Chapitre 53

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J'ouvris les yeux.
Ma chambre baignait dans une douce lumière tamisée, qui parvenait à passer à travers les fins rideaux. Il devait être une heure avancé de la matinée.

Je me tournai.
Elle était là. Louise. Dos à moi, allongé sur le côté, elle semblait dormir profondément, je pouvais entendre son souffle régulier. Je ne percevais que ses cheveux ébène en bataille, et son épaule, dénudé de mes draps blancs qui la recouvrait entièrement.

Je souriais à présent, replongeant mes pensées dans la journée folle que j'avais vécu la veille.
... De la profonde déception que j'avais pu ressentir à la sortie de ce bureau. L'attitude, le ton de Louise m'avait terriblement meurtrie. Le larmes aux yeux, j'avais rejoins les bras de Mathilde, et quelques verres de champagnes qui se chargèrent de me changer les idées. Je lui en voulais, la maudissant, me jurant qu'il fallait arrêter tout cela, que cette histoire ne menait nulle part.
... De la profonde surprise que j'avais eu, la voyant là, devant moi, à plus de deux heures du matin, au pas de ma porte. Qu'elle semblait fragile soudainement !
J'avais eu envie, au premier abord, de lui claquer la porte au nez. De lui dire que ça en était trop, que j'étais épuisée de tout cela.
Mais rien n'étais simple avec Louise. Je le savais, je l'aimais. C'était ce besoin de la voir, de lui parler au-delà de toute rationalité, de toute raison.
Alors je l'avais laissé entrer.
... De la profonde incrédulité qui m'avait saisi devant son malaise. Elle ne devait avoir pratiquement rien avalé de la journée. Et ne parlons pas du sommeil !
Notre situation pouvait elle aussi l’avoir bouleversé ?
Louise avait montré sa part de vulnérabilité, elle, la femme qui voulait toujours se montrer forte et insubmersible.
Elle m'avait touché au-delà de tout.

Nos problèmes étaient-ils réglés ? Non, c'était évident.
Mais hier, ce qui me semblait insurmontable, sa position, les conséquences de notre relation, me paraissaient aujourd'hui minimes.
Elle m'avait terriblement manqué. La sentir là, tout près de moi, me réchauffait le corps tout entier et m'apaisait.

Je n'avais plus peur.

Je posais ma main sur son épaule. Je voulais juste sentir sa peau, si douce, contre la mienne. Je ressentis un mouvement infime, comme un tressaillement sous ma paume.
Sans percevoir son visage, je pouvais ressentir qu'elle souriait.
Soudain, sa voix.

" Ne tenterais tu pas d'abuser de ta position, mademoiselle ? "

C'était à mon tour de sourire à sa remarque.

" Hmmm ... peut être bien ! Vois tu, je suis en position de force, je suis sur mon territoire ! ''

Elle se mit à rire, se tournant doucement de l'autre coté.

Elle était à présent face à moi, à quelques centimètres, mon regard plongé dans ses yeux bleus. Splendide.

" Tu vas commencer à croire que c'est toi qui me fait défaillir ! ''

Elle avait ce regard taquin et pétillant.

'' Ce qui n'est que la réalité ! Je suis irrésistible que veux-tu ! ''

J'aimais ce jeu entre nous, à se chercher, se tourner autour, sans réel contrôle de la situation.

" Avec cette horrible pull coloré que tu portes ! Ne rêve pas ! "

Madame la MaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant