Chapitre 10 (C)

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Un Kwan blessé rentra férocement dans la salle de bain et il lâcha aussitôt un juron en m'apercevant. Puis, sans attendre, il me poussa afin de pouvoir attraper la boîte de secours qui se trouvait dans les placards. Quant à moi, je restais-là sans bouger à le regarder complètement ébahie, ne comprenant pas ce qu'il se passait. Il retira son tee-shirt d'une brutalité exaspérante, et malgré moi mes yeux se perdirent instantanément sur les traits de ses muscles délicieusement bien dessinés. Son dos considérable ainsi que son bras droit grouillèrent de sangs. Les blessures laissaient penser qu'il s'agissait de coupures. Il s'énervait de se voir galérer à soigner ses blessures, rien n'allait comme il voulait. Je le voyais bien.

- Argh ! Qu'est-ce tu fou encore-là toi ? Dégage ! Il criait furieusement, rempli de sueur.

Je pris un moment pour l'observer, son ton et sa phrase auraient pu m'irriter ou me vexer. Cependant et étrangement, cela ne me fit rien. Je fis abstraction et décidais d'ignorer la brutalité de ces simples mots. Puis je me dirigeais aussi vite que je le pus vers la boîte de secours où je pris de quoi le soigner. Je gardais la bouche fermée, le regard concentré. Peu importait son caractère de cochon, peu importait sa haine envers moi actuellement. Je faisais comme bon me semblait.

Quant à notre chef, il me regardait curieusement et comprenant mes intentions, il vérifiait également que je fasse bien les choses. Son visage se crispait alors que je nettoyais désormais ses plaies, toutefois il ne disait rien. Il avait beau souffrir, il ne le montrait pas tant que ça. Je devinais et imaginais chez lui une fierté monstrueuse qui, à quelque part, me faisait bien rire. Celui-ci restait plus grand que moi, même en étant assis. Ce qui me rendait nerveuse de temps en temps, lorsqu'il se retournait pour m'observer fixement.

Il ne disait rien, son aura parlait d'elle seule.

Lorsque j'eus enfin fini de mettre les derniers pansements et derniers bandages, il s'habilla et se leva silencieusement. Je me tournais afin de récupérer mon verre que j'avais laissé à côté du lavabo. Kwan n'avait plus besoin de moi et c'était mieux pour ma pomme de quitter la pièce avant que celui-ci ne change à nouveau d'humeur. Je rejoignais la porte prête à partir, mais monsieur prit l'initiative de refermer celle-ci sous mon nez. Je me retrouvais donc coincé comme une idiote entre elle et lui.

- Merci. Il déclara simplement, et pourtant, cela me fit plaisir.

- Pas de quoi.

- Tu as bu ?

Il sembla soudainement humer l'air tandis que ses yeux restaient accrochés aux miens. Je devais sûrement puer l'alcool parce que sinon il ne m'aurait pas posé cette question. Gênée, je me retournais prête à m'enfuir. Cependant, au moment même où je mis ma main sur la poignée, il posa la sienne sur la mienne pour m'en dissuader. Kwan n'avait visiblement pas terminé et ça l'énervait que je puisse prendre l'initiative de me défiler telle une fuyarde.

Un frisson infernal s'invita sur la totalité de mon corps au contact de sa puissante main. C'est ainsi que je retirais la mienne avec une rapidité irritante. Je n'avais malheureusement pas vraiment l'habitude des contacts avec les hommes, mis à part Nath et mon père. Puis quand il s'agissait d'un homme aussi séduisant et attractif, cela faisait toujours de l'effet et pas le genre que je quémandais d'avoir actuellement. Je demeurais toujours dos à lui, telle une pauvre petite chose sans défense et celui-ci en profita. Il s'avançait de plus en plus vers moi avec une insolence écrasante, ce qui m'obligeait à avancer jusqu'à ce que je ne puisse plus aller bien loin.

Je sentis son torse s'abandonner contre mon dos tandis que son souffle titillait malicieusement l'épiderme de ma nuque. Je déglutissais maladroitement, et mon esprit fulminait. Comment devais-je réagir dans ce type de situations ? Je ne savais pas à quoi il jouait, mais cela ne me plaisait pas. Tout ça me semblait bizarrement beaucoup trop.. Dangereux. Comme si l'on s'amusait aux bordures de la limite imposée entre nous. Il me pressa la hanche du côté droit avec l'aide de sa main libre d'une façon désagréablement douloureuse, puis sa bouche se rapprocha dangereusement de mon oreille gauche.

IgnoranceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant