Chapitre 59

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Me redressant à moitié, je soufflais :

" Tu veux quoi Jules ? Je suis un peu occupée là ! "

Il fit alors une moue dubitative du haut de son mètre 90.

" Tu es occupée ? "

Il n’avait pas tort. J’étais allongé dans l’herbe, seule.
Il s’assit alors à mes côtés, gardant une certaine distance entre nous.
Un silence s’installa, qu’il brisa au bout de quelques secondes, s’adressant à moi, tout en regardant face à lui.

" Je sais que j’ai un peu abusé ce soir … "

Jules en repentance, incroyable. Je riais jaune.

" Ce soir ? Les jours d’avant aussi Jules… "

Il croisa ses bras autour de ses genoux, regardant toujours l’horizon.

" En même temps, tu crois que c’est facile pour moi, voilà … Quand j’ai dit ce que j’ai dit, c’était pour provoquer. Hugo vient de me tuer là … "

Il s’arrêta quelques secondes, puis reprit :

" Maman, elle, elle n’a rien dit mais son regard était triste… c’était encore pire je crois. Elle m’a juste demandé pourquoi j’avais réagi comme ça, et j’ai expliqué l’histoire du soir dernier… "

" Oui, notre accrochage … " ajoutai-je.

Un nouveau silence s’installa.
Jules avait saisi plusieurs brins d’herbes qu’il brisait machinalement, faisant apparaître une tension qu’il tentait de dissimuler.
Je voulais l’écouter, et le laisser parler, qu’il se livre enfin.

" Je ne le vis pas forcément bien, alors je réagis comme ça. Voilà Hugo il est cool, il s’en fout, mais moi je n’y arrive pas. Déjà le fait que je te connaisse d’avant, que je t’aimais bien, alors qu’au final tu étais avec ma mère et que tu faisais peut-être tout ça pour elle au final… le stage chez toi et tout le reste… "

Je secouais la tête. Ainsi il pensait cela de moi, que j’avais fait ça pour lui dans l’unique but de plaire à sa mère.

" Mais non Jules, je le faisais parce que j’avais envie de le faire. Parce que je t’apprécie. Et tu es très bon en plus de cela. Crois-moi, je n’aurais pas pris Hugo en stage dans mon étude ! Il aurait réussi à me faire une maison aux angles ronds ! "

Hugo détestait les chiffres, les maths, hormis lorsque cela concernait la cuisine, sa passion. Je le taquinais souvent avec cela, chose qu’il prenait toujours avec beaucoup d’humour. Jules esquissa un sourire à cette évocation puis repris un air plus sérieux, tournant la tête vers moi, me regardant pour la première fois de notre conversation, de ses yeux bleus clairs. Les mêmes que ceux de Louise.

" Et puis voilà, ce n’est pas toujours facile d’avoir une mère à ce niveau de politique. Tu te prends des réflexions certaine fois, à l’école, par des profs, des potes qui ne sont pas d’accords sur telle ou telle choses qu’elle va faire, dire. Je n’imagine même pas le regard des gens quand ils sauront … quand ils sauront quoi ... "

Je l’aidais alors à compléter le fond de sa pensée.

" Quand ils sauront qu’elle est avec une femme … "

Madame la MaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant