Chapitre 27

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Lou

1 an plus tôt...

Je reste quelques secondes allongée sous Tewis, avant de me précipiter dans le salon. Mon cœur bat à cent à l'heure, tellement j'ai peur qu'il soit arrivé quelque chose à ma mère. Quand j'entre dans la cuisine, elle est pétrifiée, un plat brisé à ses pieds.
Je me rue vers elle et la secoue par les épaules.
– Maman ! Maman ? T'es blessée ?
Elle semble revenir à elle et murmure, une main sur le cœur :
– Oh mon dieu non, j'ai juste eu une frayeur.
Je lâche un soupir et l'embrasse sur la joue. Je m'assure quand même qu'elle n'a rien et quand j'en suis sûre, je me retourne vers Tewis. Il est toujours torse nu et ses cheveux sont ébouriffés. J'ai envie de courir dans ses bras, mais je me retiens.
Et puis, son regard bloqué sur mes pieds me perturbe. Je m'apprête à regarder dans la même direction quand il plonge ses yeux dans les miens.
– Euh, par contre, toi, tu t'es planté un bout du plat dans le pied.
Je baisse le regard et, merde ! Il a raison. J'étais tellement inquiète pour ma mère que je ne m'en suis même pas aperçu. Mais maintenant qu'il me l'a fait remarquer, c'est vrai que ça fait légèrement mal...
– Euh...c'est rien, je murmure.
Tew s'approche quand même de moi, un air inquiet sur le visage. Il me porte, m'assois sur le bar et envoie ma mère chercher du désinfectant. Il examine mon pied avec attention, et il est tellement mignon que je pouffe de rire.
– Quoi ?
Il fronce les sourcils, sans comprendre ce qui m'arrive.
– Rien, rien. Mais c'est pas si grave, tu sais.
– Ouais bah s'il était plus enfoncé, ça aurait pu, il marmonne en se renfrognant.
Je ne réponds rien et ma mère arrive avec le nécessaire pour me soigner. Tewis lui arrache pratiquement le tout des mains pour s'en occuper, toujours avec grande attention.
Une fois qu'il a fini, j'enroule mes jambes autours de lui, et il me porte jusqu'à ma chambre.
Je pourrai rester des heures comme ça, ses bras puissants autours de moi, respirant l'odeur de son cou. Mais malheureusement, il me pose sur le lit, et s'allonge doucement à côté de moi. Il laisse sa main se promener sur mon ventre, et je noue mes doigts aux siens.
– Parle moi de toi, je demande.
– Pourquoi ?
Je me tourne vers lui et réponds :
– Parce que j'en sais pas beaucoup sur toi. Pas assez, en tout cas.
Il rit.
– Et bah déjà, tu sais que je suis légèrement accro à la drogue. Et à la colère.
Je lève les yeux au ciel.
– Bah, tu vois, ça m'intéresserait plus de savoir le pourquoi.
Il se redresse sur un coude, son visage près du mien.
– Parce que ça me fait me sentir en vie. Et ça me fait oublier que mon père est un connard, et que ma mère s'en contrefout.
À ses paroles, sa mâchoire se contracte, et sa main se serre autour de la mienne.
Je prends une grande inspiration, et me lance :
– Pourquoi tu détestes ton père ?
Il lâche soudainement ma main, et se rallonge sur le dos. Je comprends très bien que je n'aurai pas de réponse, mais je veux en savoir plus.
Je m'assois en tailleur, et détaille son visage. Lui refuse de me regarder, mais tant pis.
– Très bien. Une autre question. Il y a des choses toutes simples que je ne sais pas sur toi. Par exemple...je me tape la lèvre du doigt, si t'as des frères et sœurs ?
Il ferme les yeux, et quand il les rouvre, j'y lis un mélange de colère et de tristesse.
– Bordel, tu me fatigues avec tes questions. Je vais pisser.
Et sur ces mots, il sort de la chambre. Je pousse un profond soupir.
