Ignorance

Chapitre 4 (C)

Je me levais avec difficulté lorsque le réveil retentit dans la pièce. Je détestais cette horrible nuit que je venais de passer. Aucune de mes pupilles n'avait daigné se fermer, je m'étais ressassé en boucle tout ce que j'avais vu. Je ne saurais dire s'il s'agissait de la réalité ou non, et bien que je ne la portais pas dans mon cœur, j'espérais que cela ne le soit pas. Devais-je en parler à mon père ? Oui, il le fallait, mais quand et comment ?

Pourquoi avait-il fallu que je regarde dans ce foutu ordinateur ? Un soupir s'évapora d'entre mes lèvres, puis je finis par prendre des affaires dans mon armoire. Je me dépêchais d'entrer dans la cabine de douche. L'eau fraîche me réveilla un peu, secouant mes muscles qui s'étaient ramollis. Une fois fini, je ne perdis pas une minute de plus et m'habillais rapidement, avant de mettre une touche de mascara et de rejoindre mon père au rez-de-chaussée. Celui-ci m'attendait pour partir travailler.

Le restaurant enfin ouvert, je commençais d'abord par faire le ménage. Nettoyer les tables, les chaises, le comptoir ainsi que le sol. Je me dirigeais ensuite vers les premiers clients afin de les accueillir et de les servirent. Je pris l'initiative de passer un coup de serviette sur les verres en cristal, n'ayant rien d'autre à faire de plus intéressant. Les minutes passaient avec une lenteur exaspérante lorsqu'il n'y avait rien à faire. La sonnette m'annonça l'arrivée d'un nouveau client, c'est pourquoi je m'empressais d'aller le recevoir, mais je regrettais aussitôt mon geste. Mon pire cauchemar venait d'arriver avec ses sbires. Notre très cher chef de gang, monsieur Kwan Lee lui-même.

Mon sourire se vit s'évanouir lamentablement et je priais le ciel qu'il ne me reconnaisse pas. Dieu merci, ce ne fut apparemment pas le cas car celui-ci passa devant moi sans dire bonjour. Rien.

- Mais on dirait bien qu'il s'agit de notre miss grande gueule !

Je reconnus immédiatement le garçon qui avait osé frapper Nath. Ma main me démangeait soudainement, mais après avoir découvert dans quel trafic il se trouvait, je préférais ne pas faire n'importe quoi et ignorer sa remarque.

- Bonjour et bienvenu au Chicken'Fire ! Je disais un poil hypocrite.

Il m'offrit un rire sincère avant de finalement passer devant moi et de suivre ses petits copains. Je réalisais seulement maintenant que j'allais devoir prendre leurs commandes et mon angoisse refit désagréablement surface. Automatiquement, je réajustais mon pull correctement pour cacher ma blessure. Je cherchais mon calepin sur le comptoir sans me précipiter, mais le temps était d'un seul coup bien trop rapide. J'arrivais face à eux, le regard le plus neutre qui m'était possible de faire.

- Que souhaitez-vous commander ?

- J'hésite les gars. Pourquoi pas une petite gâterie chérie ?

Toujours le même, il était lourd celui-là. En plus de ça, il n'y avait rien d'original dans cette réponse que j'avais déjà eu la chance de recevoir. Sauf qu'habituellement il s'agissait de gros lourd dans la quarantaine, alcoolique et en manque de dressage d'engin. J'allais répondre quand mon sauveur s'interposa.

- On n'offre pas ce genre de chose malheureusement, autres choses ? Répliqua mon père.

Je profitais de sa venue pour m'éclipser discrètement et me réfugier derrière la caisse. Mon père s'en alla en cuisine juste après avoir passé commande. Le crétin qui me tapait sur les nerfs s'amusait avec une boule de papier, physiquement il n'était pas si désagréable à regarder. Des yeux Hazel, des cheveux bruns et un joli teint halé. Mais il n'en restait pas moins insupportable. Leur table ne se trouvait pas très loin de l'endroit où je me cachais, ce qui me permettait d'entendre leur conversation qui commençait grandement à devenir intéressante.