chapitre 19

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Lou

Aujourd'hui, au lycée...

– Lou ! Pourriez-vous être avec nous cinq minutes ?
Je sursaute et relève la tête. Ma prof d'anglais se tient devant moi, les mains sur les hanches et les lèvres pincées.
Je pousse un grognement et émerge de ma petite sieste.
– À moins que tu préfères aller chez le directeur ?
– Ouais.
Je ne mets pas longtemps à réfléchir et me lève pour sortir de la classe sans un regard en arrière.
Qu'elle aille au diable cette pouf.
Si elle pense que je vais aller voir le directeur, en plus.
Je sors tranquillement du lycée et me dirige vers le bar. Il n'est que 15h, mais bon. Je n'en ai rien à faire, après tout.
J'entre et repère directement mon barman favori derrière le comptoir.
– 'lut, je lance en m'asseyant.
Il arrête soudainement de remplir le verre qu'il tient.
– Quoi ? Il me regarde avec choc. Ça fais des mois que t'as disparus et c'est tout ce que tu me dis ?
– Exagère pas, Théo.
– C'est pas le cas.
Je souffle.
– J'étais dans le coma, blaireau. Désolée de pas avoir donné de nouvelles.
Il se fige et me fixe.
– Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
– Un truc bête. J'étais en soirée et je suis tombée. Je me suis cogné la tête. Et voilà.
– Merde. Si j'avais su je...
– Je sais. Je tape sur la table. Bon Théo, où sont tes bonnes manières ? Tu ne m'offres pas à boire ?
– T'es sûre que c'est une bonne idée ?
– Y'a pas de problème, t'inquiète.
Je hausse les épaules et il me dévisage, les sourcils froncés.
– Mmm. Pas un truc trop fort, alors.
– Ok.
Je lui lance un grand sourire et il me prépare un de ses nouveaux cocktails colorés.
– Ça a l'air délicieux. Merci.
Je commence à siroter sa préparation, et, effectivement, c'est merveilleusement bon.
– Lou ?! Lance une voix familière dans mon dos.
Je me retourne, surprise, et tombe nez à nez avec Carter.
– Carter ? Ça fait un bail.
– Je savais pas que t'étais sortie de l'hôpital.
– Et si. Et en pleine forme, en plus !
– Je vois ça.
Il me dévisage à son tour.
– C'est la deuxième fois qu'on se croise ici, je continue, j'aime pas ça. Il se passe quoi ?
– Rien.
– Menteur, je tapote le siège à côté de moi, viens donc t'asseoir.
Il souffle, mais fait ce que je lui dis, son verre vide dans la main. Il fait signe à Théo de le resservir mais je l'en empêche.
– Crache le morceau.
– Je t'ai pas fait chier, moi, quand tu t'es mise à boire.
– Oui, mais tu as toujours été là pour moi. Et j'ai décidé de l'être aussi pour toi.
– Très bien.
Carter se lance dans un long speech, qui dure des heures. Il me raconte combien il se sent seul depuis qu'on traîne plus ensemble. Que ses amis l'ont laissé tomber un par un. Et enfin, il me parle de sa petite sœur, qui est malade depuis déjà quelques années, et qui voit la mort arriver.
Je jette un coup d'œil vers Théo de l'autre côté du bar et quand Carter a finit de parler, je le regarde droit dans les yeux.
– Je suis désolée. J'aurais dû m'en rendre compte plus tôt. J'ai été trop accaparé par mes problèmes et je t'ai laissé partir. Mais je suis là maintenant. C'est promis.
Je crois que j'ai bu un peu trop de cocktail...mais bon, mes mots ont l'air de lui faire plaisir.
– On croirait entendre l'ancienne toi.
– Pas vrai hein ? Je crois que je déraille.
On explose tout les deux de rire et quand on s'est calmé, je lui demande des nouvelles de Tessa.
– Tu lui manque, mais ça va. Elle était inquiète pour toi.
– Elle est venue à l'hôpital ?
– Quelques fois, oui.
– Tu sais, je commence à me dire que je devrais lui pardonner. Passer à autre chose.
Il pouffe et me regarde comme si j'allais faire de même. Mais je suis très sérieuse.
– Je crois que tu as bu trop de cocktails.
– Non, je suis sérieuse.
– Mouais, on en reparle demain. Tu auras certainement changé d'avis.
Il marque une pause et ajoute :
– Bon, il se lève et laisse un billet, j'y vais, moi.
Je le regarde partir sans un mot et me retourne de nouveau vers Théo. Mon dieu, ça fait une éternité que j'ai pas tirée un coup. Je ne m'en étais pas rendue compte, mais je suis grave en manque. Et il est toujours aussi sexy.
Mon barman se retourne vers moi et me lance :
– Arrête de me regarder comme ça.
– Comment ? Je demande innocemment.
– Comme quelqu'un qui est trop en manque de sexe.
Je me penche sur le bar entre nous.
– C'est le cas, chéri.
On rit tout le deux et je regarde autour de nous.
– On est seuls...
– J'ai remarqué.
– Alors, suis moi.
Je me lève doucement, et contourne le bar, pour aller dans les cuisines, notre endroit préféré. Il me suit sans un mot et mon excitation augmente.
Théo se place derrière moi et pousse doucement mes cheveux pour m'embrasser dans le cou.
– Je déteste avoir l'impression que tu te sers de moi, chuchote-t-il.
– Ce n'est pas le cas, je le rassure.
Bon, peut-être un peu. Mais on y prend plaisir tout les deux et il est consentant, non ?
Je me retourne et on se regarde silencieusement pendant quelques secondes. Tout est tellement plus doux avec lui.
Je l'embrasse délicatement, puis plus fougueusement. Mes mains ouvrent instinctivement son pantalon et glisse sur son membre. Bon sang, j'avais oublié à quel point il était équipé.
Théo défait mon haut et sa bouche trouve mes seins. Il titille mes tétons un à un pendant que je continue de le branler. Mon excitation augmente encore, et je jure tellement j'ai envie de lui.
Puis, soudain, on entend quelqu'un entrer.
– Théo ?
À l'entente de son prénom, ce dernier relève la tête vers moi et grogne :
– Putain, mon patron.
Je souffle et il se rhabille en vitesse.
– Sors par la porte de derrière.
Et il part aussi vite que si le diable était à ses trousses.
– Bordel.
Je tape contre le mur et me rhabille à mon tour. Et puis, je sors tranquillement par la porte de derrière, encore excitée, sans même vérifier si le patron m'a vu.
Une fois dehors, mon téléphone sonne.
Je décroche machinalement.
– Lou ?
Tewis.
– J'ai besoin de toi, putain. Tu peux venir ?
Il a l'air vraiment dans le mal. Je vérifie l'heure. 17 h 20.
– T'es pas en cours, à cette heure ?
– Lou, s'il te plaît.
– Appelle Antoine.
– C'est de toi dont j'ai besoin.
– Putain, tu fais chier. T'es où ?
– Chez moi.
Sa voix n'est qu'un murmure, alors je ne peux pas refuser de le retrouver. Je ne peux pas l'abandonner alors qu'il a l'air si perdu.
Je panique bien plus que je m'autorise à le croire, alors je raccroche et prends le bus en direction de chez lui.

Reviens moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant