Bodyguard

A mes actes manqués

L'eau tiède s'écoule sur mon visage et glisse sur mon torse, dénouant mes muscles.
Je reste immobile sous le pommeau de douche, et laisse le ruissellement de l'eau m'apaiser quelques minutes.
Mes pensées divaguent rapidement.
Les souvenirs de la veille me reviennent en tête : avec ce dîner que j'aurais pu refuser...
Mais force est de constater que je n'en ai pas eu le courage.
Et j'ai ainsi passé un dîner en tête à tête avec Amelia.
Dans l'illusion d'un couple que des bagues à nos doigts ne cessaient de nous rappeler, par les filets de lumière qui s'en dégageaient.
Mais le plus dérangeant n'était pas le contexte.
Le plus dérangeant, c'est la façon dont j'ai vécu cette soirée....une soirée que j'ai appréciée.
Plus que de raison.
Aveuglé par l'illusion qui m'entourait.
Je m'étais même perdu en lui dévoilant un peu plus l'homme qui se cachait en moi par cette confession d'une partie si marquante de mon passé.
J'avais oublié à certains moments la réelle raison de ma présence à ses côtés....
Et encore plus perturbant pour moi, j'avais presque oublié la signification de ce dîner ; la limite entre le réel et le virtuel avait été particulièrement floue en présence de cette femme qui me fascinait de plus en plus.
Une fascination qui m'avait frappé en plein visage sur la route du retour à l'hôtel...

Quelques heures plus tôt

- Owen, on pourrait s'arrêter à la plage ?

Je jette un œil furtif vers elle, en quittant la route du regard un bref instant, alors que j'étais installé au volant de notre voiture de location.

- Amelia...nous sommes en pleine nuit...

- Oui, je sais, c'est juste pour entendre le bruit des vagues...

Je remarque une intersection proche qui me permettrait d'accéder à la plage en quelques minutes...mais j'hésitais encore.

- S'il vous plaît Owen...

Je tourne la tête et son regard était à nouveau là : celui qui brille plus que les autres, qui me fixe intensément et m'appelle presque...celui qui me faisait fléchir systématiquement.
Je me reconcentre sur la route et finis par tourner à l'embranchement que j'avais repéré quelques mètres plus tôt. La route descend de manière abrupte en plongeant vers les abords de la plage. Je poursuis sur quelques mètres, puis me gare grossièrement sur le côté menant vers l'étendue de sable devant nous.
Je coupe le contact et sors rapidement de la voiture.
Amelia ne m'a pas attendu et se trouve déjà à l'extérieur, alors que je contourne le véhicule.
Une légère brise fait onduler ses cheveux et balaye le tissu fluide de sa robe longue.
L'air restait chaud autour de nous, si bien qu'elle ne semblait pas avoir froid malgré sa tenue d'été.
Elle me sourit dès qu'elle croise mon regard puis se déchausse de ses sandales.
Elle relève alors sa robe de quelques centimètres et dévale la petite dune de sable devant nous pour s'approcher de la mer, guidée par le bruit des vagues.

- Amelia !

Elle court face à moi et je perçois son rire résonner jusqu'à mes oreilles.
La petite fille qui se cache en elle semblait de retour, et je ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire.
Je la suis, la rejoignant aisément en quelques foulées : je la découvre, les pieds dans l'eau, jouant avec les vagues.

- Elle est encore bonne...ça me donnerait presque envie de me baigner...

Je trouve son regard où je décèle une pointe de malice, à peine dissimulée, alors que la pleine lune au dessus de nous constitue la seule source de lumière....et notre seul témoin.