« Ton corps sera ton rempart. Mais il pourra aussi te mener à ta propre perte ».
La tête entre mes mains, assis au bord de mon lit et le regard rivé sur le sol, les mots de Nathan résonnent dans ma tête.
Des mots qu'il avait prononcés quand je lui avais annoncé ma décision de quitter les forces spéciales, pour me reconvertir en garde du corps.
Des mots qui ont une amère saveur pour moi en ce moment....comme une prémonition....comme une prédiction qui finit par se réaliser.
Mon corps comme rempart effectivement, mon bouclier, la protection que je représentais pour ceux pour lesquels je travaillais.
Mais potentiellement également ma perte, par l'oubli de ma mission, en révélant au grand jour ma faiblesse : ma simple condition d'homme.
L'homme avec ses envies.
L'homme avec ses secondes d'égarement, d'inattention, de vulnérabilité.
Quand tout bascule.
Quand la garde du professionnel est baissée.
Ma main droite quitte mon visage et se place sur ma jambe, recouverte à nouveau de mon pantalon de pyjama.
Mes yeux restent fixés sur cette main.
Sur cette partie de moi qui a tout déclenché et qui a été la première à rendre les armes.
- Je ferais mieux de retrouver ma chambre, conclut-elle avec un trémolo dans la voix.
Une voix qui semble éteinte, dépourvue d'espoir et agit sur moi comme un électrochoc.
Ma main droite se crispe sur sa cuisse...en l'empêchant de s'échapper.
De m'échapper.
Mes doigts resserrent légèrement leur emprise contre sa peau en remontant contre sa taille, sous mon tee-shirt, et le contact d'un shorty en coton se révèle sous ma peau.
La tête d'Amelia se retourne directement vers moi et ses yeux expriment une profonde surprise...et une pointe d'incrédulité devant mon geste.
Mais cette image ne m'apparaît qu'une poignée de secondes, lorsque le haut de mon corps réagit à son tour...sans que ma raison n'ait son mot à dire ou qu'elle n'exprime la moindre réserve.
Comme si les connexions étaient brouillées entre ma conscience et mon propre corps.
Une conscience spectatrice et impuissante face à un corps dominateur...
Mon visage se rapproche en effet directement de celui d'Amelia et mes lèvres trouvent les siennes et ravivent cette douce sensation à laquelle j'avais goûté auparavant.
Je me détache au bout de quelques secondes seulement, comme frappé par la réalité de ce que je venais d'initier.
J'observe, déstabilisé, la femme devant moi : ses yeux brillent dans la pénombre, mais non plus d'une lueur humide suscitée par des larmes, mais d'un reflet scintillant, sombre mais captivant.
Hypnotisant.
Envoûtant.
Je reste comme paralysé, ne sachant subitement que faire ou comment réagir.
Mais un contact me sort rapidement de cet état.
Des doigts ne tardent pas à glisser dans ma nuque et je sens une douce pression dans mon cou qui m'amène à baisser à nouveau docilement mon visage....
Ma chambre est plongée dans une demi-obscurité alors que les lueurs du soleil percent à travers le store.
Je ferme les yeux pour me recentrer sur le moment présent.
Je passe mes deux mains contre mes paupières, et je fais le vide quelques instants, me détachant de cette lumière annonçant une nouvelle journée....et la difficile réalité que je vais devoir affronter.
Un froissement derrière moi capte mon attention.
Je me tourne et la réalité que j'essayais de nier m'apparaît sans ménagement.
Elle est là...
Dans mon lit, couchée sur le ventre.
Le drap la recouvre très légèrement et révèle une grande partie de son dos dénudé.
Sa peau semble attirer les quelques rayons de soleil qui s'invitent dans la chambre : elle
scintille presque à quelques centimètres de moi.
Ses cheveux sont désordonnés et cachent une partie de son visage, alors que sa main gauche est tendue vers l'emplacement que j'occupais quelques minutes auparavant, comme si elle me cherchait....même dans son sommeil.
Je détourne le regard, cette image est difficile à accepter, presque plus dure que les souvenirs...jusqu'à ce que j'entende un faible soupir derrière moi....
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Bodyguard
General Fiction« Monsieur Hunt, bonjour. Je suis Richard Webber, manager d'Amelia Shepherd et si je vous appelle c'est qu'on m'a recommandé votre nom comme l'un des meilleurs de votre profession... » Toutes les histoires commencent par quelques mots. Celle-ci débu...