Chapitre 5 (C)

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Un sifflement désagréable me réveilla, et ce fut avec difficulté que j'ouvris mes paupières. Je me découvris accrochée à mon lit, les mains liées entre-elles. Je tentais durement de me relever, mais sans succès. Ma tête me faisait un mal de chien, tandis que j'assimilais mon manque de liberté. J'étais prisonnière. Hannah se tenait devant moi, l'air plus que ravi de pouvoir m'observer dans cette posture. Elle caressait malicieusement Key qui ne comprenait pas la situation. Sa mini-jupe, remplie de fleurs, remontait assez vulgairement. Je pouvais presque voir la ficelle de son string, ce qui me fit grimacer.

- On a fait un bon dodo ? Disait-elle, comme si elle parlait à un enfant.

- Détache-moi ! Qu'est-ce qui te prend de faire ça ?

- Ce qui me prend ? Elle rigola. Tu sais ma petite Romy, je n'aime pas tellement qu'on fouille dans mes affaires et il se trouve que tu t'es permis de le faire.

Serait-elle l'une de ces sorcières que l'on découvrait dans ces bouquins fantastiques ? Comment pouvait-elle être au courant ? Parce que visiblement, elle ne pouvait parler que d'une seule chose, de moi, dans la chambre en train de fouiner dans son ordinateur. Et comme si elle avait lu dans mes pensées, elle me répondit.

- Il y a une caméra dans notre chambre, mais rassure-toi, c'est la seule pièce de la maison qui en possède.

- Mais tu es complètement malade ! Je m'écriais. Et papa, il le sait ?

- En parlant de savoir, tu sais quelque chose qui doit rester entre-nous. Il ne faut pas que ton père l'apprenne.

- Qu'il apprenne quoi ? Que tu es le sous-chef du gang d'Alvares, ou bien que tu es sa cousine ?

- Et bien les deux. C'est pour ça qu'on va faire un deal, toi et moi.

On pouvait discerner une certaine malice dans ses yeux, ce qu'elle comptait me dire n'allait pas me plaire. Je le savais et j'avais l'affreuse impression que je n'allais pas avoir d'autres choix que d'accepter. Elle continuait de caresser Key, tout en faisant comme si je ne souffrais absolument pas avec toutes ces cordes autour de mes poignets. Puis elle planta ses affreuses pupilles dans les miennes.

- C'est simple. Tu fermes ta jolie petite bouche fruitée où c'est avec joie, que je me ferais un magnifique manteau avec la fourrure de ton chien. Elle me menaça tout en agrippant violemment Key par la nuque, ce qui le fit couiner. À moins que tu ne préfères voir Nathanaël perdre ses gentils petits parents dans un tragique accident de voiture ?

Je lui hurlais férocement de lâcher mon chien, puis acceptais ensuite cet accord malgré moi. Je détestais vraiment cette vieille folle et le fait qu'elle possédait le contrôle comme ça. Elle me détacha et automatiquement, je massais mes poignets avec l'aide de mes mains. Lorsqu'elle se décida finalement à partir, je pris Key dans mes bras et lui offris une rafale de baisers qu'il me rendit aussitôt.

L'heure affichait désormais minuit. Je m'étais assoupi durant tout ce temps et pourtant, la fatigue persistait amèrement. En plus de cela, je ne savais même pas si mon père était rentré. J'imagine que non, sinon, il aurait été témoin de tout ça car celui-ci venait toujours me voir quand il rentrait à la maison. Je finis par me rendormir après avoir lutté difficilement, contre mes pensées, pendant une bonne et longue heure.

Le lendemain midi arriva plus vite que prévue. Je mangeais dans un Fast-food au côté de Nath. Aujourd'hui, il ne travaillait pas, c'est pourquoi nous en profitions donc pour passer un peu de temps ensemble. Sa joie de vivre était contagieuse. J'avais beau détenir un lot incommensurable de problèmes ces derniers-jours, avec lui, je me sentais heureuse. Je pouvais faire tout et n'importe quoi pour cette petite bouille. Je ne laisserais jamais personne s'en prendre à lui, pas même Hannah.

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