Le regard qui s'embrume....

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Le brouhaha du hall d'aéroport envahit mes oreilles.
Nous sommes postés dans la section de livraison des bagages de Sea-Tac, attendant que nos valises fassent leur arrivée sur le tapis roulant.
Amelia est assise sur une chaise en plastique, l'Ipod rivé sur les oreilles et les yeux concentrés sur son téléphone.
Aucun contact visuel.
Aucune parole dans ma direction.
Une indifférence qu'elle me renvoyait depuis notre départ de Campeche et cette discussion animée qui avait marqué la fin de notre séjour.
J'avais eu la durée entière du vol pour réfléchir et j'essayais de prendre la situation de manière rationnelle.
J'étais clairement déstabilisé par cette nouvelle attitude.
Mais au final, c'était peut être ce dont j'avais besoin.
C'était probablement ce qu'il me fallait pour mener à bien ma mission et mettre un terme à cette évolution de nos rapports que je ne contrôlais plus.
Amelia était encore sous le coup de la déception et de la colère : je me persuadais qu'au bout de quelques heures ou de quelques jours, son comportement s'adoucirait un peu. Mais je savais malgré tout que les choses étaient inévitablement brisées entre nous : je l'avais déçue presque blessée et elle ne serait pas prête de sitôt à me refaire confiance aveuglément comme auparavant.
Il ne me fallait cependant pas regretter mes actes : le contexte était peut être une opportunité pour moi.
La chance qu'il me fallait saisir pour me concentrer exclusivement sur ma mission...stopper au plus vite ce détraqué et redonner à Amelia sa liberté...sur tous les aspects de sa vie.



Le tapis roulant se met subitement en marche et je m'approche pour distinguer les bagages passer.
Au bout de quelques minutes, je remarque nos deux valises et je m'en empare successivement.
Je prends chacune des poignées de nos bagages à la main.
Amelia est déjà debout s'éloignant devant moi.
Trop loin de moi.
J'allonge mes pas, reviens à sa hauteur et m'arrête devant elle.
Je lui fais un signe vers ses écouteurs, pour lui demander de les retirer.

- Retirez-les s'il vous plaît et restez près de moi. Il y a beaucoup de monde dans les aéroports...

- Très bien...

Elle me sourit légèrement.
Un infime sourire qui me soulage presque. Le premier depuis de nombreuses heures...
Nous reprenons notre marche dans les allées encombrées de l'aéroport.
Je guide Amelia vers une sortie proche pour nous éloigner au plus vite de la foule, une de mes plus grandes craintes dans mon métier.
Mon portable vibre dans ma poche de pantalon : je fais signe à Amelia de reprendre l'une des deux poignées de valise pour libérer l'une de mes mains.
Je prends ainsi connaissance d'un SMS de Jackson m'indiquant la sortie de parking où il nous attendait.
Nous marchons encore pendant quelques minutes dans les dédales du bâtiment avant de finalement arriver à destination, au niveau du parking indiqué par Jackson.
Je repère rapidement notre voiture ainsi que mon fidèle équipier adossé contre le véhicule.
Il nous sourit instantanément en nous voyant approcher et vient à notre rencontre, s'emparant de la valise tirée par Amelia.

- Bonjour, vous avez fait bon voyage ?

- Oui, très bien, merci Jackson, répond Amelia sans émotion particulière, mais d'un ton qui fait comprendre qu'elle ne souhaite pas échanger davantage.

Mon complice de longue date charge les valises dans le coffre en me jetant un regard inquisiteur.
Amelia prend place à l'arrière de la voiture comme habituellement et je m'installe sur le siège passager.

- Je suppose que vous êtes fatigués ? Demande Jackson avec un bref regard dans ma direction, puis plus insistant dans le rétroviseur intérieur vers Amelia.

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