L'écoulement au goutte à goutte de la cafetière mobilise ma concentration.
Deuxième café que je lance de la matinée, alors qu'il n'est que 9 heures 30 du matin.
La faute à un réveil des plus matinaux....et un sommeil agité et léger alors que je suis réveillé depuis 5h30 et que ma nuit se résume à quelques heures seulement.
Les événements de la veille m'ont hanté toute la nuit : les images inédites d'Amelia, son comportement et ses mots qui m'obsèdent encore.
« Je comprends que tu ne veuilles pas de moi »
Toutes ses blessures résumées en quelques mots : je connais son histoire, les drames de sa vie, les manques qu'elle a dû endurer. Et je me retrouve malgré moi être celui qui rouvre et attise ses douleurs profondes.
Elle avait voulu se faire du mal hier. Dans une démarche extrême d'autodestruction.
Et j'y étais pour quelque chose, en la confrontant à nouveau à un rejet....
Je me dégoûte presque de moi-même.
Mais je ne peux pas lui accorder ce qu'elle attend.
Je ne serai pas à la hauteur, je ne sais pas faire ce qu'elle me demande.
J'ai oublié...et tout enfoui au plus profond de moi.
Cependant, ces heures de réflexion m'ont mené à une résolution : essayer de me faire pardonner. Lui rendre la vie plus facile, être attentif et attentionné mais sans franchir la ligne rouge....
Elle était fragile et vulnérable.
Et paradoxalement, avoir vécu ces moments difficiles me rendait plus fort : maintenant que je savais la douleur que je lui causais en lui donnant l'illusion d'une relation impossible, j'avais la volonté et la force qui me manquait jusqu'alors.
Pour faire taire les pulsions et les envies.
Pour dépasser la tentation.
Impliqué dans mon travail, mais sans mélanger les genres, en dissociant les sentiments et l'attachement.
Et ma résolution prend effet dès ce matin.
Je l'attends ainsi patiemment dans la cuisine.
Je connaissais bien Amelia depuis ces nombreux mois passés ensemble et je savais que le petit-déjeuner était le moment de la journée qu'elle préférait : elle aimait prendre du temps, savourer tranquillement ces premiers moments en lisant quelques lignes, griffonnant une chanson ou fredonnant, la guitare à la main.
Tout naturellement, une attention simple m'était venue en tête : une attention qui pourrait la toucher mais aussi lui rendre l'appartement plus agréable et moins froid.
J'étais ainsi à l'œuvre pour lui confectionner un petit-déjeuner.
La table était mise avec un petit bouquet de pivoines roses que j'avais commandé pour égayer le bar de la cuisine.
Le café est en train de couler.
Jus d'orange, confiture et Nutella sont rassemblés près des assiettes.
Quelques crêpes que j'ai cuisinées attendent au chaud sous une cloche.
Tout comme une boîte de cheesecake de The Cheesecake Factory et des donuts de Top Pot Doughnut que j'ai faites livrer....comme après l'attaque dont nous avions été victimes après son concert.
J'entends des pas feutrés se rapprocher progressivement de moi.
Le visuel s'ajoute rapidement au son et je découvre Amelia, déjà préparée et habillée pour la journée.
Je scrute son visage et je suis vite rassuré en croisant ses yeux : je retrouve l'étincelle et la lueur habituelle au sein de son regard, et non plus ces deux prunelles angoissantes que j'avais observées la veille.
Elle s'arrête à quelques mètres du bar : je remarque le chemin de son regard qui passe de la cafetière, aux fleurs, puis aux victuailles mises en scène par mes soins.- Bonjour Amelia, comment tu te sens ?
Elle reste silencieuse quelques secondes, puis me fixe intensément.
- Ça va, le mal de tête a disparu. Ce n'est pas la meilleure nuit de ma vie, mais je suis à peu près reposée...
- Tu as meilleure mine qu'hier, en tous cas, reprends-je dans un sourire. Tu veux un café ?
VOUS LISEZ
Bodyguard
Ficción General« Monsieur Hunt, bonjour. Je suis Richard Webber, manager d'Amelia Shepherd et si je vous appelle c'est qu'on m'a recommandé votre nom comme l'un des meilleurs de votre profession... » Toutes les histoires commencent par quelques mots. Celle-ci débu...