Chapitre 27

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Mon cerveau était un chantier à ciel ouvert ; que je n'arrivais pas à remettre en ordre. J'avais totalement perdu le contrôle de la situation, les mots de Louise me revenaient sans cesse en tête.
J'essayai d'éviter Lucie le plus possible en début de semaine, la culpabilité me rongeant de l'intérieur. J'avais prétexté un chantier loin de la ville.
Et il y avait ce point d'orgue : Jeudi, et la signature pour l'achat de la maison, pour le début d'une nouvelle aventure à ses cotés.

Louise m'avait envoyé un message, le Lundi.

Comment vas tu aujourd'hui ?

J'ai une énorme boule au ventre,je ne fais que penser à ce que tu m'as dit, je suis mal. Telle aurait été la réponse adéquate, la vraie.
A la place, j'écrivis.

Ca va merci et toi ?

Pitoyable message.

Bien, je vois que tu n'es pas disposée à parler. J'attendrai que tu sois plus en verve.
Et Je pensais ce que je disais hier.

Je ne répondis pas.
Je ne savais quoi répondre, quoi dire et surtout quoi faire.
Comme à mon habitude, je fuyais les problèmes, refusant de les affronter de face.
Les jours s'écoulèrent, dans la douleur de mes questionnements et de mes interrogations.

Ce jeudi matin, j'étais dans un sale état de fatigue. Je n'avais pas dormi de la nuit passant mon temps à réfléchir.
Je m'étais convaincu qu'il fallait que je grandisse, que ma relation avec Lucie était solide, et qu'il ne fallait pas tout remettre en cause pour une passion. Louise m'avait avoué qu'il y avait plus que du sexe. Très bien, mais ou cela allait nous mener ? Nul part.
Je décidai également de ne pas lui parler de mon incartade, elle ne me le pardonnerait jamais.

" La tête que tu as dis moi ! Toujours pas remise de ton intoxication ? " me lança Mathilde à son arrivée.

J'avais prétexté une intoxication alimentaire le pour expliquer ma non présence le dimanche matin à la présentation , à Lyon.
Elle me fit un clin d'oeil et ajouta.

" Alooooors, c'est le grand jour ! Ça y est, tu deviens une adulte responsable avec l'achat de cette baraque ! "

Si seulement elle savait. J'avais plusieurs fois voulu tout lui dire, me confier. Mais je n'avais pas réussie. Louise m'avait demandé de ne pas parler de cette relation. Et surtout, au fond, j'avais peur de décevoir mon amie.
Alors je n'avais rien dit, contenant tout en moi.

" Et oui ! Premier achat pour une nouvelle vie ! ''

J'avais laché cette phrase d'une voix assez monocorde.

" Cache ta joie Emma ! A ce rythme là avec ta tête, il va refuser de vous les faire signer ces papiers ! " lança t'elle dans un rire. " Je suis tellement heureuse que vous soyez ensemble. C'est l'évidence vous deux ! "

Ces paroles me réchauffèrent le coeur. Elle avait raison.

Ce midi, je devais manger avec Lucie, sur la grande place, avant de passer au notaire. C'était la première fois que je la voyais depuis le week end et j'avais une réelle impréhenssion. Arriverai je à lui mentir, à lui cacher tout cela ?
Elle arriva avec un grand sourire. Ce sourire que j'aimais tant chez elle, qui savait apaiser mes doutes et qui desserra instantanément le noeud autour de ma gorge.

" Bonjour mon amour ! Tu m'as manqué cette semaine ! Raconte moi un peu, je ne sais même pas comment ça s'est passé à Lyon ! A la vue de ta tête, ça a du être érintant " dit elle dans un rire.

J'avais tellement honte.
Malgré tout Je racontai très succinctement ce week end, passant vite à autre chose. Je lui mentais, chose que je n'avais jamais fait avec elle. Notre relation avait toujours été basé sur la confiance, une confiance inébranlable l'une envers l'autre. Mais je ne pouvais lui parler de tout ça, ca la détruirait, elle. Et nous.
Le déjeuner passa vite, Lucie me raconta sa dernière opération,
une opération à coeur ouvert d'un nourrisson. Elle m'impressionnait toujours, c'était une chirurgienne très douée, mais qui savait être humble.

Alors que nous buvions notre café,mon esprit fut troublé par un rire derrière moi, rire que je connaissais très bien. Je me retournai.
C'était Louise attablée au comptoir, buvant un café avec deux autres hommes.
Ma gorge se noua. Quelle était la probabilité qu'elle se retrouve dans ce café.
A vrai dire, assez élevée pensai je. Nous étions sur la place principale, face à la mairie,dans le café restaurant le plus sympa. Pourquoi je n'avais pas penser à cela avant.
Louise croisa mon regard. Elle parut surprise.
Elle s'arrêta de parler, s'excusa auprès de ses convives, s'approchant vers nous.

Non, Pas ça ! Que fais tu Louise ?

" Bonjour ! "

Elle se tenait devant nous, un grand sourire aux lèvres.

" Bonjour Madame Dugléry ! Ravie de vous revoir ! " répondit Lucie.

" Moi de même! Comment allez vous ? "

Lucie se chargea de répondre, lui inversant poliment la question. Je n'avais pas dit un mot, je ne parvenais pas à parler.

" Que faîtes vous dans le coin ? " demanda Louise.

Elle me cherchait toujours du regard, alors que je fuyais désespérément le sien.

" On va chez le notaire ! Vous avez devant vous de futures propriétaires de votre ville ! " Elle souriait. Fière. Belle.

Le visage de Louise se voila quelque peu.

" Félicitations, je vous souhaite beaucoup de bonheur ! Au revoir ! "

Elle tourna les talons, me jetant un dernier regard avant de passer la porte. Un regard furtif qui m'électrisa le corps tout entier.

" Tu aurais dire un mot au moins, je sais que tu ne l'aimes pas mais quand même ! " me reprocha Lucie.

Je me sentis d'un cou très mal à l'aise, les mains moites,le coeur battant à ne plus s'arrêter. J'avais chaud, je me sentais mal. La boule que j'avais dans le ventre depuis le début de semaine était plus importante que jamais.

" Je vais payer et on y va ! "

Elle s'apprêta à se lever.

Je lui retiens la main, dans un geste brusque, soudain.
Je le regardai à présent.

" Je ne peux pas Lucie. "

Madame la MaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant