chapitre 11

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Tewis

Aujourd'hui...

Elle m'a laissé un message.
Entendre sa voix me fait du bien, même si elle est visiblement super énervée contre moi.
Ce ton froid et distant, c'est tellement pas...elle. Cette façon de parler ne lui ressemble pas.
Je suis rentrée chez moi après deux nuits à l'hôtel.
La surprise de ma mère quand elle a ouvert la porte était énorme. Elle a même pleuré de joie. Ça me fait du bien de la voir heureuse.
Tout va tellement mieux depuis que mon père est parti.
Enfin, après ces retrouvailles larmoyantes, je suis aller fêter mon retour avec mes potes de Paris.
Et c'est comme ça que je me suis retrouvé complètement défoncé le lendemain, en train d'envoyer un message à Lou.
Honnêtement, je ne pensais pas qu'elle me rappellerait, alors j'écoute son message en boucle pour m'assurer que c'est réel.
Je voudrais la rappeler mais son ton et la façon qu'elle a de m'appeler par tous les noms sauf le mien me disent qu'il ne vaut mieux pas.
En tout cas, elle a terriblement changé.
Ses cheveux, sa façon de se tenir, de s'habiller, de parler, tout est différent chez elle.
Et maintenant, je me demande si le mec du train parlait finalement bien de ma Lou. Plus rien ne m'étonnerait maintenant. Est-ce que tout ça est à cause de moi ?
Certainement.
La haine qu'elle a pour moi a dû la mener à faire bien des choses.
Et la mort de sa mère, aussi.
Et moi, comme le con que je suis, je n'étais même pas là pour elle.
Je m'en veux.
Je comprends qu'elle me déteste, mais j'aimerais me faire pardonner, même si cela semble mission impossible.
De toute manière, pour l'instant, je dois me préparer pour la soirée à laquelle on m'a invité.
C'est l'anniversaire d'une fille...Ma quelque chose, dans le centre.
Des potes qui y vont m'ont invité.
Apparemment, ça ne la dérangera pas. De toute façon, je m'en fous un peu, et j'ai trop besoin de me mettre une murge.

*

Wouah.
Cette baraque est immense putain. Et la musique est si forte que je l'entends de dehors. Je sens que c'est pas n'importe quelle soirée. Et que je vais m'éclater.
Je rentre et l'odeur de sueur et de tabac me frappe.
Je me dirige vers le salon. Une petite foule se déhanche sur la piste improvisée à droite
J'envoie un message à Steeve :
J'suis arrivé. T là?
Il me répond dans la seconde :
Dans le jardin.
Je me dirige donc au bout d'un couloir, en espérant qu'il mène au jardin.
Par chance, la porte du fond me fait atterrir directement sous le patio.
Le jardin aussi est impressionnant. Les arbres sont taillés en forme de cœurs, de têtes et les parterres sont remplis de fleurs multicolores.
J'aperçois Steeve au loin, un joint à la bouche. Je le rejoins et lui tape sur l'épaule.
– Salut mec.
– 'lut.
Ses yeux sont rouges et globuleux. Il est défoncé.
– T'en ai à ton combien ?
Il rit.
– J'ai arrêté de compter.
Je souffle.
– Passe-moi ça.
Je tire une latte et la fumée m'emplis les poumons.
Dieu, que c'est bon. Ça fait si longtemps.
Cette sensation m'a manqué. Cet effet de bien-être inévitable. Cette envie de combattre le monde.
Faudrait que je pense à souhaiter l'anniversaire de cette meuf, au faite.
Cette pensées me traverse parmi tant d'autre tandis que les joins tournent dans les mains de mes amis.
On passe une partie de notre soirée là, dehors, à fumer. Enfin, disons que je les regarde surtout se défoncer, patiemment, en me rappelant la belle époque.
Je m'arrête de boire quand la terre commence à sérieusement tourner sous mes pieds et je rentre pour aller pisser.
Wouah.
J'avais oublié que je devais plus faire ça.
C'est l'ambiance de ouf à l'intérieur.
J'oublie pourquoi j'étais venu et me dirige vers le salon maintenant bondé.
Y'a tellement de monde qu'on pourrait s'y perdre, sérieux.
Un cercle est formé autour d'une fille danse au milieu. Elle a des cerceaux je crois. Elle est magnifique. Quelque chose se dégage d'elle.
Je m'approche et remarque ses cheveux rouges tirant vers le blond, ses courbes si familières.
Lou.
Au début, je crois halluciner, alors je me frotte les yeux.
Mais quand je les rouvre, elle est toujours là.
Merde.
Je suis encore trop défoncé pour aller la voir.
Et à voir comment elle bouge, elle l'est aussi certainement.
Je vais attendre un peu.
Mais rien ne m'empêche de la regarder.
Son haut est tellement fin qu'on voit la moindre courbe de ses seins.
Je la veux, là, maintenant.
C'est insupportable de voir tous les mecs autour d'elle la mater comme ça. C'est ma meuf, on n'y touche pas.
Merde, je l'imagine me chevaucher, ses cheveux soyeux me caressant le torse. Elle, nue sur moi.
Et merde, je vais la voir.
Je commence à m'avancer vers elle, quand son corps bascule soudainement en arrière.
Je la vois partir vers la commode au ralenti alors qu'un un cri parcours l'assemblée.
J'aimerais courir pour la rattraper mais mon corps refuse de bouger.
Le monde refuse de tourner à nouveau normalement.
Plus personne ne parle. Les battements de mon cœur résonnent dans mes oreilles.
Tout le monde est pétrifié et un affreux bruit retentit.
Putain, elle s'est cogné la tête. Mes jambes me répondent enfin et je cours vers elle.
En quelques secondes, je suis à ses côtes, son visage dans mes mains.
Elle s'est évanouie. Et...oh mon dieu, il y a du sang partout autour de sa tête.
Quelqu'un cri d'appeler le samu mais je suis trop occupé à vérifier si elle respire.
Mon dieu, oui.
Mais une blessure à la tête, c'est grave.
Elle ne peut pas mourir. Elle ne peut pas, putain. Je m'agenouille à côté d'elle et pose mon front contre le sien en sanglotant :
– Ne meurs pas, je t'en prie, ne meurs pas.

*

Quelqu'un a finalement dû appeler une ambulance puisque quelques minutes plus tard, une horrible sirène retentit.
Je suis toujours contre Lou. Je ne peux pas la lâcher. Elle ne doit pas mourir.
Je peux pas vivre sans elle, merde.
On m'arrache soudainement à elle et j'ai beau me débattre, l'autre en face à de la force.
Je me retrouve face à un pompier qui me parle. Je vois des lèvres bouger, mais je n'ai aucune putain d'idée de ce qu'il dit et franchement, j'en ai rien à faire. Je n'essaie pas de comprendre ce qu'il me dit et murmure :
– Elle va s'en sortir ? Dites-moi qu'elle va s'en sortir.
– J'en sais rien, mon vieux. Mais tu peux monter avec elle pour l'accompagner si tu veux.
Je ne lui réponds pas et me précipite dans l'ambulance pendant que les autres gars posent Lou sur un brancard ou un truc du genre.
On arrive à l'hôpital peu de temps après.
Tout est flou.
On emmène Lou loin de moi.
Je ne sais pas ce qu'il se passe ensuite, mais quand je me réveille, je suis dans une salle d'attente.
Je me redresse et regarde autour de moi.
Y'a seulement un mec, en face de moi. Il me fixe bizarrement. Je détourne les yeux.
Il faut que je sache si Lou va bien.
Je m'apprête à me lever quand je vois que le mec me fixe encore. Qu'est-ce qu'il a, lui ?
– Un problème ?
– Non.
Son ton est sec. On se connaît ou quoi ?
– On se connaît ?
– Non.
Putain, pas bavard celui-là.
– Alors qu'est-ce que t'as à me fixer comme ça ?
– Rien, je me demande juste ce que tu fais là, et pourquoi t'as l'air si inquiet pour elle.
Elle ?
– Lou ?! Tu parles de Lou ? Elle va bien ?
– J'en sais rien, le médecin n'est pas encore revenu.
Je me rassois, déçu.
– Merde, je marque une pause, t'es qui toi ?
– Paul, un de ses amis.
Je le jauge pour la première fois.
Sa crête bleue se marie parfaitement avec son look décalé. Mais un pote à Lou, lui ? Étrange.
– Tewis, son...
– Ouais, je sais. On est dans le même lycée, mec.
Mais...il m'a dit qu'on ne se connaissait pas.
Roh putain, mon esprit est trop embrouillé, là.
– Oh, désolé.
Il ne répond pas. Et moi je vois là une occasion d'en savoir plus sur la nouvelle vie de Lou.
– Alors, tu la connais depuis longtemps ?
– Ouais, depuis cette année.
– Ok. Et, comment elle est ? Je crois que je la connais plus vraiment.
– Ça, c'est sûr. Mais ça serait pas arrivé si tu t'étais pas barré comme un connard.
Ouille.
– Ah, je vois, elle t'a raconté.
– Ouais. Elle est pas hyper bavarde sur sa vie mais chaque fois qu'elle a parlé de toi, c'était en mal. Elle te déteste mec, je sais même pas pourquoi t'es là.
– Parce que je l'ai...
Un médecin fait brusquement irruption dans la pièce et se tourne vers moi.
– Bonsoir, jeunes hommes. C'est vous qui êtes arrivé avec la jeune Lou ?
– Oui, c'est moi.
– Alors venez avec moi, je vous prie.
Je me lève et coule un regard triomphant vers Paul.
Un pote à Lou, mon cul. Et peut-être qu'elle me déteste mais en attendant, c'est moi qui vais pouvoir la voir.
Je suis le médecin jusqu'à son bureau où il me fait asseoir.
– Alors, elle va bien ?
– Écoutez, la nuit a été très longue. On a opéré Lou en urgence mais elle s'est fortement cogné la tête et elle aura forcément des traumatismes. Pour l'instant, elle est dans le coma, et je ne peux pas vous assurer qu'elle se réveillera.
Je ne peux pas vous assurer qu'elle se réveillera.
– Qu...quoi ? Je bafouille.
– Je suis désolé, jeune homme.
– Est-ce que je peux aller la voir ?
– Pas pour l'instant, non.
– Alors quand ?
– Bientôt, j'espère. Y a-t-il de la famille à contacter ?
– Non. Enfin, y'a bien sa grand-mère mais elle ne peut pas se déplacer.
Il a l'air surpris.
Bah quoi ? C'est une veille dame.
– Pas de parents ? Me demande-t-il.
Oh, ça.
– Non.
– Très bien, merci.
Il me raccompagne jusqu'à la salle d'attente et me conseille de manger.
Je m'assois, le visage grave.
Le mec en face se raidit. Il faut qu'elle se réveille putain, c'est pas possible autrement. C'est la personne que j'aime le plus au monde. J'aurais jamais dû partir.
– Eh je te parle !
Je relève brusquement la tête et le soi-disant pote me regarde, inquiet.
– Oh. Quoi ?
– Elle va bien ?
– Elle est dans le coma. Ils ne savent pas si elle va se réveiller, putain.

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