But There's A Boy 🥀

0/ On da night 🌙

Je m'y prépare avec le sourire.
J'arrive en grimaçant.
Je repars en pleurant.

•••••••••••••••••••

J'avais mis ma robe noire.
Celle qui traînait dans mon armoire depuis des millions d'années, et qui prenait la poussière.
Mais ma préférée tout de même.

Je ne sais pas pourquoi ce détail est resté...

Je n'allais jamais à des fêtes, et pour cause: on ne m'invitait jamais.
J'étais la fille discrète, un peu timide, qui avait de nombreux amis mais qui restait retranchée sur elle-même. 

Je pensais souvent à lui, quand j'étais seule.
Je me demandais vraiment, comment il tenait le coup.
J'aimais beaucoup sa mère, gentille, douce et affectueuse.

Mais ce soir-là, quand je suis arrivée au cinquième étage de son immeuble, et que la musique m'assourdissait déjà dans l'ascenseur, j'ai vraiment songé à faire demi-tour.

Ça n'avait plus rien avoir avec nos stupides fêtes d'anniversaires autour d'un gâteau avec quelques amis.
Une centaine de personnes traînait dans son appartement.

L'odeur nauséabonde d'alcool et de drogue m'a d'abord fait tourner de l'œil, je me suis assise au moins dix minutes dans le couloir avant de me décider à faire mon entrée.

Le comble, c'est que tout le monde me fixait exactement comme au lycée.
Alors que c'est censé être une trêve dans notre vie scolaire...

J'ai longtemps fait le tour de chez lui à sa recherche, je suis finalement tombée sur quelques amis à moi.

Dans l'enchaînement de la soirée, J'ai avalé deux ou trois verres d'alcool.
Pas assez pour oublier ce qu'il s'est passé ensuite visiblement...

Et puis là, je l'ai vu arriver tout souriant, une bière à la main, coiffé de façon négligée comme à son habitude.
Il portait du noir, comme moi.

Quand son regard a vaguement croisé le mien, il m'a souri et il est parti à l'autre bout de la pièce. 

Rien que ça pour me rendre dingue apparemment...

La fête a duré de très longues heures, je me suis amusée, je n'avais rien d'autre à faire.

Puis vers trois heures du matin je suis partie me coucher dans un lit encore libre, et j'ai sûrement eu de la chance.

Ou pas...

Environ une heure plus tard, alors que j'avais réussi à m'endormir.
Il a ouvert la porte et elle a grincé tout du long.

Il s'est excusé et il s'est laissé tomber sur le lit à côté de moi.
Il n'a rien dit. Il avait sommeil.

Peut-être pas assez.

"Dors pas trop toute seule dans des soirées comme ça".

Voilà ce qu'il m'a dit avec son éternel sourire au coin des lèvres.
Je le lui ai rendu parce que j'étais sûrement trop conne.

Ensuite il m'a saisi les deux poignets avec une force que je ne lui connaissait pas.
Et comme je lui criais de me lâcher, au bout d'un moment il a libéré mon bras droit. Puis il a pris l'oreiller et il l'a plaqué sur ma figure.

Il appuyait tellement que j'avais eu peur d'étouffer...

Ça aurait été le comble hein? Si tu m'avais tué Mathis... Peut-être que ça tu t'en serais souvenu?

Je ne vais pas décrire ce qu'il m'a fait ensuite, j'imagine que ce n'est pas dur à deviner.

Le plus drôle c'est qu'après il s'est endormi comme si de rien était.
Alors je me suis levée.

Je tremblait de haut en bas.
Je m'en souviens.

J'ai ramassé mon sac, j'ai lentement mis mes chaussures.
Puis je suis sortie de son appartement qui était maintenant silencieux.

J'ai regagné l'ascenseur.

Et c'est une fois dehors, après avoir marché la moitié du chemin, que je me suis mise à pleurer.

Il ne sait pas à quel point ses gestes, ses mots, tout ce qu'il a fait, m'ont détruit. 

Au fond, il ne pourra jamais deviner ce que ça fait d'être brisé.

Moi je ne pensais pas à avoir à subir ça un jour.
Je pensais que j'avais été amoureuse du bon mec, celui qui est normalement parfait.

Ou alors ce genre de mec n'existe pas en fait...

Je suis rentrée chez moi, dans le silence le plus complet.
J'ai enlevé ma robe noire et je l'ai jetée à la poubelle.

Ensuite j'ai passé le reste de la nuit dans ma baignoire.
Au début l'eau était brûlante, au fil du temps elle est devenue glacée. 

J'ai bien pensé au suicide, mais bon, ce serait dommage de disparaître pour quelqu'un qui se voile la face.

Au petit matin ma mère est venue toquer à la porte de la salle de bain.

Je me suis habillée, j'ai péniblement marché jusqu'à ma chambre.
Et je me suis difficilement endormie.