Chapitre 30

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Lou

1 an plus tôt...

Je saute sur le lit de ma mère et regarde le nom de son correspondant.
– Marc ? Je m'exclame. Comme mon père ?
Elle rougit, et baisse les yeux.
– J'avoue que c'est perturbant. Mais il est super gentil !
Je marmonne que c'est quand même bizarre.
– Pourquoi ?
Je hausse les épaules.
– Je sais pas. C'est un peu comme si tu te remettais avec lui.
Elle rit doucement.
– Mais non.
– En plus, j'ajoute, le père de Tewis s'appelle aussi Marc.
À son tour de hausser les épaules.
– C'est un nom répandu à mon âge.
Je marmonne et sors de sa chambre, tapant déjà sur mon téléphone.
C'est possible que ton père soit sur un site de rencontre ?
Tew me répond très vite :
Non. S'il trompait ma mère, ce serait dans un de ses bars miteux. Pourquoi ?
Pour savoir. On se voit demain au self ?

Il me répond d'un pouce en l'air. J'attrape un livre dans ma chambre et retourne dans celle de ma mère pour le lire. Elle continue de taper sur son ordi tandis que je plonge dans l'univers fantastique de Harry Potter.
30 minutes plus tard, ma mère éteint la lumière, et je pars me coucher.
Je m'endors en pensant à ce mystérieux Marc. J'ai un mauvais pressentiment à son propos. Je ne sais pas pourquoi, mais cette situation ne m'inspire pas confiance.
Vers 00h, je ne dors toujours pas, et mon téléphone illumine la pièce. C'est un message de Tewis.
Finalement, je ne serais pas au self. Un truc à faire.
Quel truc ?

Il ne répond pas, et je finis par m'endormir, fatiguée de fixer mon téléphone.

Le lendemain, il me faut au moins un quart d'heure pour sortir de mon lit. Du coup, je suis en retard, et je dois tous faire précipitamment. Quand ma journée commence comme ça, il se passe toujours un mauvais truc.
Tewis ne ma toujours pas répondu, et je ne le vois pas de la journée. Quand je demande à Antoine où il est, il détourne les yeux en répondant qu'il ne sait pas. J'ai horreur qu'on me cache des choses. Alors, quand je finis les cours, je pars prendre un bus qui dessert les alentours de Paris. Je devrais bien réussir à retrouver la maison de Tewis. Je demande à Tessa de m'accompagner, mais elle a rendez-vous à l'auto-école.
J'arrive donc, après trois demi-tours et 15 min de marche, seule, devant la porte des Mathiew.
Je sonne, et c'est Katie qui m'ouvre.
– Oh, Lou ! On ne t'attendait pas.
Je bascule d'un pied à l'autre.
– Euh, oui, désolée. Je passe juste.
Elle se décale pour me laisser passer et j'entre sans un mot de plus. Un sourire crispé aux lèvres, elle finit par me dire :
– Euh, je ne sais pas si le moment est bien choisi. Steeve est là.
– Oh ! Oui, je l'ai déjà rencontré.
Elle baisse la tête et je sens qu'elle me cache, elle aussi, quelque chose. Mais, elle soupire et me fait signe d'y aller.
Je toque discrètement à la porte de sa chambre et c'est Steeve qui m'ouvre, un sourire béat sur le visage.
– Oh ! Salut.
Il ricane et je remarque ses yeux bouffis et rougis. Je soupire et essaie de passer, mais il me bloque le passage de son corps.
– Euh...je suis pas sûr que ce soit le bon moment.
Mais, merde, quand est-ce qu'ils vont tous arrêter de me tenir à l'écart ?
– Pousse-toi.
– Je ne crois pas qu'il voudrait que...
Je n'écoute pas la fin de sa phrase et le bouscule. Il recule en trébuchant, et j'entre enfin la chambre.
Elle est encore plus en bordel que la dernière fois que je suis venue, si c'est possible. Tewis est allongé sur le lit, un oreiller plaqué sur le visage.
Je m'approche de lui, Steeve sur les talons, mais il ne bouge pas.
– Mais qu'est-ce que tu fous ?
Il pouffe sous le coussin et je lui arrache des mains. Il ferme les yeux et serre les poings. Je me tourne vers son ami, les sourcils froncés et désigne Tewis.
– Tu m'expliques ?
Il baisse les yeux.
– On a pris...des trucs.
– Quoi, comme trucs ?
Il s'apprête à me répondre, mais Tewis se jette sur moi, plaquant ses mains sur mes oreilles. Il se place devant moi, me jette sur le lit et se penche au-dessus de moi. J'étouffe un cri et plonge mes yeux dans les siens. Ils sont, comme Steeve, bouffis et rougis.
Ses pupilles sont dilatées et il me fixe avec colère.
– Arrêtes, grogne-t-il.
Son ton est dur et il ne m'avait pas parlé comme ça depuis...la soirée où il m'avait blessé.
– Arrêter quoi ?
– Tu ne devrais pas être là.
– Tu ne répondais pas à mes appels, je contre.
Sa poigne se serre sur mes bras, et je jette un œil vers Steeve. Il est assis par terre, endormit.
Je n'en reviens pas. Je le regarde, ahurie. Ce mec est un mystère.
Tewis me lâche brusquement, et recule, jusqu'à se plaquer contre le mur. Ses mains tremblent, et il murmure :
– Va t'en.
Je m'approche de lui, comme on s'approcherait d'un animal sauvage.
– Tewis...
Je tends les mains vers lui, et il me laisse le toucher. Je caresse son visage et lui demande de me parler. Mais il reste muet, et fixe un point derrière moi.
– Je suis fatigué, dit-il simplement.
Je soupire.
– Dis-moi au moins où tu étais aujourd'hui.
Il secoue la tête, et ses boucles suivent le mouvement.
Je déglutis. Je mentirais si je disais que je n'étais pas inquiète. Mais, j'ai bien compris qu'il ne me parlera pas. Pas pour l'instant, en tout cas. Alors, je lui prends la main, pour le tirer vers le lit. Il me laisse faire et on se couche tout les deux. Je passe ma main dans ses cheveux, et il souffle :
– Même flou, tu es magnifique.
Je rougis et ne répond pas.
Dans la seconde qui suit, il est endormi.
Je passe l'heure suivante à le regarder dormir, me demandant ce qui a bien pu se passer, et ce qu'ils ont pu faire toute la journée.
Mon cœur bat à cent à l'heure, et cette proximité me donne terriblement chaud, mais je finis par fermer les yeux. Mais, au moment où je me dis que je vais réussir à m'endormir, Tewis se lève brusquement et se rue hors de sa chambre.
