Un bruit de verre cassé bourdonne dans mes oreilles.
J'ouvre les yeux aussitôt : la pénombre m'entoure dorénavant. Les quelques minutes que j'avais décidé de m'octroyer, se sont visiblement transformées en heures.
A l'alerte de ce son inattendu, mes réflexes se mettent en marche : ma main glisse sous mon jean pour trouver le pistolet attaché contre mon mollet.
Je me lève sans un bruit et me dirige vers la cuisine à l'autre bout de la pièce lorsque de nouveaux bruits de verre se font entendre.
Je me positionne sur le côté le long du mur, pour éviter d'être à découvert tout en guettant les sons quelques instants.
Puis je me décale rapidement par l'encadrement ouvert de la cuisine américaine, et pointe mon arme vers la silhouette qui se trouve devant moi, à quelques pas.
Cette silhouette se retourne sous le bruit de mes pas et c'est Amelia qui m'apparaît : les cheveux en bataille, la mine tirée, toujours vêtue de son jean et de son pull de la veille...ses yeux m'interpellent rapidement lorsque j'y reconnais comme un vide avec un voile de douleur au centre de ses pupilles.- Désolé...murmuré-je en baissant mon arme, craignant de l'effrayer.
Mais elle ne réagit pas pendant que je place mon arme dans mon dos en la calant avec mon jean, à ma taille.
Elle baisse le regard et se retourne comme si je n'étais pas là...lorsque je perçois à nouveau des cliquetis de verre.
Je m'approche, intrigué, et la scène qui m'accueille m'affole : un verre est cassé au centre de l'évier...la main gauche d'Amelia est posée contre la paroi de céramique...mais sa main droite est nichée au milieu des débris et je remarque aussitôt un filet d'eau teinté de rouge ruisseler.- Amelia, qu'est-ce que vous avez fait ? Demandé-je avec une voix plus aigue que d'habitude dévoilant mon inquiétude.
- J'ai voulu me servir un verre de lait...mais j'ai cassé ce verre, en voulant le rincer....
- Vous saignez ?
- Oui...et c'est troublant...presque agréable...c'est la première fois depuis des jours que j'ai l'impression d'être vivante, en sentant la vie battre en dehors de moi.
Ses propos sont prononcés de manière mécanique, comme si elle était en dehors du moment, de la scène, une impression dérangeante de détachement de sa part qui me met mal à l'aise.
Je distingue qu'un éclat de verre est logé dans la paume de sa main lorsqu'elle la retourne vers le plafond. Et j'observe stupéfait sa deuxième main appuyer sur l'éclat, augmentant l'écoulement du sang instantanément.- Amelia...
Je m'approche un peu plus et me cale à ses côtés. J'élève ma main avec précaution et la place sur sa main gauche, en relâchant progressivement la pression.
- Non, laissez-moi...je me sens moins vide tout à coup...
- Vous n'avez pas à vous faire du mal pour ça...
- Je suis bonne à rien...même pas capable de rincer un verre...réduite à ressentir de la douleur pour marquer mon existence.
Je détache sa main gauche un peu plus fermement, tout en discernant la force qu'elle tentait de maintenir pour m'en empêcher.
Je retire aussitôt l'éclat de verre au sein de sa paume, et je constate avec un léger effroi le sang s'échapper plus librement.
Je m'empare d'un torchon à portée de main et l'enroule rapidement au creux de sa paume.- Je cours à l'étage récupérer ma trousse de secours....vous attendez ici, sagement, pas de bêtises, ok ?
Elle évite mon regard mais je distingue ses yeux embués par les larmes.
VOUS LISEZ
Bodyguard
General Fiction« Monsieur Hunt, bonjour. Je suis Richard Webber, manager d'Amelia Shepherd et si je vous appelle c'est qu'on m'a recommandé votre nom comme l'un des meilleurs de votre profession... » Toutes les histoires commencent par quelques mots. Celle-ci débu...