- Nous sommes réunis aujourd'hui pour honorer la mémoire de Richard.
Une disparition inattendue et brutale.
Mais nous ne sommes pas là pour alimenter la colère et l'injustice de cet accident.
Nous ne sommes pas rassemblés pour attiser la rancœur.
Si nous sommes ensemble dans cette église, c'est bien pour nous recueillir sur qui était Richard pour chacun d'entre nous...et pour trouver la force de pardonner. Et de continuer à vivre.
Un froissement à ma droite me fait détourner le regard de l'autel et du prêtre face à nous.
Mes yeux quittent le portrait de Richard posé derrière l'autel, souvenir de sa mémoire et qui m'avait captivé de longues secondes.
Mon attention se détache furtivement de cette cérémonie d'hommage qui venait de démarrer dans une ambiance solennelle mais vibrante.
Je remarque ainsi Amelia retirer furtivement ses lunettes de soleil pour essuyer des larmes qui coulent sur ses joues.
Le visage pâle, les traits tirés et les lèvres pincées de chagrin.
Elle était l'ombre d'elle-même : sa joie de vivre était éteinte, comme si un voile masquait son entrain et sa force de caractère habituels.
Elle reflétait l'image d'une femme qui a tout perdu : son foyer avec tous ses souvenirs....mais surtout un homme si précieux à ses yeux qui avait été à ses côtés à chaque étape déterminante de sa vie et de sa carrière.
Nous étions installés au premier rang, April était à la droite d'Amelia et semblait également très affectée : elle était revenue en urgence de Los Angeles directement après avoir appris la nouvelle.
L'assemblée n'était pas particulièrement nombreuse, Richard ayant toujours exprimé qu'il souhaitait partir discrètement, avec ceux qui comptaient pour lui...et que ces personnes qui comptent ne se collectionnent pas comme des amis Facebook.
Jackson avait tenu à être présent et était assis à ma gauche : au-delà de nous quatre, j'avais reconnu Meredith, que nous avions croisée lors de la soirée de la fondation d'Amelia. Une vingtaine de personnes assistaient également à la cérémonie, des amis de Richard, des personnes de la maison de disques, mais je n'avais pas encore pu identifier tout le monde et notamment si certains étaient des membres de sa famille.
Vu les derniers événements, nous avions mis en place un dispositif bien particulier : le lieu de la cérémonie avait été gardé secret jusque 2 heures avant le début et les identités des personnes scrupuleusement vérifiées. Des communiqués de presse avaient été transmis à toutes les agences d'information pour réclamer le respect de l'intimité de cet hommage et indiquer que toutes caméras ou photos seraient confisquées...dernière demande qui avait heureusement été respectée.
L'explosion de la maison d'Amelia et la mort de son manager avaient fait les gros titres. Mes liens avec les services spéciaux nous avaient cependant permis de maîtriser l'information : ainsi officiellement l'explosion était un accident, due à une fuite de gaz. L'existence d'une bombe et le harcèlement dont Amelia était la victime ne devaient pas devenir publics. Nathan m'avait aidé à maîtriser l'information car nous avions peur que ce détraqué soit encore plus motivé par une éventuelle célébrité et par le relais en première page de son geste. Sans compter qu'Amelia serait la proie privilégiée des journalistes et des paparazzis.
Les équipes de Nathan avaient cependant travaillé dans l'ombre sur le lieu du drame : mais la maison n'était plus que débris et nous avions été incapables de récupérer le moindre élément nous permettant d'identifier ce fou furieux...ou celui qui avait installé ce dispositif. Car aucun doute que c'était le travail d'un spécialiste qui maîtrise l'usage des explosifs et les infiltrations discrètes.
Je perçois April saisir la main de son amie quelques instants tout en restant concentrée sur les mots du prêtre. Amelia garde ses yeux découverts par ses lunettes de soleil alors qu'elle les glisse dans son sac, et en retire un mouchoir supplémentaire.
Elle ne semblait pas vouloir cacher sa peine...ou du moins, elle ne s'en souciait plus vraiment.
Depuis l'accident qui datait seulement de 48 heures, Amelia n'était plus la même. Elle était complètement refermée sur elle-même, ne parlait presque plus et surtout ce qui m'inquiétait le plus c'était que son regard me semblait complètement éteint....sans cette lueur habituelle qui reflétait sa joie de vivre si attachante. Les crises de larmes étaient régulières et ne s'estompaient pas avec le temps.
Elle semblait comme inconsolable.
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Bodyguard
General Fiction« Monsieur Hunt, bonjour. Je suis Richard Webber, manager d'Amelia Shepherd et si je vous appelle c'est qu'on m'a recommandé votre nom comme l'un des meilleurs de votre profession... » Toutes les histoires commencent par quelques mots. Celle-ci débu...