Tewis
Aujourd'hui...
Je m'en veux encore pour mon comportement avec Lou, hier. C'est vrai que j'ai abusé avec ma jalousie. Après tout, c'est plus ma meuf. Même si je ne veux pas l'accepter.
Je croyais m'être calmé avec les crises de jalousies. Mais, en fait, il suffit que je sois près d'elle pour que tous mes efforts tombent à l'eau. J'avais oublié à quel point j'avais du mal à me contrôler quand il s'agit d'elle. Je sais qu'elle est en colère, et que j'ai dépassé les bornes, comme toujours, mais, avant, j'avais juste à m'excuser et c'était réglé. Maintenant, je ne sais plus quoi faire.
Tout est tellement plus compliqué depuis que je suis rentré.
Je louche sur la cons que j'ai laissé sur mon bureau l'autre jour. J'ai tellement envie de me rouler un joint. Mais, je suis clean maintenant, et je ne veux pas repasser par tout ce que j'ai dû endurer l'année dernière. Surtout si Lou n'est plus à mes côtés.
Bordel, il faut que je fasse quelque chose ou je vais péter un câble.
Je sors de ma chambre et m'assois sur le canapé à côté de ma mère.
– Quand est-ce que tu vas vendre la maison ? Je lui demande.
Ma question semble la troubler. Elle détache ses yeux de son émission et les plongent dans les miens. J'ai hérité de ses yeux émeraude et de ses cheveux bouclés, et, heureusement, parce que je n'aurai pas supporté de ressembler à l'autre connard. Je souffle en pensant à lui et me concentre sur ma mère.
– Je...ce n'est pas prévu, répond-t-elle, pourquoi ?
– Bah je sais pas, tu penses pas que y'a eu trop de merde ici ? Que tous nos souvenirs sont pourris par le connard ?
– Reste polis ! C'est ton père.
Je déteste quand elle le défend. Comment s'est possible ? Comment, après tout ce qu'il s'est passé, elle peut continuer à l'aimer ?
Je ris le plus faussement du monde.
– Ouais. Un père qui a tué ma sœur et qui t'as trompé. Désolé, mais il n'est plus mon père depuis le jour où Lili n'est pas rentrée.
Mes paroles la blessent, je le vois bien. Mais il faut bien qu'elle accepte la vérité et qu'elle y fasse face. Je sais qu'elle n'aime pas quand j'évoque ma sœur, mais j'en ai marre qu'elle soit un sujet tabou. Elle fait partie de la famille, tout autant que nous. Non ?
– Maman.
Elle refuse de me regarder, et même d'ouvrir les yeux. Elle se recroqueville et j'ai peur d'être aller trop loin, cette fois encore.
– Maman, regarde-moi.
Elle ouvre finalement les yeux, et ils sont remplis de larmes. C'est la femme que j'aime le plus au monde, mais elle doit prendre conscience.
– Maman, pourquoi tu veux pas admettre la vérité ?
– C'était un accident, Tewis, un putain accident !
Elle tremble et j'aimerais la réconforter, mais je suis trop énervé.
Un accident ? Mais quelle blague.
Katie souffle et pose sa tête entre ses mains, posé sur la table basse.
– Pourquoi est-ce que tu dois toujours être si dur, si compliqué...marmonne-t-elle.
– Peut-être parce que mon géniteur est un enfoiré de première qui s'est jamais occupé de nous, à tel point que ma sœur en est morte et qu'il t'a détruite.
Elle souffle et je me lève.
Je marche à grandes enjambées vers ma chambre, mais je l'entends quand même dire.
– Et si ça avait été cette pauvre Lou, est-ce que tu aurais pu arrêter de l'aimer ?
Lou ? Mon père ? Incomparable. Lou n'est pas aussi mauvaise que mon père. Elle ne l'est pas du tout d'ailleurs. Et elle ne laisserait pas quelque chose comme ça arriver. Même si c'était le cas...non, impossible.
Je rentre dans ma chambre et me jette sur mon lit. Bordel, j'avais dis que je ne m'énervais plus. Et je voulais passer un moment sympa avec ma mère, pour une fois.
Sans trop en avoir conscience, j'envoie un message à Lou :
Katie m'insupporte. On peut se voir ?
Et puis, me rappelant qu'elle doit certainement me maudire à cet instant :
Et je suis désolé pour hier, vraiment. Je sais que j'ai dépassé les bornes. Et que tu ne m'appartiens pas. Tu es libre comme l'air, hein ?
Je repose mon tel et fixe le plafond en attendant qu'elle réponde.
Je me souviens du jour où tout à basculé. Celui où mes parents m'ont annoncé que Lili ne reviendrait jamais. J'avais une dizaine d'années. Et, ce jour-là j'ai vu mon père, charismatique, un peu égoïste mais fondamentalement gentil et apprécié de tout le monde, comme l'homme qu'il était vraiment. Un monstre qu'on avait démasqué. Un monstre emplis de violence et de solitude. Je me rappelle que rien n'a plus été pareil après. La tristesse de ma mère, ma colère et le pathétisme de mon père.
Des larmes ont coulé sur mon visage sans que je m'en aperçoive. Je les essuies d'une main énervée.
T'es qu'une tafiolle, Tewis.
Je grogne et ressors de mon lit. Il est hors de question que je laisse ce psychopathe gâcher une seule autre seconde de ma vie. Il en a déjà fait assez.
Comme toujours lorsque j'ai besoin de me changer les idées, j'appelle Steeve. Il répond dès la deuxième sonnerie.
– Ouais ?
– Tu fais quoi aujourd'hui ?
C'est le brouhaha derrière lui. Je ne sais pas où il est, mais il doit crier dans son téléphone pour que je puisse l'entendre.
– Euh, rien, fin, je suis dans un bar là, je me prépare pour un combat.
– En plein milieu de la journée ?
– Bah ouais, depuis quand ça te choque ?
Il ne me laisse pas le temps de répondre et renchérit :
– Mais tu peux me rejoindre si tu veux. Tu crieras mon nom dans la foule !
Il pousse une sorte de gémissement et explose de rire. Je n'hésite que quelques secondes avant d'accepter pour qu'il arrête de faire ça.
– Donne-moi l'adresse.
Il me l'envoie et deux minutes plus tard, j'ai traversé la maison. Ma mère est toujours sur le canapé.
– J'y vais.
– Où ça ? Dit-elle en relevant la tête.
– Voir Steeve au bar.
– À cette heure ?
– Bahhh, ouais.
Elle souffle bruyamment pendant que j'ouvre la porte. Je glisse un regard vers elle et je vois dans ses yeux qu'elle pense que je suis un cas désespéré.
– Je croyais que c'était finit, tout ça.
Elle à l'air tellement fatiguée, moralement fatiguée.
– J'ai besoin de me détendre, je réponds au lieu de revenir sur ma décision. Je n'y vais pas pour...me saouler.
– Comme toujours...
– Katie...
– Et ne m'appelle pas comme ça ! Dehors !
Elle se précipite vers moi et me pousse sur le perron. Elle claque la porte derrière moi et je me retrouve face à celle-ci, les yeux écarquillés.
Je lève la tête, et il pleut. Forcément, pour aller avec cette journée de merde. Je grogne une dernière fois et monte dans ma voiture. Bordel, c'est pas possible d'être aussi chiante.
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Reviens moi
RomanceLou, 16 ans, a une façon bien à elle de tourner la page sur son passé. Et elle est persuadée d'avoir la bonne méthode. Mais a-t-elle vraiment oublié son amour ? C'est ce qu'elle va découvrir quand son passé va refaire surface. Ceci est peut-être un...