Tewis
À l'hôpital...
Une semaine.
Ça fait une putain de semaine qu'elle est dans le coma. Une semaine qu'elle ne s'est pas réveillée. Qu'elle est là, allongée, sans bouger, et entourée de milliers de machines bipantes.
Toute pâle dans sa chemise d'hôpital, les cheveux étalés sur son oreiller et son visage vide de toute émotions.
Je viens tous les jours.
J'arrive le matin, en espérant qu'elle se réveille, et je repars le soir.
Et je recommence le lendemain.
Je lui parle pratiquement toute la journée, les médecins ont dit que ça aiderait, mais je ne vois aucun changement. Je flippe complètement et je sais qu'à un moment, il va falloir que je retourne en cours.
Et elle sera seule.
Enfin, seule, oui et non.Il y a ses "potes" aussi, qui se relaient et essaient de venir le plus souvent.
La plupart du temps, ils s'assoient à côté du lit sans rien dire et attendent quelques heures avant de repartir sans même un au revoir.
Sauf la meuf, elle, elle parle à Lou avec le même enthousiasme que moi. Bien entendu, elle n'obtient pas plus de réponses.
J'ai bien compris que je n'étais pas le bienvenu, tout ses potes me regardent de travers et ne m'adressent pas un mot, même la fille pourtant plus causante.
Mais je crois qu'ils ne disent rien parce que je suis toujours là alors qu'eux, non.
En tout les cas, je veux pas la laisser seule. Et je flippe qu'elle ne se réveille jamais. J'en fais des cauchemar alors la nuit, c'est à peine si je dors.
Je divague. Beaucoup. Je suis plus moi-même et ça me fout les jetons.
Quand je me regarde dans le miroir, je reconnais pas le mec qui me fait face. Je suis même plus sûr que c'est moi. Parce que plus rien ne va et ça ne m'étonnerait pas que j'ai changé de corps.
C'est n'importe quoi, mec.
Je grogne :
– Ouais, je sais.
Voilà que je me parle à moi-même maintenant. En même temps, à part Lou, qui ne répond pas, je n'ai personne à qui parler. Ses potes font comme si je n'existais pas, Lilou ne répond pas à mes appels, et ma mère s'inquiète déjà assez alors je préfère ne pas l'appeler dans la journée.
Mon téléphone vibre dans mon pantalon. Je le choppe au plus vite et répond sans regarder qui m'appelle.
– Ouais ?
– Tewis ? T'as l'air fatigué.
Je marque une pause et vérifie le nom sur mon téléphone.
– Lilou tu...euh, ça fait un bail.
– Ouais, c'est vrai. Tu vas bien ? J'ai vu que tu cherchais à me joindre.
– Disons que c'est compliqué. Mais tu as l'air en pleine forme, toi, ça va ?
– Oh oui, très bien. Mon meilleur ami me manque, c'est tout.
– Ouais je...j'aimerais qu'on puisse se voir.
– Enfaite...
Elle marque une pause, l'air contente, et continue :
– Tu crois pas si bien dire.
– Quoi ? Je capte pas là.
– Et bien...il se pourrait que...je sois sur Paris !
Elle débite la fin de sa phrase à toute vitesse et je marque une pause, le temps d'ingérer son information. Silence qu'elle interprète mal.
– Ça ne te fait pas plaisir ?
– Oh si bien sûr ! Désolé, c'est le temps que ça me monte au cerveau.
Je ris. Bizarrement.
– Du coup je me suis dit qu'on pourrait se voir ? Que tu me fasses visiter la ville.
Wouah. Elle passe de je ne veux plus te parler à tu me feras visiter la ville en une seconde. Pas que ça me dérange, mais c'est perturbant.
Et...je ne peux pas partir.
– Et bien, enfaite...
– Non c'est pas une question, tu viens !
– Je ne peux pas j'ai...
– Je me fiche de ton excuse. Rendez-vous devant la tour Eiffel, c'est le seul endroit que je connais.
Et elle raccroche. J'y crois pas, elle me raccroche au nez. Et puis, je ne peux pas laissez Lou !
Enfin, je ne vais pas non plus laisser Lilou toute seule dans Paris.
Merde.
Après tout...Lou est surveillée ici. En plus, Paul arrive dans...
Je regarde ma montre : 16 h 30.
30 minutes, c'est raisonnable.
Seulement 30 minutes et, de toute façon, je serais revenu dans une heure. C'est sûr.
J'attrape mon sac, ma veste, dépose un baiser sur le front de Lou et sort de l'hôpital.
Après tout, changer d'air ne me fera pas de mal.*
Putain de circulation.
Ça fait déjà une heure que je suis parti. Je devrai déjà être de retour auprès de Lou, mais, à la place je suis dans cette putain de voiture, dans un putain de bouchon, près de cette putain de tour Eiffel ! Et en plus, je n'arrive pas à joindre Lilou.
Si seulement je pouvais l'avoir, on pourrait s'organiser pour se rejoindre à l'hôpital.
Je n'aurais jamais dû partir de toute façon. C'était une mauvaise idée dès le départ. Je n'aurais pas dû laisser Lilou me convaincre.
Bon.
Réfléchis, Tewis, réfléchis.
Je suis en pleine réflexion quand mon téléphone sonne. Je me jette dessus pour ne pas louper l'appel et décroche.
– T'étais pas sérieux quand tu disais que tu pouvais pas venir ?
– Si. Mais je me suis arrangé. Sauf que maintenant, je suis coincé dans les bouchons.
– Merde.
– Ouais et...faut que je retourne à l'hôpital.
– À l'hôpital ? Pourquoi ?
– Je t'expliquerai.
– Ok...du coup je fais quoi ?
– Écoute-moi bien, je vais t'expliquer comment faire pour me rejoindre.
– Vas-y.
Je lui explique en détail comment traverser Paris, raccroche, et fais demi-tour le plus vite possible.30 minutes passent encore, et je suis enfin arrivé. Je suis parti trop longtemps. Et si elle s'était réveillée pendant mon absence ? Si lui était arrivé quelque chose ? Je ne perds pas plus de temps à m'inquiéter et saute de la voiture pour me précipiter à l'entrée.
Lilou est déjà là et m'attend.
– Tewis ! Tu vas bien ?
Ses yeux sont empreints d'inquiétude. Pourquoi elle...
– Pourquoi t'as besoin d'aller à l'hôpital ?
Ah...c'est pour ça qu'elle s'inquiète.
– Oh non ! Ce n'est pas pour moi. C'est Lou. Elle est dans le coma.
– Oh mon dieu ! Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Ses sourcils se lèvent, tandis que mes épaules s'abaissent.
– Elle est tombée pendant une soirée et...
Je lève les yeux vers elle.
– J'ai tellement peur, Lilou. Tout ça, c'est de ma faute. Elle n'aurait jamais rencontré ces gens ni été à cette fête, sans moi.
– Oh, Tewis, ne t'en veux pas. Tu as fait ce que tu as fait, mais elle a choisi de vivre comme ça, elle a décidé d'aller à cette soirée.
– Mais, si j'avais été là plus tôt...
Son regard se fait dur.
– Non ! Tu n'y étais pas et c'est comme ça. Tu n'es pas responsable de son destin ! Arrête de t'en vouloir et va la voir.
– Tu as raison...tu viens avec moi ?
– Tu veux vraiment que je vienne ?
– Je peux comprendre que ce soit bizarre pour toi mais ouais, si ça te dérange pas trop. J'ai besoin de toi sur ce coup.
– Oh, mais bien sûr ! Elle m'embrasse sur la joue. Je serais toujours là pour toi, tu le sais bien.
Je lui souris doucement.
– Merci.
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Reviens moi
RomanceLou, 16 ans, a une façon bien à elle de tourner la page sur son passé. Et elle est persuadée d'avoir la bonne méthode. Mais a-t-elle vraiment oublié son amour ? C'est ce qu'elle va découvrir quand son passé va refaire surface. Ceci est peut-être un...