Chapitre 54

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Salopette de travail bleu marine enfilée, pinceau à la main, musique forte et endiablée en arrière fond, je m’attelais à repeindre le premier pan de mur de ma nouvelle pièce principale, en ce début d’après-midi.
Sur un coup de tête, en rentrant des Etats-Unis il y a trois semaines, dans un élan de folie, j’avais décidé de tout changer, abattant cloisons, démolissant la cuisine et voulant tout retaper. J’avais juste envie de renouveau, d’espace, de nouvelles couleurs.

Comme si je n’avais pas assez de boulot à l’Etude.

Mathilde avait pensé, non sans humour, à une sorte de dépressurisation, un genre de sas de décompression, me permettant de ne pas penser à Louise et à ce que nous allions faire.

" C’est plus facile de se lancer dans des travaux que de prendre des décisions avec Louise ! Tu vas vite te retrouver à gérer les deux en même temps ma louloute ! " m’avait-elle lancé avec son air moqueur.

Et au fond, je savais qu’elle avait raison.

Prise dans mon travail et le son de musique latine ramené du Costa Rica, je n’entendis pas Louise arriver derrière moi.
Je sentis juste ses lèvres se posant dans le creux de mon cou, ce qui me fit sursauter.
" Tu m’as foutu une trouille ! " lui lançais-je en me retournant.
Elle me souriait, amusée de la situation et me saisit par la taille, me rapprochant irrémédiablement d’elle.

" Très sexy la salopette … "

Elle posa ses lèvres sur les miennes, sa langue de mélangent très vite à la mienne. Cette chaleur me ramenant directement aux souvenirs de la matinée que nous avions passée ensemble.
Je frissonnais de plaisir, oubliant quelques secondes ce que je comptais lui faire faire.
Je me dégageai alors difficilement et lui tendis avec malice une grande chemise à carreaux que j’utilisais également pour mes travaux.

" Tiens, je suis certaine que tu seras très sexy toi aussi avec ça …"

" Haha, très drôle ! "

" Je ne rigole pas Louise, je vais avoir besoin de ton aide, pour enlever la dernière portion du mur, là ! Je ne peux pas le faire seule !"

C’était une dernière portion que je devais finir d’enlever pour définitivement connecter la cuisine et le salon.
Dire que Louise était surprise de ma proposition était un euphémisme.

" C’est une blague ? Je ne suis pas habillée pour, et tu as bien des amis pour le faire !"

" Tu es en jean/basket Louise, et tu n’as qu’à mettre cette chemise pour protéger ton haut ! Et j’ADORERAIS encore plus le faire avec ma … ma quoi d’ailleurs ? "

J’avais dit cette phrase sans agressivité aucune. Comme par curiosité de sa réponse, par défi. Je voulais savoir ce que nous étions l’une pour l’autre, mettre des mots sur tout ça.

" Je te poserais bien la même question ! " Elle m’avait répondu sur le même ton. Elle enfila alors la chemise que je lui tendais.

" Splendide ! " lui dis-je avec un clin d’œil. " Alors tu prends cette masse, la même que la mienne ! Et on va se mettre de chaque côté et taper en même temps … Tu suis mes indications ! "

Madame la MaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant