- Vous pouvez rouler un peu plus vite, Monsieur ?
Tendu sur mon siège, je compte les secondes défiler depuis le coup de fil.
Ce contact inattendu, cet appel à l'aide alarmant.- Je fais ce que je peux, mais comme vous le voyez le trafic s'intensifie, répond le chauffeur de taxi. Rentrer dans Seattle à cette heure, n'est jamais simple mais vous êtes plutôt chanceux, il n'y a pas d'embouteillages.
J'hoche de la tête sur sa remarque, mon esprit est ailleurs.
J'aurais tout donné pour me téléporter à cet instant.- Quelque chose de grave Monsieur ?
La question du chauffeur résonne faiblement au milieu de mes pensées négatives et inquiètes.
Je le regarde à travers le rétroviseur intérieur mais sans véritablement intégrer sa question.- Vous étiez censé prendre un avion et vous partez précipitamment à l'hôpital....je ne veux pas être indiscret....
Le ton de sa voix posé et compatissant remobilise pleinement mon attention : il avait l'air sincèrement concerné par ce qui m'arrivait.
- Je ne sais pas encore...une amie vient d'être admise à l'hôpital...
- Je suis sûr que tout va bien se passer, appuie-t-il avec conviction.
« Tout va bien se passer », sa phrase retentit dans ma tête et j'ai envie de le croire de toutes mes forces, mais une autre phrase se répète inlassablement avec un son de voix faible et déchirant.
« J'ai besoin de toi.... » m'avait-elle soufflé.
Et malgré toute ma volonté de rester positif, l'inquiétude était plus forte que tout.
La voiture tourne brusquement alors que le chauffeur prend la sortie...et quitte l'autoroute bien plus tôt que prévu.- Je sors directement ici, le trafic va s'intensifier si on continue sur l'autoroute et je connais un raccourci par la nationale qui devrait nous amener juste du côté adéquat de Seattle pour gagner l'hôpital, justifie-t-il comme s'il avait lu dans mes pensées.
J'acquiesce de la tête lui faisant complètement confiance et me perdant dans le paysage qui défile à travers la vitre de la voiture.
Mais les réflexions ne cessent pas pour autant.
Le silence règne dans le véhicule en complet contraste avec le bouillonnement qui prend place en moi.
Inquiétude.
Angoisse.
Et cette culpabilité qui grandit....
Le trajet se poursuit ainsi dans une ambiance pesante et déstabilisante où je suis à la fois dans l'instant et ailleurs, anticipant ce qui m'attend une fois arrivé à destination...et redoutant ce que je vais y apprendre.
Une vague bleue capte alors mon attention et je reconnais un panneau de signalisation annonçant l'entrée dans Seattle.
Nous ne sommes plus qu'à quelques minutes de l'hôpital : la tension et une pointe d'appréhension s'intensifient en moi.- Vous allez dans un service particulier, pour que je vous dépose au bon endroit ? Demande subitement le chauffeur de taxi. L'hôpital est grand et vous pourriez perdre du temps...
- Euh, oui, je vais aux urgences...en réanimation...
- Très bien, je vous laisse juste devant l'entrée en question alors...
Je perçois le moteur vrombir un peu plus fort lorsque le chauffeur profite d'une rue dégagée pour prendre de la vitesse et je ne tarde pas à voir les panneaux indiquant l'hôpital se révéler au bord de la route.
Nous roulons ainsi à une allure assez vive jusqu'à apercevoir la silhouette massive et élégante de l'hôpital Seattle Grace, avec sa remarquable coupole en ardoise grise.
Le chauffeur réduit rapidement l'allure en arrivant aux abords du bâtiment et en prenant la direction de la section « Urgences ». Nous croisons des ambulances ainsi qu'un véhicule du Samu...et je réalise un peu plus violemment que je vais pénétrer dans un lieu où se jouent des drames tous les jours...je n'espérais et ne priais en ce moment plus que pour une chose : que l'issue soit différente et moins tragique dans mon cas.
Le véhicule s'arrête subitement : je distingue l'entrée de l'hôpital avec ce mot « Urgences » en rouge qui se détache et me glace un peu plus de l'intérieur.
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Bodyguard
General Fiction« Monsieur Hunt, bonjour. Je suis Richard Webber, manager d'Amelia Shepherd et si je vous appelle c'est qu'on m'a recommandé votre nom comme l'un des meilleurs de votre profession... » Toutes les histoires commencent par quelques mots. Celle-ci débu...