Lou
Aujourd'hui, à l'hôpital...
10 jours, ça fait 10 putain de jours que je suis réveillée.
Je n'ai jamais vu autant de monde que ces derniers temps mais, bordel, je me fais chier comme jamais.
La plupart du temps, mes potes sont en cours, alors je suis toute seule dans ma chambre mortellement blanche. Et je n'ai rien d'autre à faire que fixer ces murs.
Enfin si, j'ai quelques séances de psy pour "me remettre du choc " mais, franchement, cette merde ne sert à rien. J'ai une heure de kiné par jour, aussi. Pour la rééducation.
Mais le reste du temps, je ne suis qu'une vieille loque qui a encore du mal à marcher, confinée dans son lit.
Et ce temps je le passe à penser à... roulement de tambour...
Tewis! Et oui, gagné.
Il n'a pas quitté mon esprit depuis mon réveil. J'essaie de penser à lui en mal le plus possible. Même si, secrètement, j'espère qu'il revienne me voir.
Ce qu'il n'a jamais fait. J'ai dû le vexer pour de bon, ce con.
Je souffle.
Je suis aussi étonnée qu'Antoine et Tessa ne soient pas venue. Ça avait pourtant l'air d'être LE moment pour tenter de se rabibocher avec moi.
Et eux, ils le font souvent. Mais pas là. Peut-être qu'ils ne sont pas au courant, après tout.
– Voilà votre repas !Je sursaute et me tourne vers l'infirmière qui me tend mon plateau, tout sourire. Je ne l'avais pas entendu arriver.
– Merci, Alice.
Alice, c'est la seule infirmière que j'aime bien. Elle est jeune et rafraîchissante. Toujours de bons conseils, et surtout, elle ne me juge pas, elle. Puis, toutes les autres ont un air froid et coincée du cul. Ça m'énerve.
– Attend, je me redresse.
Je grimace en m'appuyant sur mes coudes pour soulever ma tête. Elle me fait encore un mal de chien. Mais je réussis tant bien que mal à m'asseoir sur mon lit et à prendre mon plateau.
– Alors, on a quoi comme merde, aujourd'hui ?
Alice rit à ma question et me répond, une main sur mon épaule :
– Tu t'y feras, à cette merde comme tu dis, t'inquiète pas.
Je ris pendant qu'elle se détourne, et part.
Elle me fait un dernier signe de la main et ferme la porte.
Elle va me manquer quand je vais sortir d'ici.Ma journée se déroule comme toutes les autres.
Après manger, je vais au kiné et on fait le même bordel que d'habitude.
Sauf que cette fois, il me dit que je vais bientôt être prête à sortir. Je saute presque de joie quand il m'annonce ça, et me retiens de l'enlacer. Selon lui, dans 3 ou 4 jours, je peux rentrer chez moi. Et c'est putain de cool. Il ne me reste plus qu'à convaincre la psy.
J'ai justement rendez-vous avec elle demain. Ça ne devrait pas être trop compliqué de faire semblant d'être saine d'esprit pendant une heure. Comme ça, je pourrai mettre mes talents d'actrice à l'épreuve.
Je réfléchis donc à mon plan, et me perd dans mes pensées. Je pouffe encore toute seule en me remémorant la soirée où Paul s'est fait virer par les infirmières.C'est vrai que, malgré tout, être à l'hôpital m'offre des moments privilégiés avec mes amis. Du temps qu'on aurait certainement passé à se défoncer au lieu de parler si j'avais été dehors.
C'est donc avec un immense sourire que j'accueille mon meilleur ami.
– Salut !
– Salut, ma malade préférée. Qu'est-ce qui te met de si bonne humeur ?
– J'ai croisé l'infirmière Talia dans le couloir.
– Et l'avoir vu te rend heureuse...? J'ai loupé un épisode ?
– Oui. Enfin non, mais le voir m'a fait penser à la fois elle t'as viré. Qu'est-ce qu'on avait ri !
Et voilà que je suis à nouveau morte de rire. Paul me regarde avec un drôle d'air, mais sourit aussi à ce souvenir.
– Et toi ça va ? Je lance une fois calmée.
– Oui très bien.
Il s'affale dans le fauteuil.
– On a refait une soirée, mais c'était pas pareil sans toi.
– Et comment vont les autres ?
– Bien. C'est bientôt l'anniversaire des jumeaux, alors, tu sais comment ils sont.
– Roh putain. Ça va être le même bordel qu'à noël ?
Ils en avaient fait tout un cirque. Fallait absolument faire plusieurs soirées, un repas, et s'offrir des cadeaux. On en a entendu parler pendant des semaines. Pour au final s'organiser au dernier moment. Les seuls à ne pas s'être emballés, c'est Paul et moi. Moi, parce que je ne voulais pas fêter noël sans ma mère et Paul parce que, selon lui, il a toujours détesté les fêtes de famille.
Mais, finalement, on a passé de super moments tous ensemble.
Comme ce mois est passé vite, c'est incroyable. Et puis janvier, je l'aurais pas vu passé, entre mon coma et mon hospitalisation. On est déjà en février...
– Lou, tu m'écoutes ?
– Oh, non, désolée. J'étais perdue dans mes pensée.
– T'inquiète. À quoi tu pensais ?
– Je me disais qu'on est déjà en février. C'est fou ce que le temps passe vite.
Paul s'approche de moi et me dis en m'ébouriffant les cheveux :
– Notre petite Lou serait-elle nostalgique ?
– Ahahah, très drôle.
Il se renfonce dans son siège et reprend un air sérieux.
– Nan, mais c'est vrai que t'as raison. Ça fait plus d'un mois que t'es là. C'est long.
– Ouais. Beaucoup trop même. En plus, j'ai beaucoup trop envie d'un joint là.
Soudain, une idée me vient. Après tout, ce n'est pas infaisable...
J'échange un regard complice avec Paul, et je sais qu'il a eu la même idée que moi.
– Est ce que tu penses à ce que je pense ? Je demande quand même.
Il saute sur ses pieds et me répond :
– Je fais ton sac.
Bien.
Je vais enfin partir d'ici.
Avec l'accord des médecins, ou non.
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Reviens moi
RomanceLou, 16 ans, a une façon bien à elle de tourner la page sur son passé. Et elle est persuadée d'avoir la bonne méthode. Mais a-t-elle vraiment oublié son amour ? C'est ce qu'elle va découvrir quand son passé va refaire surface. Ceci est peut-être un...