Qu'est-ce qu'il a, cette fois ? Même une simple question innocente le met en colère. C'est à ne plus rien y comprendre.
Au moment où je sors pour aller aider ma mère à la cuisine, Tewis sort des toilettes brusquement, et on se retrouve nez à nez dans le couloir. J'arrête de respirer pendant une seconde, mais lui n'a pas l'air de s'en soucier. Un sourire moqueur naît au coin de ses lèvres, et je suis sur le point de le repousser quand ma mère m'appelle. Je soupire de soulagement, et m'éclipse sans un mot.
– Ma chérie, tu m'aides à mettre la table ?
Je hoche la tête. J'installe les assiettes quand Tew réapparaît dans le salon.
– Dites, ça vous dérange si je vais fumer ?
Il s'adresse directement à ma mère, alors je lui lance simplement un regard réprobateur. Mais elle rit doucement.
– Je t'ai déjà dit de me tutoyer. Je ne suis pas si vieille que ça. Et oui, tu peux fumer à la fenêtre du salon. Il y a un mini balcon.
Mini, c'est le cas de le dire.
Tewis me lance un clin d'œil, avant d'aller s'installer à la fenêtre. Je continue de mettre la table en silence, et ma mère glisse doucement à mon oreille :
– Dis-moi, ton copain, il fume quoi ?
Je me fige d'effroi.
Déjà, parce que ça me fait trop bizarre d'entendre le mot "copain" dans sa bouche. Ensuite, parce que je ne sais pas si je dois lui dire la vérité ou non. Je glisse un œil vers Tew, mais il est tranquillement adossé à la fenêtre, et ne remarque pas ma panique.
– Euh...
Je déglutis, et ma mère m'attrape les mains.
– Et ne t'avises pas de me mentir, ajoute-t-elle de son air sévère.
Je fais la moue, mais finis par lui avouer :
– Ça lui arrive de fumer de la drogue.
Son regard se durcit.
– Et j'espère que toi, tu ne prends pas de ça.
– Non, maman. T'inquiète pas.
Elle regarde Tewis, et je sens qu'un combat se joue en elle. Elle ne sait pas quelle attitude adopter, alors je la rassure avec un mensonge :
– T'inquiète, il est en train d'arrêter.
Ça me déplaît autant qu'elle qu'il fume mais c'est un combat pour un autre jour. Il est bien trop tôt pour que j'aborde le sujet avec lui.
Tewis finit par rentrer, et on se met à table en silence. C'est ma mère qui brise ce moment gênant :
– Alors, vous allez faire quoi, cette après-midi ?
Un éclair de malice passe dans les yeux de Tewis.
– Je me disais qu'on pourrait aller à la patinoire, lance-t-il avec assurance.
Je manque de m'étouffer, et ma mère réplique :
– Super idée.
– Quoi ? N'importe quoi, je tiens pas debout avec des trucs dans les pieds. Et puis, mon pied commence à me faire mal, finalement.
En réponse, Tew me pince le bras.
– Ne mens pas. Il me lance un clin d'œil. Et t'inquiète, je t'apprendrais.
Et puis, à mon oreille :
– Et, ça te donnera une occasion de te coller à moi.
Je rougis, baisse la tête, et murmure entre mes dents :
– Très bien.
Il claque dans ses mains, satisfait, et enfourne une bouchée de viande.
– C'est délicieux.
Ma mère lui sourit, et je plonge dans mes pensées.
Je m'habitue trop vite à la présence de Tewis. Tout est trop naturel, trop beau, pour que ce soit vrai.
Mais, en se levant, Tew dépose un baiser sur ma joue et je me dis que si, c'est bien réel. Et je compte bien profiter de chaque secondes qu'il nous sera accordé.
Je lui souris en retour, et on débarrasse avant de retourner dans ma chambre. J'enfile un vieux jean et un t-shirt, pendant que Tewis est aux toilettes, avant de partir à la patinoire.

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