chapitre 24 • réalité augmentée

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K E N

- Tu fais chier, Samaras.

- Clairement, tu nous les brises.

Je baisse la tête d'un air boudeur sans regarder Moh et Mékra dans les yeux. J'ai passé l'âge de me faire sermonner, sérieux. Surtout pour quelque chose comme ça. Mais uniquement Doums, le seul à prendre ma défense, a l'air de s'en rendre compte.

- Foutez-lui la paix, les gars.

- Merci.

Framal, comme à son habitude, observe la scène en l'agrémentant de quelques onomatopées comme "ouuuuh" et "palalaaaaa".

- Nan mais il a abusé wesh.

2zer acquiesce les paroles du kabyle derrière la baie vitrée, tout en continuant sa discussion au téléphone avec sa femme. Cette dernière lui fait assez confiance pour le laisser partir au Mexique avec nous, mais pas assez pour ne pas l'appeler tout les soirs.

- Pourquoi tu l'as pas baisé ? me reproche agressivement Mékra.

Surpris, je redresse la tête. Je n'avais pas compris que c'était pour ça que je me faisais passer un savon depuis un bon quart d'heure. Effectivement, Moh s'étonne :

- Quoi ? Mais attends, j'crois qu'on l'engueule pas pour la même chose.

À ces mots, Framal porte les mains à sa tête et dit à voix basse "rétoulnement dé sitouación!" dans un accent espagnol hilarant. Je me retiens de rire, difficilement, pour ne pas aggraver mon cas.

- Ah bon ? Tu l'engueules pour quoi, toi, alors ? demande Mékra au maghrébin.

- Parce qu'il a voulu pécho une mexicaine aussi laide que bête. Alors que, rappelons-le, une réunionnaise aussi belle qu'intelligente l'attend à Paris.

- C'est toi qui disait que notre rela...

Je n'ai pas le temps de prononcer "tion était vouée à l'échec", Mékra me coupe :

- Ah, effectivement on n'est pas raccords. Au contraire, moi je l'engueulais parce qu'il n'avait pas baisé cette mexicaine dont tu parles, ce qui lui aurait permis de ne plus penser à la réunionnaise dont tu parles.

- Pourquoi tu voulais ça, t'es con ou quoi ?

- Il est trop dans la lune, c'est épuisant wAllah. Il écoute tellement rien qu'il a répondu "oui" quand je lui ai proposé une côte de bœuf hier. Moi j'en peux plus, il faut qu'il se sorte Noleïa de la tête, c'est nocif wesh.

Première fois que le nom de Noleïa est prononcé depuis le début du sermon. Il me fait l'effet d'un coup de poing.

Framal lâche un "pouloulouu" en tournant autour de moi. Je me décide enfin à réagir :

- Ça ne vous regarde pas, les mecs. Tout d'abord, Moh, pourquoi tu m'interdis de rencontrer d'autres meufs alors que tu étais le premier à être contre ma pseudo-relation avec Noleïa ? À ce que je sache, je ne lui dois rien, nous ne sommes pas en couple. Si j'ai envie de soulever tout le Mexique, je le fais. (Je ne laisse pas Moh se justifier et enchaîne :) Mékra, de quoi je me mêle ? Je sais que je pense beaucoup trop à cette gamine. Mais je n'arrive pas à faire autrement, ok ? Et je sais que m'envoyer en l'air avec d'autres meufs n'arrangerait rien. Tu sais pourquoi ?

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