Chapitre 20 (C)

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L'homme au masque sortit de la pièce non sans claquer la porte. Décidément, il agissait d'une manière assez suspecte, mais mon état m'empêchait d'y penser plus que ça. Je faisais de mon mieux pour rester consciente et éveillée. Alvares s'approcha de la machine, et prit un malin plaisir à la frôler du bout de ses doigts, comme s'il s'agissait d'un trésor précieux et fragile. Il le fit tout en me détaillant lentement de la tête au pied.

J'étais prise de vertige très irritant dû aux litres de sang que je perdais. Je m'entendais respirer comme un porc, et je me battais contre cette douleur insoutenable, mais c'était comme essayer de déplacer un mur.. C'était clairement impossible.

- Tu vois ce petit bijou ? Il s'agit de l'un de mes préférés. Elle envoie des.. petits coups de jus.

Puis il partit à nouveau dans un fou rire lugubre, tandis que pour ma part, je l'insultais intérieurement de tous les noms. Je le vis tourner un bouton où il y avait écrit juste à côté Volt. Tout mon être se mit à trembler, à s'affoler, je refusais d'accepter de vivre un sort aussi cruel. Je continuais d'espérer que l'on vienne à mon secours comme le ferait Superman ou bien Batman. Mais ce n'était pas comme ça que cela se passait, nous étions loin d'être dans un film. Non, je le vivais réellement. C'était la réalité.

Je gigotais dans tous les sens, essayant ridiculement de me défaire, mais il n'y avait rien que je pouvais faire. C'était peine perdue. Mon cœur se brisait peu à peu face à la défaite, mon déni se mettait en route et me délaissait en compagnie de mon acceptation. C'était une sensation frustrante de réaliser, de se résigner à accepter un destin aussi funeste. Le laisser faire joujou avec moi sans ne rien pouvoir y faire, cela touchait tellement à ma fierté. Je le détestais !

- Alors, Romy, tu es toujours décidé à ne rien me dire ? Où est-elle ?!

Qu'est-ce qu'il ne comprenait pas dans le fait que je ne savais ni de quoi il me parlait, ni d'où cette fichue chose se trouvait ? Ce n'était pourtant pas compliqué, même un sourd comprendrait ! Voyant que je ne répondais pas et que je ne comptais pas le faire, il actionna le fameux bouton.

Mon corps se tendit d'une façon comme il ne l'avait jamais fait. Je sentis l'électricité circuler dedans, passer partout où il pouvait le faire. Et pour la première fois, je retenais mes cris qui ne demandaient qu'à se déraciner de ma bouche. Les veines de mon cou menaçaient d'exploser d'une minute à l'autre tant elles étaient gonflés. Puis tout s'arrêta brusquement. Je soufflais de suite de soulagement, étant à bout.

Ma salive était pâteuse, j'entendais sa question faire écho. Il s'agissait toujours de la même. Mon corps refusait de faire un mouvement de plus, j'étais comme un bateau qui naufrageait, en train de couler progressivement, de disparaître. Un nouvel homme entra dans la pièce et bien que je souffrais le martyre, je réussis à le reconnaître. Je fus surprise de le voir ici, cette enflure avait bien caché son jeu.

Ricky, l'homme que j'avais rencontré au bar. L'expression de son visage était totalement différente, cette malice et cette mesquinerie que j'y discernais me répugnaient. Ça semblait l'exciter de me voir dans cet état, car il me contemplait tout en se mordant les lèvres. Les membres de ce gang étaient définitivement tous cinglés, Kwan et les autres semblaient normaux à côté d'eux.

- Tiens, Ricky, tu es enfin là ! S'exclama Alvares. Tu as loupé le début, c'est dommage.

Il prit une chaise et s'installa face à moi sans même donner de réponse.

- Alors ? Alvares m'interrogea.

- S'il vous plaît.. Je disais à bout de force, le visage face au sol.

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