chapitre 12 • mal aimé

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K E N

- Noleïa ? j'appelle la réunionnaise en la secouant, attendant qu'elle daigne se réveiller. Lorsque nous sommes rentrés de l'hôpital hier soir, elle est directement allée se coucher, elle était épuisée.

La concernée cligne des yeux avant de les ouvrir complètement, l'expression confuse. Même avec cet air paumé, elle est belle. Elle finit par murmurer, endormie :

- Ken ?

- Excuse-moi de te réveiller gamine, c'est pour te prévenir que je ne serai pas là pendant une semaine, je dois décaler à Lyon pour un featuring à la dernière minute. Mais Sneaz il va souvent aller au studio je crois, tu pourras le suivre, y aura certains gars.

Elle se frotte les yeux avec son poing fermé et sourit doucement.

- Bon courage alors kusojiji, mais pourquoi tu ne m'as pas juste envoyé un message au lieu de me réveiller ?

C'est au tour de mes lèvres de s'étirer, mais d'un sourire gêné. Parce que j'ai honte de ma réponse, mais que je refuse de mentir.

- J'préférais te dire au-revoir de vive-voix.

Noleïa ne répond pas de suite, alors je lui tourne le dos et sors de sa chambre. Mais elle se lève d'un bond de son lit et s'écrie pour me retenir :
- Attends Kenouille !

J'me retourne, elle est à quelques centimètres seulement de moi. Je repense à mes lèvres sur sa peau, et je devine à son regard brûlant qu'elle aussi. Puis elle avoue :

- T'as bien fait de me réveiller, ça me fait aussi plaisir de pouvoir te dire au-revoir. Même si t'es moche.

Elle se met sur la pointe des pieds et embrasse ma fossette, un air enfantin craquant sur le visage.

- Allez vas-t-en maintenant, le devoir t'appelle !

- Fermez vos gueules les tourtereaux, j'essaye de dormir ! s'écrie alors Moh depuis sa chambre.

- L'handicapé il va arrêter de se plaindre ou je vais lui casser sa deuxième jambe, nous défend Noleïa.

Je ris et prends ma valise.

- J'vous laisse régler ça, moi je dois y aller, j'informe la réunionnaise.

Elle acquiesce en me faisant un dernier signe de la main, avant de foncer vers la chambre de Moh qui crie en la voyant arriver.

***

Je sors de la gare et hèle le premier taxi qui passe, voulant retrouver au plus vite ma miff. Je suis déjà de retour sur Paname, que j'ai quitté l'espace de 7 jours. Malgré son temps pluvieux, je suis heureux de retrouver ma ville. Une fois assis, je sors mon téléphone et envoie un message à Mohamed après avoir poliment salué le conducteur - qui ne me reconnaît pas, contrairement aux adolescents qui crient sur le trottoir.

À : Mohzart
« gros je suis enfin à Paris, vous êtes bien au studio ? »

Il me répond dans la minute qui suit.

De : Mohzart
« effectivement on y est mais on veut pas de toi, on est sé-po sans ta sale tête dans les parages »

Mais quel chien. Il veut jouer à ça ? D'accord. De toute façon, nous savons tous les deux que nous ne pensons pas un mot de nos piques amicales.

heureux.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant