- Nous sommes réunis aujourd'hui pour évoquer la mémoire d'un homme. Nous rassembler pour nous soutenir mutuellement dans cette épreuve, face à l'absence et la douleur. Le choc est d'autant plus prononcé car cette disparition se fait dans des circonstances violentes, pour un homme qui avait encore toute sa vie devant lui....mais il a consacré sa vie aux autres : c'est comme un héros qu'il nous a quittés et c'est ainsi que nous devons nous souvenir de lui et le garder au fond de nos cœurs.
Le prêtre marque une pause de plusieurs longues secondes puis fait un signe à une personne assise au premier rang. La salle de recueillement du crématorium est occupée par environ une trentaine de personnes qui forment comme une nuée noire, alors qu'elles arborent toutes la même couleur sombre et funèbre.
L'homme désigné se lève et s'avance à pas mesurés vers le pupitre. Il se retourne pour faire face à l'assemblée. Et une voix grave résonne dans la salle.- Je connaissais Owen depuis de longues années....je l'ai formé, je l'ai coaché...et au fil des missions et de notre collaboration, un véritable lien s'est créé entre nous. Il était le meilleur élément que j'ai connu dans ma carrière : étonnant par son intelligence, sa dextérité, sa capacité à analyser et agir au bon moment. Il a dédié sa vie à protéger les autres. Son pays. Et ses clients, lorsqu'il a décidé de réorienter sa carrière pour devenir garde du corps. Le danger et la mort ont fait partie de son quotidien ces quinze dernières années. Il a échappé grâce à son talent à de nombreuses situations très dangereuses. Mais cette fois-ci, l'issue a été différente.
Il baisse le regard sur ces mots, puis au bout d'une minute, finit par le relever vers l'assemblée.
- Owen est parti comme il l'aurait souhaité. En sauvant la vie de celle qu'il protégeait. En concluant sa mission comme toujours avec succès. Il voulait se sentir utile, donner un sens à sa vie, laisser sa trace d'une certaine manière. Je crois qu'aujourd'hui d'où qu'il nous regarde, c'est un homme serein et satisfait de ce qu'il a accompli qui nous observe. Sans aucun regret. Sans aucune rancœur.
Il cherche alors quelqu'un dans la salle puis s'adresse à cette personne.
- Tu ne dois pas culpabiliser. En faisant ce métier, il en acceptait tous les risques. Être prêt à mourir pour protéger et sauver une vie, il s'y était préparé. Je suis, pour ma part, fier d'avoir croisé sa route. Et je le garderai en mémoire comme il l'aurait souhaité : un homme courageux. Une belle âme qui a su faire du bien autour de soi.
Un hochement de tête conclut ces derniers mots et il regagne sa place aussi silencieusement que lors de son avancée vers le pupitre.
Une autre silhouette se détache déjà. Un homme, qui se retourne à son tour. Ses traits sont plus tirés, sa mine dévoilant clairement une peine profonde.
Il se racle la gorge à deux reprises, respire profondément puis s'exprime d'une voix posée et ferme....en complet contraste avec son image.- Je ne pensais pas vivre ce jour....quand on fait ce type de métier, agent ou garde du corps, comme j'ai pu le faire également, nous pensons forcément à l'issue qui peut être la nôtre...mais cela reste toujours un concept. Une simple possibilité. J'ai partagé tellement de choses avec Owen....tellement de choses qui m'avaient convaincu qu'il était juste trop bon, trop talentueux pour....
Il tousse légèrement à ce moment. Ses mains se posent sur le pupitre comme s'il cherchait un équilibre qu'il était sur le point de perdre.
- Je t'en veux Owen, où que tu sois. Je t'en veux de me prouver que j'ai pu avoir tort, reprend-il avec un mince sourire qui ne gagne cependant pas ses yeux, toujours ternes et légèrement rougis. Nous étions une équipe, un binôme impressionnant et la vie ne sera pas la même sans ta présence. Mais tu étais clairement le héros du groupe....et tu l'auras démontré jusqu'au bout. Tu me manqueras, mon pote.
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Bodyguard
General Fiction« Monsieur Hunt, bonjour. Je suis Richard Webber, manager d'Amelia Shepherd et si je vous appelle c'est qu'on m'a recommandé votre nom comme l'un des meilleurs de votre profession... » Toutes les histoires commencent par quelques mots. Celle-ci débu...