Je me redresse sur les coudes, dans l'incompréhension. Et puis, la minute suivante, je l'entends vomir. J'hésite à le suivre, mais je sais qu'il va me repousser. Alors je reste allongée sur son lit, à fixer le plafond, en attendant qu'il revienne, et soupire.
Quand je disais que ma journée avait mal commencé...
5 minutes plus tard, il revient en traînant des pieds. Je frissonne devant son teint pâle et il baisse la tête.
– Oh, Tewis...
Je tends la main et il avance vers moi. Il se passe la main dans les cheveux, et s'assoit au bord du lit. Il lance un regard à son ami, toujours endormit par terre.
– Je ne vomis pas d'habitude, tu sais.
Je souris.
Les cernes sous ses yeux m'inquiètent, mais on s'en occupera plus tard.
– Tu sais, j'ai quand même envie de t'embrasser, je dis pour le rassurer.
Il sourit enfin, et mon cœur rate un battement. Sa main se faufile dans mes cheveux, et il dépose un baiser contre mon front, contre lequel il murmure :
– Bordel, je ne te mérite pas. Et, crois-moi, tu n'en as pas vraiment envie.
Je serre sa main
– Ça dépend. Tu t'es lavé les dents ?
Je souris, amusée, et il hoche la tête. Je me penche donc vers lui, mais il recule.
Je fronce les sourcils.
– On va manger, avant.
Il me tire par la main et je lui demande :
– Et Steeve ?
Il hausse les épaules.
– Laisse le dormir. Il mangera plus tard.
Je hoche la tête, et, pendant qu'il se relave les dents, je vérifie l'heure.
19 h.
J'envoie un message à ma mère pour la prévenir que je mange chez Tewis et range mon téléphone dans ma poche arrière. J'observe Tewis et, je remarque que ses mains tremblent encore. Et ses traits sont encore plus tirés que tout à l'heure.
– Ça va ? Je demande en me rapprochant.
Il me regarde à travers le miroir.
– On ne peut mieux, il répond.
Je ne le crois pas, mais je ne dis rien et pars l'attendre dans la cuisine pendant qu'il se douche. J'aide Katie à mettre la table, et des questions me brûlent les lèvres. Elle doit le remarquer, parce qu'elle me dit :
– Vas-y, dis-moi.
Je soupire et la regarde tristement. Elle est donc bien au courant de ce que fait son fils. Enfin, je suppose qu'il lui cache des choses, comme à moi.
– Ça fait longtemps qu'il..., je commence.
– Prend de la drogue ? continue-t-elle.
Je hoche la tête et ses épaules s'affaissent. Elle se tient au comptoir derrière et fait un vague geste de la main.
– Deux ans, pour ce que j'en sais.
Mon estomac se noue.
– L'année dernière, il est même allé à l'hôpital. On l'a envoyé dans un endroit spécial pour les jeunes addict, mais il est parti et...son père l'a menacé mais...il n'y à rien à faire, il ne veut pas arrêter de...
Elle est coupée par l'entrée de Tewis dans la cuisine.
Finalement, Steeve est réveillé et suit son ami d'un pas tranquille. Cependant il n'a pas l'air plus en forme.
Je déglutis et m'assied sans un regard pour eux. Katie nous sert, et je mange en tremblant.
Je savais qu'il lui arrivait de fumer mais...je ne pensais pas que c'était à ce point. Ni que ça faisait si longtemps.
Je me rends compte que ça me touche de trop, mais, je ne peux pas m'empêcher de penser à toutes ses pubs de préventions qu'on nous a montré, au collège. Et vu la tronche de ces deux-là, elles n'avaient pas tort sur les effets nocifs.
Bordel, je ne toucherais jamais à ces trucs.
Tewis pose sa main sur mon bras, et je sursaute.
– Tout va bien ?
Il me détaille avec des yeux inquiets, et je hoche la tête.
– Oui, pourquoi ?
– T'as arrêté de manger.
Je baisse les yeux vers mon assiette et, effectivement, elle encore pleine, alors qu'eux ont presque finis.
– Je n'ai pas très faim, je réponds simplement.
Je picore encore un peu dans mes pâtes, mais je jette au moins la moitié de mon assiette. Je m'excuse auprès de Katie, mais elle me rassure en me disant que ce n'est rien. Je vois qu'elle s'inquiète pour moi, elle aussi, mais je plaque un sourire sur mon visage.
Tewis passe un bras sur mes épaules, et on sort de la cuisine. Steeve sur les talons, je lui demande :
– Il est où, ton père ?
– Au bar, sûrement.
Il n'ajoute rien et on entre tout les trois dans la chambre. Steeve ramasse ses affaires et annonce qu'il s'en va, avant de se tourner vers moi.
– Je te ramène ?
Je m'apprête à hocher la tête, mais Tewis m'attrape le bras.
– Reste.
Je le détaille, me disant que je ne peux pas l'abandonner. Pas maintenant.
Ni jamais.
– J'appelle ma mère.
Il me relâche, et je sors dans le couloir pour plus de tranquillité.

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