Bodyguard

Le jour où j'ai tué l'amour (2)

- Gagner du temps...c'est tout ce dont j'ai besoin en ce moment...donc, donne-nous cette information avant que je ne décide de vérifier par moi-même en quoi Yasmina est si spéciale...

Je baisse les yeux quelques instants. Prenant la mesure de ce que je m'apprête à faire.
Un acte ignoble et monstrueux.
Contraire à tous mes devoirs.
Et pourtant...

- La base est située dans un lieu difficile d'accès...dans la direction de...

Un brouhaha résonne subitement dans la pièce recouvrant ma voix et la direction que j'allais dévoiler.
Et rapidement des tirs sifflent autour de nous.
Je me recroqueville sur moi-même, par réflexe, tout en entendant des cris s'élever et des pas précipités frapper fermement le sol en béton.
Je relève légèrement la tête et reconnais des silhouettes vêtues de noir s'activer et envahir la pièce.
Armes en main.
Mes équipiers des forces spéciales.
Certains maintiennent à terre des hommes de Saïd...un bruit à ma droite me fait tourner la tête et je repère deux silhouettes, dont une qui me semble être Saïd s'échapper par une porte isolée...
Une présence s'éveille subitement à ma gauche et s'empare de mes mains.

- Owen, ça va ?

Je reconnais la voix de Jackson alors qu'une cagoule noire recouvre son visage, pour protéger son identité.
Il fait sauter la serrure de mes liens et je retrouve aussitôt un usage libre de mes bras.

Une douleur vive, comme une brûlure, se diffuse dans mes muscles et me fait serrer les dents.

- Tiens, prends ça avec toi, m'indique-t-il en me glissant une arme dans la main. Je dois retourner avec l'équipe pour arrêter tous les hommes de Saïd présents dans le bâtiment. Tu restes là, on revient te chercher quand ce sera calmé.

Il part aussitôt, sans que je n'aie le temps de lui évoquer ce que je viens d'observer.
Je le regarde s'éloigner...avant de me redresser et sans hésiter prendre la direction où j'ai vu Saïd disparaître.
Une section du bâtiment à l'abri pour l'instant de l'agitation suscitée par l'assaut de mes équipiers, affairés à l'opposé.
Cette ordure ne pouvait pas s'échapper...

Mes pas sont peu assurés, mon corps fatigué par ma séquestration, mais ma détermination est plus forte que la douleur.
J'avance aussi vite que je peux en suivant le chemin pris par le terroriste.
Je passe la porte et j'arrive alors dans une autre salle peu éclairée...je remarque une silhouette accroupie à plusieurs mètres. Je progresse d'un pas feutré, l'arme fermement en main, en tentant de contourner la silhouette pour ne pas me faire repérer.
Je reconnais rapidement Saïd : il est penché au dessus d'une sorte de malle métallique et s'affaire à passer en revue des dossiers, puis des disquettes...il cherche visiblement à récupérer ou détruire quelque chose avant qu'on ne le trouve.
Arrivé à quelques pas derrière lui, je lève mon bras, l'ayant facilement en ligne de mire : j'essaie de contrôler les tremblements suscités par la fatigue, tout en concentrant ma vision sur le dos de Saïd à quelques pas de moi.
Mon doigt presse légèrement la détente.
Je mobilise tous mes sens, prêt à tirer....quand la pointe d'un pistolet se dessine dans mon dos.
Accompagné d'un murmure qui me glace le sang.

- Baisse ton arme Owen, sinon je tire...

Mon corps se raidit instantanément.
Je me sens comme paralysé....mon cerveau bloque sur cette voix...la fatigue me jouerait-elle des tours?
Ce n'est pas possible...ça ne peut être...Je dois imaginer des choses.
Ce n'est qu'une hallucination, mes sens me trompent.