Chapitre 1

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6 mois plus tard

Comme tout les jours de la semaine, mon réveil sonne à 6h pile. C'est en râlant que je me lève de mon lit telle une zombie. Je n'ai jamais été matinale, mais me lever pour le lycée est un calvaire monstrueux.
J'enfile rapidement mes collants troués, ma robe noire, ajuste mon décolleté, replace mon piercing et applique mon rouge à lèvres mat.
Une fois cette routine accomplie, je constate, aujourd'hui encore, à quel point mon allure a changé depuis plusieurs mois. L'espace de quelques secondes, je revois cette fille dans mes yeux.
Celle à l'apparence d'une petite fille sage et timide. Mais maintenant, on peut plutôt qualifier mon style de provocant et osé.
Je ne suis pas sûre que ma mère apprécierait ce changement d'apparence mais, de toute façon, elle n'est plus là pour le voir.
Mes yeux glissent sur la photo de nous accroché au miroir de la salle de bain. Sa maladie l'a emporté il y a trois mois à peine.
Au début, ça a été dur de vivre sans elle, sans ses conseils et sa gentillesse. Et puis, qui n'a pas besoin de sa mère à 17 ans ? Parfois, elle me manque encore tellement. Mais me retrouver seule m'a endurcie.
Finalement, tout a du bon. Maintenant, on ne me marche plus sur les pieds.
Je secoue la tête pour chasser ces pensées et les larmes qui vont forcément suivre.
Je ne dois plus penser à elle, ni à lui, si je veux me sortir de ce cercle infernal. Cette phrase, je me la répète comme un mantra. Pour me rappeler d'avancer.

En réalisant mon retard, je cours me laver les dents et crêper légèrement mes cheveux rouges avant de me précipiter dehors pour attraper mon bus.
Sur la route, la musique dans les oreilles, j'aperçois mon ami Carter qui se rend au même lycée que moi.
On est jeudi et Carter fait toujours le trajet du jeudi matin avec moi. C'est un de mes plus proches amis même s'il ne fait pas partie de ma "bande". On est resté en contact depuis notre rencontre, en première année. Mais, cette fois, lorsqu'il s'assoit à mes côté, je remarque son air triste. Et Carter n'est jamais triste.
– Tout va bien ? Je lui demande
– Hum, oui, très bien.
– T'en est sûr ? Tu n'as pas l'air en forme.
– Et alors ? Qu'est-ce que ça peut te faire ?
– Bah, tu es mon ami et...
– Non, me coupe-t-il. Je t'interdis de continuer. Si j'étais vraiment ton ami, tu ne cracherais pas sur mon dos devant tes nouveaux potes "super cool", s'énerve-t-il, en mimant les guillemets avec ses mains.
– Quoi ? Mais de quoi tu parles ?
Il lève les yeux au ciel.
– Fais pas semblant. Je suis le seul à qui tu n'as pas tourné le dos après la seconde, mais au final, c'était juste dans ton intérêt. Antoine avait raison. Je me demande comment j'ai pu ne pas le voir avant.
Il marque une pause, me lance un regard noir et continue :
– Tu es devenue méchante avec tout le monde et je ne suis malheureusement pas l'exception.
Sa tirade me laisse bouche bée. Je le fixe quelques secondes sans rien dire, les yeux ébahis. Honnêtement, je ne sais pas de quoi il parle. Promis, juré.
Mais, je ne cherche pas à savoir. Ces accusations à tout-va, ces derniers mois, j'en ai ma claque. Alors son ton et ses grandes paroles vides de sens me mettent hors de moi.
Alors, je fais ce pourquoi je suis devenu douée : mordre avant d'être mordue.
– Je n'ai sincèrement aucune idée de ce que tu racontes, mais tu sais quoi ? Reste loin de moi si ça te fait plaisir et retourne à ta misérable vie de campagnard pourri gâté ! Je ne veux plus te voir !
Je me tourne vers la fenêtre pour qu'il ne remarque pas les larmes qui me montent aux yeux et attends qu'il s'en aille, mais il ne bouge pas.
– Casse-toi je t'ai dit ! Je hurle.
Tout les regards se tournent vers nous, alors je fixe de nouveaux la fenêtre, le visage complètement calme.
Je mets mes écouteurs sans un mot lorsque je l'entends enfin se lever et partir.
Pendant tout le reste du trajet, je me repasse cette conversation en boucle, mais impossible de comprendre de quoi Carter m'accusait.
Tant pis pour lui, je me répète. Tant pis pour lui, comme pour tout ceux qui ont décidé de m'abandonner.

Reviens moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant