Chapitre 4

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Lou

1 an plus tôt...

Deux jours sont passés depuis que j'ai déjeuné avec Antoine et son ami.
Je suis restée mal à l'aise par la présence de ce dernier et son évidente assurance. C'est le genre à être totalement à l'aise partout, mais qui prend un malin plaisir à embarrasser les autres. Ce que je déteste vraiment. Ça lui donne un air imbus de sa personne.
Enfin. Ça ne m'a pas empêché d'accepter l'invitation d'Antoine pour prendre un café après les cours. Contrairement à celle de son meilleur ami, sa compagnie m'est agréable.
Mais sur le chemin, je regrette d'avoir accepté et prie pour que Tewis ne soit pas là cette après-midi. Je ne supporte pas ce genre de badboy qui se croit irrésistible. Je préfère les garder loin de moi.
Et ne pas risquer d'être un de leur trophées.

Je marque un temps d'arrêt quand j'arrive enfin devant l'adresse du point de rendez-vous.
D'extérieur le café paraît...hum, délabré ? Abandonné ?
Enfin, il n'inspire pas confiance.
Il me faut quelques secondes avant de me décider à pousser la porte. Et quand j'entre je suis...surprise, vraiment et agréablement surprise.
Des tables basses et des canapés sont installés un peu partout dans la pièce. Des guirlandes colorées parcourent les murs en pierre. En dessous de celles-ci des photos en noir et blanc sont suspendues. Des bougies sont allumées un peu partout. La douce musique en fond accentue le côté chill de la salle. Et, derrière le bar, le barman exécute des figures assez incroyables avec son shaker.
Cet endroit n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais. C'est même exactement le type de café que je fréquente.
En continuant de parcourir des yeux la salle, je trouve Antoine attablé...avec Tewis à ses côtés.
Génial.
Ce dernier n'a d'ailleurs pas l'air plus ravi que moi, affalé sur son canapé.
Heureusement, ils me tournent le dos, et ne voient pas ma mine déconfite.
Je m'approche doucement d'eux et surprends la fin de leur conversation.
– ... vraiment obligé Antoine ? C'est un endroit pour les nazes, ici.
– Arrête, c'est hyper sympa. Et je suis sûr que c'est tout à fait le genre de café que Lou aime.
– Justement c'est son genre d'endroit. Pas le mien. Pas le nôtre. T'es pas obligé de faire tout ça pour une fille, tu sais.
J'en ai assez entendu. Il faut que je manifeste ma présence avant qu'il n'en dise plus. J'inspire un grand coup et souris.
– Hey !
Hey ? Sérieusement Lou ?
Ils se retournent vers moi, Antoine souriant gentiment et Tewis grimaçant.
– Et bah, ça fait des plombs qu'on t'attend. J'espère au moins que ce café te plaît, lance-t-il.
Je l'ignore, lui et son ton sarcastique.
– Salut Lou ! Tu vas bien ?
Antoine me sourit et se décale.
– Viens, assieds-toi.
Je m'assieds à ses côtés et la discussion se fait naturellement. J'essaie de rester stoïque, mais il est si difficile d'ignorer les regards insistants de Tewis.
– Lou, tu m'écoutes ?
Je me rends compte à cette remarque que je suis en train de fixer Tewis à mon tour, perdue dans mes pensées.
Et lui, il me regarde, un sourire fier collé aux lèvres et un sourcil haussé.
Je détourne les yeux au plus vite et réponds à Antoine :
– Oui, oui, excuse-moi, continue.
– Donc je pense que tout le monde devrait s'y mettre.
Je ne sais pas de quoi il parle, mais je hoche la tête.
– Oui, bien sûr, je lui réponds, avec un sourire chaleureux.
Il hoche la tête pour affirmer son propos et se lève pour aller aux toilettes. Je me force à ne pas paniquer à l'idée d'être seule avec Tewis. Je me retiens même de le supplier de ne pas partir. Je le fixe seulement du regard pendant qu'il s'éloigne, pour ne pas regarder quelqu'un d'autre.
Après quelques secondes à fixer la porte, je me retourne finalement vers son ami. Ce n'est pas la peine que je sois aussi malpolie que lui.
Lorsque nos regards se croisent, il entrouvre la bouche et s'apprête à dire quelque chose, mais il est soudain interrompu par un garçon qui s'approche de notre table.
Le nouvel arrivant ignore complètement Tewis et se trouve vers moi avec son plus beau sourire :
– Salut, je m'appelle Jean-Pierre, et...
À ce moment, Tewis pouffe de rire. Je me sens affreusement gênée pour le mec en face de moi et fais la moue.
Je suppose que monsieur l'irrésistible ne va pas s'excuser, alors je le fais pour lui :
– Excuse le, il...il est... lui.
Je lui adresse un piètre sourire, qu'il me rend.
– Il n'y a pas de mal. Je voulais juste savoir si tu aimerais qu'on se voit tout les deux un de ces quatre ?
Wow. Il est assez direct lui. Je cligne des yeux un instant, cherchant quoi lui répondre, mais Tewis me devance.
– Non, ça ne lui dit pas. Elle est avec moi, si tu ne l'avais pas remarqué, alors je te conseille de dégager vite fait avant que je me lève.
Son ton est sec. Ses yeux durs. Sa mâchoire serrée.
Je ne comprends pas sa réaction mais je souffle silencieusement en priant pour qu'il n'exécute pas sa menace.
J'adresse à Jean Pierre un sourire d'excuse, et il disparaît sans attendre.
– Pourquoi est-ce que tu....
Ma question meure à l'arrivée d'Antoine.
Je le regarde en souriant et fais comme s'il ne s'était rien passé. Je ne sais même pas pourquoi. Mais je veux garder ça pour moi. Et Tewis n'ouvre pas la bouche non plus, son regard dur toujours fixé derrière moi.

Reviens moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant