CORPS & ARMES Tome 1

Aaron

Chapitre 2

Cela me fait un drôle d'effet de revenir à Los Angeles . Lorsque j'ai quitté ma famille pour voyager , bourlinguer avec mon meilleur ami Paolo, je ne pensais pas que dix ans s'écouleraient avant mon retour . Mais là je n'ai pas le choix . Je dois faire cesser leurs agissements  . Je vais devoir rester sous couverture et coincer ces salopards qui outre les habituels vols et délits , font , du trafic d'êtres humains , leur business prioritaire.

Cela fait un an que j'ai repris contact avec mes frères en polissant la pertinence d'une vie où mon vrai job n'apparaît pas . Pour eux je suis Aaron Silver propriétaire d'une société viticole exportant et important les meilleurs crus du monde .

Paolo et moi avons fait le tour du globe . Nos pérégrinations nous ont menés de l'Australie à la Nouvelle-Zélande où nous avons passé des moments magnifiques à Wellington . Nous bossions le temps de remplir nos comptes en banque. Nous enchainions les jobs de serveurs et passions notre temps à arpenter l'île . Nos rencontres resteront à jamais gravées en moi . Je porte d'ailleurs un tatouage maori fait par un de nos amis .
Anewa était le fils ainé d'un chef de tribu . Nous avions eu la chance de le rencontrer dans le restaurant où nous étions embauchés. Il nous avait pris sous son aile et nous avait fait visiter son pays. Nous avions été subjugués par leurs coutumes . Notre nouvel ami nous racontait les légendes de leurs Dieux et nous étions époustouflés par la force tranquille se dégageant de ces insulaires. L'immense honneur m'avait été fait de pouvoir me faire tatouer dans la plus pure tradition majoraise. Malgré mon jeune âge, l'artiste avait symbolisé mon âme ; le graphisme de l'oeuvre representait un alignement régulier de traits entrelacés de courbes noires faisant le tour de mon biceps droit et remontant sur mon épaule. Une écriture se cachait dans le dessin : " celui qui cherche " était désormais mon surnom sur ce paradis. Paolo aimait me surnommer "Te imi " depuis cette création.

Malheureusement je ne l'entendais plus ...
Nous avions passé deux ans en Nouvelle-Zélande. Avant notre arrivée en France qui fut notre dernière étape , nous avions traversés la Thaïlande et l'Italie. Émotionnellement , je gardais un souvenir ému des visites des temples boudhistes et du Vatican. Je suis athée mais je crois en une puissance supérieure et au karma .
Nous avions parcouru la France , pays riche tant par son histoire que sa gastronomie. Nous nous sommes posés à Vacqueyras ; petite commune du Vaucluse où là encore nous avons eu la chance inouïe de tomber sur une personne généreuse. Pierre nous a embauché pour la saison des vendanges et les semaines passant , il nous a permis de rester sur son domaine pour en assurer l'entretien .
Je m'étais découvert une passion pour le vin et les crus de cette région. Pierre m'avait appris à apprécier le goût chaud et solaire de ce nectar gorgé d'épices et de fruits surchauffés .

Paolo reprit la route seul , un matin de mars . Il souhaitait continuer à voir du pays et parti pour Marseille. J'étais déçu de le voir nous quitter mais respectais ses envies . Au fil des semaines , ses appels se faisaient de plus en plus rares . J'étais extrêmement pris par le domaine où Pierre m'enseignait toutes les phases de vinification : quatorze étapes complexes allant des vendanges à la commercialisation. J'étais comme un coq en pâte. Pierre m'avait aidé à remplir les papiers auprès du consulat américain pour obtenir le droit de travailler en France . Cela nous avait pris presque six mois avant que ma situation soit régularisée . La promesse d'embauche et mon lieu de résidence avaient fortement appuyée ma demande. Je vivais simplement dans un petit studio que Pierre me louait ; en échange je l'aidais dans l'entreprise. Cédric , son fils unique était plus réticent à mon encontre mais une soirée bien arrosée m'avait permis de le rassurer quant à son héritage; je ne marcherais pas sur ses plates bandes. Je prenais ce que Pierre m'offrait et ma reconnaissance était sans borne . Je vivais avec ce duo père-fils endeuillé par la perte de la mère de Cédric. L'épouse de Pierre avait succombé lors d'un grave accident de voiture deux ans auparavant.
Le temps filait aux rythmes des vendanges et des ventes des produits sur le domaine .Mon français s'améliorait et je soulageais mes amis dans leurs travaux.
Un matin du mois de février 2014 , je recus un appel de la mère de Paolo qui allait bouleverser le cour de ma paisible existence .

Paolo était mort: tué lors d'un affrontement entre gangs . Mon frère de cœur avait disparu et je mis des semaines à me remettre de ce choc . Pierre et Cédric m'epaulaient de leur mieux , sachant pertinemment combien le deuil est une épreuve de tous les jours . Je m'efforçais de continuer mon travail et de leur prouver qu'ils avaient raison de capitaliser sur ma personne. Mais le cœur n'y était plus .