heureux.

chapitre 7 • faut qu'je tienne

N O L E Ï A

- Enlève de suite tes mains ou je te promets que tu ne pourras plus jamais te faire du bien.

- Allez chérie, fais pas la timide, si tu t'habilles aussi légèrement c'est que t'as bien envie de quelque chose...

- Ce n'est pas parce que mon t-shirt dévoile ma peau que je veux que tu la touches, connard.

Mais il ne semble pas l'entendre de cette oreille. Bordel, c'est si compliqué à comprendre qu'une fille qui porte une jupe ne veut pas nécessairement qu'un couillon vienne glisser sa main dessous ? Je suis habillée d'un skinny et d'un top légèrement transparent, ça fait de moi une fille dont on peut profiter ?

J'en ai plus que marre de ces hôtels miteux. Deux semaines que je dors dans ces endroits pourris, et que mon porte-feuille se vide à vue-d'œil. Deux semaines que je cherche un taf. Deux semaines que je répète à Moh que j'arrive à garder la tête en dehors de l'eau, alors que des milliers de poissons passent sous mes yeux.

Car oui, je suis restée en contact avec lui, et avec tout le crew. Je les considère comme mes amis et je sais que c'est réciproque. Je fais partie de la miff, maintenant. Si ça c'est pas beau.

Ken et Moh sont ceux dont je suis le plus proche, puisque je passe approximativement une journée sur 2 chez eux. Mais je passe également énormément de temps avec Doums. C'est avec lui que je me bourre la gueule en soirée - en étant tout de même plus raisonnable qu'avant. À La Réunion, je buvais tout le temps au point d'en oublier l'intégralité de la fête. Mais maintenant que je suis à Paris, j'ai décidé de changer cela. J'ai envie d'avoir des souvenirs de mes soirées, ce serait trop dommage d'oublier les fous rire - très nombreux - que j'ai pu avoir avec le crew. Résultat, la seule fête dont je ne me souviens que partiellement est celle où j'ai rencontré les rappeurs.

- Je m'appelle Christian. Histoire que tu saches quel prénom gémir, me ramène à la réalité mon voisin de chambre, qui m'a précédemment plaqué contre un mur. Et son problème, à Christian, c'est que quand on lui dit "non", il entend "oui".

Je le repousse brutalement et crie, les larmes aux yeux, le cœur au bord des lèvres :
- Putain de ta mère, touche moi encore une fois et je porte plainte !

Pas de mensonge entre nous, il m'arrive de coucher avec des gens que je connais à peine en boîte - traitez-moi de salope et de ce que vous voulez. Mais merde, ce Christian, il me dégoûte et je ne veux pas sentir ne serait-ce que ses yeux sur moi. Premier problème, j'ai un peu trop erré dans les rues de Paris sans même m'en rendre compte ; l'heure qu'affiche l'horloge n'indique pas que quelqu'un va interrompre cet échange. Second problème, Christian a un cerveau inexistant et un corps très bien bâti.

- Vous, les filles, vous êtes toutes les mêmes. Vous nous allumez comme les chiennes que vous êtes puis vous jouez au chiot effaré. Vous vous donnez des airs de tigresse, et quand on vous répond, vous vous mettez à miauler.

Alerte : Christian serait-il en fait zoophile ?

- Tu veux qu'on fasse le champs lexical de la faune ? Parce que toi, tu me fais vraiment penser au rat-taupe nu. Tu sais, l'animal élu le plus laid du monde ?

- Le seul truc que je connais de nu, ce sera toi dans moins d'une minute.

Christian s'approche à nouveau de moi, et des sueurs froides me saisissent quand je prends conscience de la situation. Quand je prends conscience qu'il n'en a rien à faire, de mon refus.