chapitre 19 • galatée

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N O L E Ï A

- Un lapin ! Il m'a posé un lapin ! je continue d'hurler à mon nouveau téléphone me reliant à ma meilleure amie.

- Quel connard, acquiesce-t-elle justement.

Elle sait que quand je suis énervée, il faut m'encourager dans mes propos.

- Tu l'as dit ! Je connais le message par cœur à force de le lire : "rdv au sushi en face de chez-nous mardi à 20h15". Et tu sais quoi ? Il est 20h52, j'y suis, pas lui ! Et bordel, je me les caille ! Le pire, c'est que j'ose pas rentrer à l'appartement vu qu'on habite ensemble. T'imagine si, quand j'ouvre la porte, il m'attend sagement sur le canapé avant de me lancer un "tiens, t'es là toi ! J'avais pas envie de sushis finalement. Il reste une part de pizza veggie, t'en veux ?" je balance sans m'arrêter.

- Il mériterait que tu lui coupes les couilles.

- Et que je les brûle, j'ajoute. Je suis Noleïa Turpin, putain ! Personne ne me laisse en plan, c'est moi qui le fait !

Je fais des grands gestes au milieu de la rue en continuant de m'égosiller. Les passants me regardent mal, mais honnêtement, je m'en fous. Ken m'a donne un rendez-vous et il n'est même pas capable de se pointer. Heureusement que ma meilleure amie est là pour l'insulter avec moi depuis La Réunion.

- Jeune fille, vous devriez vous calmer, vous faites peur à mon enfant, m'ordonne alors une quarantenaire qui passe en désignant son gosse de 10 ans - qui a l'air plus amusé qu'apeuré.

- Tu traces ta route si je fais tant flipper que ça, baka (=idiot.e) !

La dame me jette un regard dédaigneux, agrippe le poignet de son gamin et part en murmurant "connasse".

- Dis pas ça, tu vas faire peur à ton gosse ! je lui conseille ironiquement avant qu'elle ne disparaisse dans une autre rue. Parisiens de merde, je reprends une fois que j'ai recollé mon téléphone à mon oreille. Sérieux, le soleil et la bonne humeur de La Réunion me manque.

Je souffle et lève les yeux au ciel, dont l'éclat des étoiles est atténué par la lumière des lampadaires.

- Non, Noleïa, dis pas ça par contre, résonne à mon oreille la voix de Katleen. Tu sais pourquoi t'as quitté ton pays, je t'interdis de le regretter. C'est la décision la plus courageuse que t'aies prise, et même si j'ai plus ta sale tronche en face de moi et que tu me manques un peu..., je suis heureuse que t'aies réussi à partir.

Je m'assois sur le trottoir en face du restaurant. Je fais vraiment pitié à attendre quelqu'un qui ne viendra pas, putain.

- Je sais, j'ai juste le mal du pays. Et ta laideur me manque aussi un peu.

J'entends son rire résonner.

- Ma mère a essayé de me joindre, au fait.

Ma meilleure amie s'arrête de suite de glousser.

- Sérieux ? T'as fait quoi ?

- J'ai refusé ses quatre appels.

- Noleïa...! elle commence à gronder.

heureux.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant