Ses lèvres sont immobiles sous les miennes et la panique s'empare de moi.
La femme devant moi est complètement figée, droite comme un i.
Impassible.
Absente dans ce moment.
Je commence à détacher ma bouche pour mettre un terme à ma tentative pathétique de connexion avec elle...quand un mouvement tremblant se discerne subtilement sous mes lèvres.
Des mains glissent en parallèle derrière ma nuque et me maintiennent rapidement dans la position à laquelle j'essayais d'échapper.
Sa bouche prend soudainement vie et s'active sous mon contact pendant de trop courtes secondes.
Je soupire en elle, accueillant ses baisers...avant qu'elle ne s'éloigne doucement de moi....comme au ralenti.
Je reprends ma respiration, fébrile et indécis.
J'ouvre les yeux et découvre Amelia à quelques millimètres devant moi, le regard intense et perçant.
Ses mains restent fermement postées derrière mon cou.
Nous nous observons quelques secondes, sans bouger, le silence m'angoissant plus que de raison.- C'est une mauvaise idée, murmure-t-elle en me fixant.
J'hoche de la tête, réalisant ma méprise. Mais ses mots m'interpellent alors que son langage corporel semble contredire ce qu'elle exprime : elle n'a initié aucun geste pour fuir...
- Tu ne me rends pas les choses faciles...
Mes mains se resserrent contre sa taille, et je réalise seulement à cet instant que mes doigts ont trouvé ce refuge sans que je n'en aie précisément eu conscience...comme s'ils étaient libres et déconnectés de mon corps, attirés vers elle comme des aimants.
- Est-ce qu'on peut vraiment s'évader temporairement...et demain matin, reprendre nos rôles...tu crois que ça peut marcher ? Demande-t-elle timidement.
- Je ne sais pas, qu'est-ce que-tu veux, Amelia ? Rétorqué-je, lui renvoyant sa question.
Je détache une main de sa taille pour placer une mèche de cheveux derrière son oreille et dévoiler un peu plus son visage.
Ses yeux se ferment lentement pendant que ma main caresse sa peau. Mes doigts continuent leur exploration et disparaissent dans son dos, passant sous ses cheveux, pour effleurer sa colonne vertébrale...un chemin que j'avais initié avant son interview, sans avoir le plaisir de le terminer.- Qu'est-ce que j'ai de plus qu'elle ? Chuchote-t-elle en rouvrant ses yeux et retrouvant mon regard.
Sa question me fait légèrement sourire.
Je me penche vers elle, et place mes lèvres à quelques millimètres de l'oreille que je viens de découvrir en arrangeant ses cheveux.- A peu près tout, réponds-je doucement.
Sa peau est à un souffle de ma bouche, et je ne résiste pas à son appel : je dépose un doux baiser au creux de son cou. Je perçois ses doigts glisser lentement dans ma nuque, m'incitant malgré elle, dans mon égarement.
Mes lèvres remontent doucement le long de sa nuque et je distingue sa tête se pencher légèrement, me facilitant l'accès.
Ma bouche échoue sur sa joue que je parsème de rapides baisers, jusqu'à atteindre la commissure de ses lèvres.
Je reprends du recul à cet instant, pour la regarder à nouveau dans les yeux.
Elle m'observe intensément, comme pour anticiper mon prochain geste, mais je reprends la parole.- Alors dis-moi, qu'est-ce que tu veux, Amelia ? Répété-je.
Elle reste silencieuse et je lis de l'hésitation dans ses yeux. Je me surprends moi-même de mon audace et de mon initiative à ce moment...à croire que cette discussion sur ce qui peut m'arriver le lendemain m'a touché plus que je ne l'ai perçu...et que ma raison a pris la poudre d'escampette pour me permettre de vivre pleinement cette nuit inattendue : être un homme avant tout.
Il s'agit peut-être de ma dernière nuit si j'échoue.
C'est une éventualité. Mais il y a au milieu de toutes ces hypothèses, une certitude : cette nuit marque mes dernières heures avec Amelia, car quoi qu'il arrive, les événements qui nous attendent conduiront d'une manière ou d'une autre au terme de ma mission.
Pas de regrets....
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Bodyguard
General Fiction« Monsieur Hunt, bonjour. Je suis Richard Webber, manager d'Amelia Shepherd et si je vous appelle c'est qu'on m'a recommandé votre nom comme l'un des meilleurs de votre profession... » Toutes les histoires commencent par quelques mots. Celle-ci débu...