Bodyguard

Plus que des mots (1)

Le souvenir de l'accident s'estompait peu à peu.
Déjà quatre jours depuis cette soirée maudite.
Cette première menace bien trop concrète de ce détraqué...et la désagréable certitude qu'il irait probablement jusqu'au bout....à moins que je ne l'arrête avant.
La trace encore flagrante de cet évènement était l'entorse d'Amelia : son poignet ne s'était pas encore complètement remis du choc et restait particulièrement sensible.
Pour ma part, j'étais épaté de constater que ma blessure n'était déjà plus qu'un mauvais souvenir : les soins et les doigts de fée d'Amelia avaient fait des miracles et j'avais retrouvé mes pleines capacités en seulement deux jours.
Ce qui m'avait permis aujourd'hui de pouvoir faire un peu d'exercice sur la terrasse, à défaut de quitter la maison pour courir (ce que j'évitais de faire dorénavant), je profitais du beau temps de ce mois de mai...j'en finissais ainsi avec ma douche après une petite heure de dépense physique.
J'enfile un jean et un tee-shirt, et me sèche brièvement les cheveux avec une serviette : je me contente de passer une main dans mes cheveux à moitié sec pour les discipliner brièvement lorsqu'une odeur inhabituelle envahit mon nez.
Une odeur de....chocolat.
Je sors rapidement de la salle de bain : cette senteur semble prendre possession de toute la maison.
Je me laisse guider par mon odorat et parviens rapidement aux abords de la cuisine d'où l'odeur semble s'échapper.

Quand je pénètre dans la pièce, une vague chocolatée monopolise instantanément mes sens.
Les images s'ajoutent en parallèle : je découvre Amelia de dos, positionnée devant ses plaques à induction.
Elle fredonne une douce mélodie tout en actionnant une cuillère en bois de sa main gauche.

- Qu'est-ce que vous préparez ?

Son filet de voix s'éteint alors que je prends la parole.
Elle se retourne et sourit aussitôt en me voyant.

- A votre avis ? me demande-t-elle.

- Je dirais quelque chose....de chocolaté, réponds-je avec un léger sourire.

- On ne peut rien vous cacher apparemment !

Elle rit furtivement puis redirige son attention sur sa casserole.
Je me rapproche doucement et remarque les différents éléments nécessaires à sa préparation : un saladier rempli d'une préparation légèrement mousseuse, de couleur jaunâtre qui me fait deviner qu'il s'agit d'un mélange à base d'œufs et de sucre. Un moule à manqué fariné posé à proximité.

Arrivé à quelques pas d'Amelia, l'odeur de chocolat se fait encore un peu plus forte alors que je découvre la casserole remplie du nectar noir, intense...et agréablement parfumé.

- Je ne savais pas que vous attendiez quelqu'un pour dîner ? Ou peut être que c'est pour apporter chez des amis ?

Elle éteint sa table à induction après avoir remué une dernière fois le chocolat fondu.

- Non, ce n'est pas pour un dîner à l'extérieur...

Elle prend la casserole de sa main indemne et s'approche du saladier puis s'arrête tout à coup.
Je perçois comme une gêne alors qu'elle regarde autour d'elle.
Elle reste figée avec la casserole placée au dessus du saladier et je crois deviner ce qui la bloque pour finaliser la recette.

- Je vais vous aider...une deuxième main peut s'avérer utile, non ?

Elle me sourit légèrement et je prends la casserole de sa main.