La supplique du cœur

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Les chiffres rouges du radio réveil de ma chambre semblent scintiller un peu plus vivement à chaque minute...chaque quart d'heure...chaque heure qui passe.
Comme si ce temps qui défile s'amusait à me narguer.



Deux heures et demie du matin et je ne dors toujours pas.



Et le pire, c'est que je ne sais même pas pourquoi je n'arrive pas à trouver le sommeil.
Certes, c'était ma première nuit dans ce nouvel appartement mais je ne suis pas quelqu'un qui s'attache aux lieux. J'ai passé ma vie à déménager, à dormir à Berlin un jour, puis au Caire le lendemain, enchaînant les missions et les planques impersonnelles et insipides.
J'avais appris à me reposer n'importe où....n'importe quand....à une époque de ma vie, trouver le repos quelques minutes ou quelques heures était indissociable de ma survie.
Mais peut-être qu'avoir quitté mon chalet d'enfance me touche finalement un peu plus que j'en ai conscience. Jusqu'à m'empêcher d'accéder à cette bulle de sérénité et au doux repos du guerrier.



Pourtant la soirée avait été agréable : avec cette surprise des différents soutiens proches d'Amelia. Leur présence avait permis de donner un soupçon de chaleur et d'humanité à un lieu qui était forcément angoissant....car étranger....nouveau....inconnu.



Je me tourne à nouveau dans le lit puis retrouve le plafond du regard, tout en soupirant.
Fatigué de cette insomnie complètement irrationnelle, je découvre le léger drap contre moi, m'apprêtant à poser pied à terre pour rejoindre la cuisine quand des grincements parviennent à mes oreilles.
Mes sens se fixent aussitôt sur ce bruit inattendu et j'identifie en quelques secondes le son distinct qui s'élève. Le plancher de bois s'éveille vraisemblablement sous les pas d'une personne.
Une personne qui se rapproche de ma chambre alors que les grincements résonnent un peu plus fort.
Je fais glisser ma main droite sous mon oreiller et récupère le pistolet que j'y avais caché.
J'étends légèrement mon bras devant moi, le pistolet fermement en main, un geste précis de mon pouce retirant le cran de sécurité : j'étais prêt à faire feu face à cet intrus qui s'avance.



La porte de ma chambre que je n'avais pas fermée, s'entrouvre alors progressivement sous la pression d'un bras que je distingue. Je scrute intensément la silhouette qui pénètre prudemment dans ma chambre. Elle se détache d'un clair obscur, créé par le puits de lumière qui baigne dans le salon, sous l'influence de la pleine lune. Mon index presse légèrement la détente puis se décale aussitôt quand je reconnais les reflets d'une chevelure....de sa chevelure étincelante.

- C'est moi, Owen, annonce-t-elle les bras levés, un peu paniquée devant mon attitude, arme à la main.

- Amelia, j'aurais pu te tirer dessus...tu devrais frapper....précisé-je en replaçant mon pistolet sur la table de chevet à ma droite, encore déstabilisé par ma méprise.

Elle reste dans l'entrebâillement de la porte et semble hésiter...peut être perturbée par ma réaction et mon ton de reproche....mais envers moi-même et non contre elle.

- Quelque chose ne va pas ? Qu'est-ce qui se passe ? Demandé-je alors d'une voix la plus douce possible, pour ne pas l'effrayer et l'inciter à se confier...me confier pourquoi elle était là...dans ma chambre.

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