aller au Canada et surtout du fait qu'elle ne reviendrait jamais dessus : elle l'avait prise depuis longtemps, et c'était son rêve professionnel.
Et là, elle m'annonçait qu'elle m'aimait assez pour décider de rester, ici, avec moi.
Nous eûmes une longue discussion. Je voulais prendre quelques jours pour réfléchir, penser à tout ça. Elle le prit assez mal au début de notre discussion, pensant peut être que nous tomberions dans les bras l'une de l'autre.
Mais je ne pouvais me lancer sans une réflexion, de mon côté. Cela aurait été égoïste de ne pas le faire. Je savais que c'était notre dernière chance d'être ensemble et que ça marche.
Et qu'elle, surtout, sacrifiait un rêve professionnel, même si elle refusait de l'admettre, pour rester avec moi.
Elle mit en avant le fait qu'elle pourrait avoir une super place dans l'hôpital ou elle travaillait, et qu'il n'y avait pas que cela dans sa vie, il y avait moi.
Au fur et à mesure, elle prit le temps de me comprendre.

" Je te laisse un peu de temps Emma, je suis là, d'accords ? "

A mon retour au bureau, Lundi, mon cerveau était retourné.
J'avais appelé directement Mathilde pour lui expliquait tout le séjour. Elle était surexcitée et très heureuse pour moi, me pressant de me lancer.
Il fallait que je prenne du recul, que je réfléchisse. Et pour cela, il me fallait éviter le plus possible Louise.
Je devais tout faire pour la voir le moins possible cette semaine, même avec ces rendez vous chantiers. Cela allait être très difficile.
Elle m'avait envoyé un message le dimanche soir, sans ambiguité :

Rendez vous demain Emma ? 20 heures ? Le lit est arrivé ...

J'avais répondu un message des plus soft. A demain.
Je ne voulais pas lui expliquer la situation, mais je ne voulais pas rester en tête à tête avec elle. Or, à 20 heures, il n'y aurait plus que nous.
J'appelai donc le chef ouvrier le lundi matin, pour lui demander de rester exceptionnellement plus tard, ce qu'il accepta, à mon grand soulagement.

Ce lundi, je restai la plus professionnel avec Louise, qui fut surprise de la présence de l'ouvrier. Pas de gestes équivoques, pas de sourires en coin, rien. Contrôle de la situation.
Nous parlâmes tous ensemble, et je prétexta un baby sitting de Jeanne pour m'échapper avant 21 heures .
" Courage Fuyons " était la phrase de la semaine.
Je répondis à chaque message de façon professionnel et distancé durant la semaine. Je pouvais sentir que cela l'agaçait.

Qu'est ce qui te prends Emma ? m'envoya t'elle le Mercredi.

Je tachais à chaque fois de répondre que tout allait pour le mieux.

Je commis ma plus grande erreur en envoyant Raphaël sur le chantier le jeudi à ma place, sans la prévenir.
Je me doutais qu'elle serait furieuse de cela, je commençais à la connaître.
Il était 21 heures 30, je dessinais la restructuration des pièces d'un chantier à venir à l'atelier, lunette vissée sur les yeux.
J'écoutai alors un raclement de gorge. Je levai les yeux. Je ne l'avais pas écouté arriver.
C'était Louise. Elle était devant moi, me fixant de ses yeux bleus durs comme de la pierre, les bras croisées.

" On va enfin pouvoir parler, mademoiselle Paris, puisqu'il semble plus facile de joindre le Premier Ministre que ta petite personne ces derniers jours. "

Madame la MaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant