Chapitre 8

60 10 0
                                    

Lou

Aujourd'hui...

– Lou ! Tout va bien ? Crie Antoine depuis le couloir.
Je l'entends à peine, encore sous le choc. Je recule lentement et me détache de Tewis en clignant précipitamment des yeux.
J'y crois pas.
Ses yeux surpris me parcourent de haut en bas.
– Tu as...les cheveux rouges, murmure ce dernier.
C'est tout ce qu'il trouve à dire, ce con. Je le fusille des yeux.
– Faut croire que oui, je lâche sèchement, enfin sorti de mon état de transe.
– Je...
C'est à ce moment qu'Antoine apparaît dans le champ de vision de Tewis.
Je me retourne et l'observe, les cheveux en bataille, son jean descendant sur ses hanches, et un air apaisé sur le visage. Il est évident qu'il sort du lit.
Mon lit en l'occurrence.
– C'est qui, lui ? Demande Tewis, les yeux ronds.
– C'est...
Je panique, je ne sais même pas qui il est en réalité, mais ce dernier semble remarquer mon trouble.
– Son copain, Antoine, il tend la main à Tewis, et tu es...?
– Tewis, son...ex.
Ils se serrent la main froidement et Tewis fronce les sourcils.
Puis Antoine reviens près de moi, m'enlaçant d'un bras.
C'est seulement maintenant que je remarque les légers tatouages qui le parcourt. Ils sont magnifiques. C'est vraiment trop bandant.
Tewis aussi en a un.
– Lou ?
Sa voix est différente, moins sûre, plus rauque peut-être. Je reviens à la réalité et plonge mes yeux dans les siens, en ordonnant à mon cœur de se calmer.
Il n'a plus le droit d'avoir cet effet sur moi, merde.
– Oui, Tewis ?
– Je peux te parler ? Il coule un regard lourd de sens vers Antoine. En privé ?
– Non.
Le choc se lit dans son regard, mais je n'en ai rien à faire.
– Écoute, je sais pas ce que tu fous là, mais j'ai aucune envie de te parler. Alors barres-toi.
Il ne bouge pas, la bouche entrouverte, les yeux ronds.
– Elle t'a dit de dégager mec, lance Antoine, sèchement.
Tewis me regarde, et son air triste m'atteint plus que je ne l'avouerais jamais. Puis, dans un soupir, il tourne les talons et claque la porte derrière lui.
– Wouah.
Je me tourne vers Antoine, reconnaissante.
– Merci, mec, tu m'as sauvé la vie, là.
– Pas de problème.
Il marque une pause.
– L'ex, hein ?
Je souffle et hausse les épaules.
– Faut croire.
Il sourit tendrement sans me répondre, puis il part tranquillement chercher ses affaires, me fait signe de garder son t-shirt, en enfile en autre et annonce enfin :
– Faut que j'y aille.
– Oh oui, bien sûr. Merci pour euh...tout ça.
Je fais un geste de la main et il hoche la tête.
– Avec plaisir.
Il me sourit, et ses fossettes apparaissent.
De magnifiques fossettes.
Il se penche pour déposer un léger baiser sur mes lèvres, puis ouvre la porte et s'en va sans plus de mots.
Je reste pétrifiée quelques instants, perturbée par son comportement, puis me reprend et cours à sa suite.
– Antoine ! Attends !
L'ascenseur s'ouvre devant lui. Il se retourne et me questionne des yeux, un pied entre les portes métalliques afin de retenir l'ascenseur.
– On peut se revoir ?
Il sourit diaboliquement.
– Bien sûr. Tu as mon numéro.
Sur ces paroles, il entre dans la cabine et disparaît.

*

Le lendemain, tout me paraît irréel. Comme si cet inconnu n'était jamais venu.
Comme si Tewis n'étais pas apparût devant ma porte. Comme si...oh mon Dieu ! Il m'a embrassé !
Je passe délicatement mes doigts sur mes lèvres, savourant l'espace d'une seconde cette sensation si familière.
Stop.
Tout ça, c'est plus moi.
Je ne suis plus amoureuse de lui.
Et je n'aime en aucun cas la sensation de ses magni...repoussantes lèvres.
Loin de là.
Il faut que je me secoue. Et que je me pointe en cours.
Je saute sur mes pieds, avale une barre de céréale et file sous la douche.
J'attrape mon téléphone en sortant, et remarque des appels manqués de Tewis. Je supprime les messages sans même les écouter. Je n'ai pas été assez claire hier ?
C'est avec de la musique à fond dans les oreilles et toute guillerette, Tewis déjà loin de mes pensées, que je me dirige vers la sortie.

Reviens moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant