J'attendais Louise dans mon appartement, ce Lundi soir.
J'avais eu un week end difficile. Je m'étais d'abord évertuée à ne répondre à aucun des messages ou appels de Louise.
J'étais meurtrie, déçue par ce que je considérais être comme une trahison.
Elle avait fait ce choix important sans en discuter avec moi, je m'étais sentie exclue.
'' La politique, c'est une drogue pour ma mère ! " : cette phrase de Jules m'étais revenue en tête. Il avait raison, Louise était passionnée par sa fonction qu'elle exerçait depuis 10 longues années. Elle s'était investie corps et âmes et avait dû vivre ces derniers jours comme un raz de marré, incontrôlable !
J'avais pris du recul au fil du week end, essayant de la comprendre, même si je lui en voulais toujours.
Et puis, surtout, je ne m'imaginais pas être sans elle.
Elle me manquait déjà. Je voulais essayer, faire en sorte que cela marche, même si cela nécessitait plus de temps et quelques changement de plans.
Je lui avais donc envoyé un message ce matin pour l'inviter chez moi et discuter, l'esprit plus apaisé.Elle arriva sur les coups de 19 heures. Je l'accueillis avec un baiser et un regard rassurant. Elle semblait extrêmement tendue.
Je la rejoignis avec deux verres dans le salon, ou elle s'était installée.
J'entamai directement le discussion par le sujet qui nous préoccupait, sans détour.
Je lui expliquai que j'avais eu le besoin de réfléchir. Sur mes doutes, mes envies, mes craintes, ce que je voulais vraiment après avoir vécue cette déception. Sur le fait que j'avais essayé de la comprendre, même si je lui en voulais toujours un peu, au fond. Je pesais mes mots, calmement." Et surtout, je ne m'imagine pas sans toi. Je sais que nos plans vont un peu changer. Oui, je suis déçue. Mais j'y suis prête, même à te laisser du temps ... "
Je lui avais pris la main. Elle me sourit, mais c'est également une pointe de tristesse que je vis dans son regard.
" Cela me touche tellement ce que tu me dis, je tiens à toi Emma, si tu savais ... J'ai beaucoup réfléchi moi aussi, sur la situation, sur ce que tu m'as dit, sur le fait de construire quelque chose ... "
Ses mains trahissaient son état de nerfs.
'' Tu vas être malheureuse avec moi Emma ... "
Je fronçais les sourcils. Visiblement, elle cherchait ses mots :
" C'est une campagne harassante qui m'attends, à être sur le pont 7 jours sur 7 ; et puis si je suis élue, une pression médiatique, surtout la première année de mandature ... Je ne sais pas combien de temps j'ai besoin ... "
Elle avait la gorge nouée, mais continua néanmoins.
" ... Ni quand je serais en mesure d'assumer cela, publiquement ..."
Je la coupai.
" Le cela, c'est de nous dont tu parles ... "
Elle paraissait de plus en plus hésitante, chancelante :
" Je ne sais pas comment gérer cette campagne, cette vie publique, nous ! "
" Je ne te demande pas de gérer notre relation Louise, mais de la vivre ! "
Je lui serrai la main un peu plus fort.
" C'est difficile pour moi tu sais ! "
Cette phrase m'irrita quelque peu. Oui, c'était dure pour elle, je le savais. Mais elle n'était pas seule dans cette relation.
" C'est vrai que c'est facile pour moi ! Je n'ai pas vécu une rupture il y a quelques mois ! " lançai je avec une pointe d'ironie.
Je décidai d'adoucir le ton, devenant rassurante.
" Je comprends tu as peur. Mais je serais là, avec toi ! "
" Je n'ai pas peur Emma, je vois la vérité en face, même si elle est dure.. "
Elle baissa alors les yeux. Mon corps battait à tout rompre. J'allai poser cette question, qui me brûlait les lèvres :
" Tu ne vas pas me quitter ? "
Un silence, terrible, glaçant, s'en suivit. Un court silence qui paraissait une éternité. Elle ne répondit pas, les yeux baissées. Elle qui utilisait des yeux comme une arme de déstabilisation, à ce moment précis, n'arrivait pas à soutenir le mien. Je retirai ma main de la sienne.
" Louise regarde moi, tu ne vas pas me quitter ? "
Elle leva ses yeux, le regard las, absent.
" Je suis désolée Emma ... Je tiens vraiment à toi, mais je ne peux pas t'embarquer là dedans, sans savoir ou je t'emmène, tu ne mérites pas ça... "
"Arrête de parler pour moi Louise ! C'est toi que cela concerne ! Je t'ai dit ce que JE voulais, être avec toi ! Alors ne commence pas à jouer les sauveuses ! "
J'avais haussé le ton, mes idées, mes mots se bousculaient dans la tête. J'avais mal au coeur, littéralement.
Elle se tourna vers moi, saisissant mes mains." Je veux que tu saches que tu n'étais pas qu'une aventure. Cela fait des année que je n'ai pas ressenti cela. Mais si je ne le fais pas maintenant, cela sera encore plus dure après... "
J'avais envie de crier, de hurler. J'essayai de garder mes nerfs, avec difficultés.
" Arrête Louise! Ne me dit pas ça, alors que tu me jettes ! Après ce qu'on a vécu ! Tu ne nous laisses aucune chance, Tu fuis ! "
" Je ne te jette pas Emma. Je suis tellement désolée ... Il vaut mieux que je parte ... "
Elle avait les larmes au bord des yeux, ses mains tremblaient.
Elle se leva précipitamment, bouleversée.
Je lui saisi l'avant bras." Louise, si tu me quitte maintenant, c'est fini, je ne veux plus aucun contact ! "
J'avais des sanglots dans la voix.
Elle était parti, les larmes coulant sur ses joues, avec un dernier regard. Je perdis le contact de sa peau.
Elle me laissait là, moi et ma peine immense.
VOUS LISEZ
Madame la Maire
RomanceDeux femmes. Un désir. Un jeu. Une frénésie passionnelle. "Elle me fixait. Ce regard...J'avais chaud, plus que jamais. Je voulais sa peau au contact de la mienne. Un besoin physique. Dans un énième changement, je me pris les pieds dans le tapis. Lit...