Chapitre 19 (C)

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- WARNING : Ce chapitre contient un passage un peu violent. -



Il m'avait dit qu'on allait s'amuser, mais je savais bien qu'en réalité, il serait le seul à en avoir l'occasion. J'étais enfermée dans ce sous-sol répugnant depuis un long moment maintenant, peut-être toute la journée depuis notre départ de la gare. Je n'avais rien mangé aujourd'hui, cet enfoiré m'avait attaché les mains et les pieds à des chaînes qui étaient reliées au mur. Mais pour rendre cela plus amusant, selon lui, il avait posé un plateau de nourritures qui me semblait vraiment délicieux, là où je ne pouvais pas l'attraper, juste sous mon nez.

Mon ventre criait famine, mais je ne savais déjà plus combien de fois il l'avait fait depuis le début de mon emprisonnement. Je pensais qu'il ne s'amuserait qu'ainsi, Alvares, en me laissant crever de faim et en m'attachant comme une damnée. Cependant, il n'y avait pas que ça, pour couronner le tout, j'étais filmée. Une caméra se tenait en face de moi, sur un trépied, et je pouvais mettre ma main à couper qu'on m'observait en ce moment même.

Le plus désespérant, ce fut l'arrivée des rats, ces petites bestioles en profitaient pour manger mon plat et me narguer au passage. Bien que je me trouvais dans une situation décourageante, j'étais très calme. Peut-être que mon manque d'énergie en était la cause ? Ou bien, tout ça m'épuisait tellement que finalement, je n'en avais plus rien à faire d'être ici ou à Bora bora.

Je soufflais, vaincue, et profitais de ce je-m'en-foutisme pour observer de plus près l'endroit où je logeais. La pièce n'avait simplement rien de rassurant, il faisait sombre, mais je pouvais tout de même apercevoir certaines choses. La crasse sur les murs et leur humidité, pareilles pour le sol. La moisissure dans les coins, les insectes qui se multipliaient, puis pour finir, les fuites du plafond qui créaient d'énormes taches.

Il faisait nuit à présent, ma respiration me manquait. Il n'y avait que très peu d'air ici, et cela m'angoissait à cause de ma claustrophobie. J'essayais tant bien que mal de penser à autre chose, à m'occuper l'esprit. J'imaginais le visage de mes amis, Nath et Mina. Car, oui, malgré tous ces désaccords, Nath restait mon ami. Mais rien ne m'aidait.

Je posais ma tête en arrière ne pouvant plus la retenir, mes muscles me délaissaient, mes membres se ramollissaient et refusaient désormais de faire le moindre mouvement. J'abandonnais petit à petit, et grâce au ciel, ma fatigue m'aidait à garder le peu de souffle qu'il me restait et à oublier ce manque d'oxygène.

Une petite fenêtre se trouvait juste au-dessus de ma tête, je pouvais donc voir un fragment du ciel. La pleine lune m'observait et m'autorisait à la voir, elle aurait pu se trouver n'importe où, mais je la voyais-là, entre le bois de ce petit carré. Cela me faisait étrangement du bien. Elle me donnait l'impression de garder un œil sur moi, depuis petite j'étais fascinée par cet astre, par l'énigme qu'il représentait et la lumière qu'il dégageait dans le noir. Ce fut de cette manière, que je réussis à m'endormir, en le regardant purement comme un nourrisson observerait sa mère.

Le bruit d'une porte grossièrement ouverte me fit sursauter et me réveilla. Un homme entra dans la pièce en souriant et le spectacle qu'il m'offrait était déroutant. Ses dents jaunes arboraient des restes de nourritures, comme s'il ne les brossait jamais. Il présentait une calvitie évidente qui le vieillissait, et présentait une cicatrice sur le crâne qui le rendait encore plus horrifiant.

Il s'approcha de moi et je détestais cette idée. Cependant, contre toute attente, il libéra mes mains de cette lourde chaîne et posa un nouveau plateau de nourriture devant moi. Par la suite, il s'en alla sans oublier de me lancer un regard dégoûtant. Lorsque je fus enfin seule, je voulus pendant un instant sauter dessus, mais je m'arrêtais avant de le faire.. Et si Alvares avait mis du poison dedans ? On ne savait jamais, il l'avait lui-même dit qu'il voulait s'amuser.

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