Chapitre 9 (C)

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La tête dans les nuages, ce fut seulement lorsque j'entendis les hurlements de mon client en mon égard, que je me rendis compte que le café que je préparais débordait. Je nettoyais sans attendre les dégâts, puis je l'offris à l'homme en guise d'excuse. Ce foutu papier mauve ne voulait pas sortir de mon crâne, et je peinais à comprendre ce qu'il se passait. Quelqu'un s'amusait à rentrer chez moi, puis à me laisser des mots. Est-ce qu'il me suivait également ? Peut-être se trouvait-il ici.. À quelque part, en train de m'observer.

Mon corps se mit à bouger automatiquement, me faisant faire le tour du restaurant. Cependant, je ne remarquais rien d'étrange, du moins, personne qui me semblait suspect. Qu'avais-je pu bien faire au bon Dieu pour qu'un taré se mette à me harceler ? Je devais patienter. Il allait sûrement arrêter lorsqu'il comprendrait qu'il ne m'intéressait pas et que je m'en fichais de lui, non ? Était-ce trop demander de vouloir une vie paisible et normale ?

Je n'en pouvais plus de toutes ses questions que je me posais sans cesse depuis que j'étais revenue ici. Les problèmes s'entassaient vivement et dès lors que l'un d'eux se trouvait être résolu, un autre arrivait.

Une ombre me cachait du soleil, me laissant deviner qu'un client venait d'arriver. C'est avec une certaine lassitude que je l'accueillais sans vraiment le regarder. Quand ce fut le cas, et que je découvris de qui il s'agissait, mon visage exprima un étonnement presque amusant.

- Je suis venu te rendre tes tupperwares, joli cœur. Conor me lança avec un sourire doux que je ne lui connaissais pas.

- Euh.. Merci ? Je répondais hésitante.

- Je sais que je te l'ai déjà dit, mais c'était vraiment délicieux. Tu voudrais pas être ma cuisinière attitrée ? C'est sexy en plus.

Et voilà, c'était trop beau pour être vrai. Il me tapait à nouveau sur le système. Cependant, je ne pus tout de même pas me retenir de rire. Je lui offris un petit coup amical sur son épaule gauche avec le tuppe. Il me souriait de toutes ses dents, et même si je ne l'aimais pas vraiment, je le trouvais adorable comme ça.

- Merci de me les avoir ramenés, mais la prochaine fois ça serait bien que tu n'embarques pas ma bouffe.

Il pouffa de rire et s'en alla telle une diva, tout en me faisant un signe de la main. Je rangeais les tupperwares dans mon sac et continuais de servir les clients qui venaient du côté du bar. Je me rendis ensuite près d'une table où deux filles attendaient leurs commandes. Une fois positionné devant elle, je commençais à poser le tout. Durant ce temps, elles continuèrent leur conversation que j'entendais malgré moi. Ça parlait de garçons, de maquillages, encore de garçons et toujours de maquillages. Elles ne connaissent sûrement rien d'autres, les pauvres.

- T'sais pas qui j'me suis tapé hier soir ! La première brunette commençait.

- Hum qui ça ? Dit-moi tout ! Roucoulait sensuellement la deuxième.

- Kwan Lee.. Et t'sais pas à quel point j'regrette pas du tout ! Elle gloussa ridiculement. C'est le meilleur coup d'ma vie !

Mes yeux s'ouvrirent en grand et un verre m'échappa des mains involontairement. Je m'excusais immédiatement auprès d'elles et ramassais les bouts de verres tout en me dirigeant vers la poubelle. Très peu pour moi, d'entendre ses ébats sexuels.

Ce fut ainsi toute la journée parce que, oui, j'étais resté. Ce n'est pas comme si j'avais d'autres choses à faire. Entendre les clients se plaindre de ceci et de cela, ça en devenait lassant. Ils paraissaient tous sur les nerfs, mis à part moi, qui pouvait parfaitement l'être avec toutes les merdes qui m'arrivait. Je terminais de laver le comptoir, puis pris mes affaires afin de pouvoir rentrer chez moi. Mon père, lui, il resta encore un peu pour nettoyer la cuisine. Du moins, c'est ce que j'avais cru comprendre.

IgnoranceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant