Bodyguard

Sous couverture... (1)

Mes pieds dans le sable blanc.
Un bruit de vagues qui murmure à mes oreilles.
Un soleil radieux inonde le paysage...et illumine une silhouette à quelques mètres de moi.
Une silhouette que je pouvais dorénavant dessiner les yeux fermés.
La ligne de ses courbes, les moindres détails de son visage.
Elle tournoie quelques instants, puis s'avance vers la mer, balayant l'eau du bout des pieds.
Mais une seconde silhouette se rapproche bientôt d'elle.
Puis l'enlace par derrière, et je distingue clairement un sourire se dessiner sur ce doux visage que j'ai tant observé.
Je détourne le regard malgré moi, lorsque je perçois le visage de cet homme glisser contre sa joue et y déposer un baiser.

- Ok, coupez !

La voix du réalisateur annonce la fin de la prise et je lâche un soupir comme une délivrance.

- Ma chérie, tu étais.....magnifique...le clip va être superbe...Merci beaucoup!

L'enthousiasme débordant du réalisateur me font sourire alors qu'en relevant les yeux, je croise le regard d'Amelia qui sourit également.

- George, je t'avais dit que tu allais l'adorer...c'est la meilleure !

- Merci, ma April, répond Amelia, en touchant affectueusement l'épaule de son amie.

Cet échange marque la fin d'un tournage...un tournage express en deux jours, complètement repensé en catastrophe.
Richard avait fait des miracles pour tout réorganiser et ainsi brouiller les pistes auprès du détraqué qui menaçait Amelia. Il n'était cependant pas du voyage, certaines obligations avec la maison de disques l'ont retenu sur Seattle.
April avait été en parallèle d'un grand secours pour cette alternative décidée à la dernière minute, notamment parce qu'elle avait trouvé la pièce maîtresse pour ce projet : le réalisateur. Amelia avait en effet décidé d'en changer, profitant du remaniement complet du tournage pour prendre plus de libertés. Le réalisateur avait en plus suggéré rapidement le lieu pour le tournage après avoir intégré qu'Amelia souhaitait un paysage de plage pour cadre....une petite plage à Campeche au Mexique, choisie donc par George O'Malley, jeune réalisateur en devenir auquel Amelia donnait sa chance, sur les conseils d'April.

Le tournage se terminait ainsi après un déroulement sans embûches et sous un soleil éclatant : l'équipe était réduite mais efficace, cinq techniciens en plus du réalisateur, un acteur et April qui jouait également dans le clip, endossant son rôle de « copine » aux côtés d'Amelia, mêlant ainsi fiction et réalité.
Amelia lui avait en effet proposé de jouer ce rôle...en guise de remerciement pour celle qui lui avait permis de trouver un réalisateur...et un lieu pour son clip.
Les deux jours de tournage avaient été ponctués par les scènes entre April et Amelia ainsi que les scènes avec l'acteur : un certain Antonio, jeune homme brun, à la belle gueule...probablement un mannequin en parallèle de sa carrière d'acteur.
Aucune alerte n'était venu ternir le déroulement du clip, le seul élément incontrôlable s'avérait....le réalisateur lui-même. Un vrai artiste dans sa façon d'être : une exubérance frappante, des cheminements de pensée difficiles à suivre.

La voix chantante du réalisateur me recadre justement avec l'instant présent alors que je m'étais approché du petit groupe, quittant ma position d'observateur.

- Avec toutes ces belles images, si on ne fait pas une merveille...je n'ai vraiment aucun talent !

- Épatez-moi George, je compte sur vous ! Je vous fais confiance, ne me décevez pas !