Chapitre 6

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Lou

Aujourd'hui...

Ca va faire deux jours que je n'ai pas mis les pieds au lycée. Je sais que je dois retourner en cours.
Bien que ça ne me serve à rien.
Je le fais seulement pour ma mère, elle qui n'a pas eu son bac, elle a toujours été très fière de me voir réussir à l'école. Et, même si je n'ai plus d'aussi bonnes notes qu'avant, je ferai tout pour la rendre fière et obtenir mon diplôme.

Le plus important, c'est de me remettre sur pied après mes dernières aventures. Et, pour ça, je vais aller faire la fête ce soir. Il faut tuer le feux par le feux, non ?
Fort heureusement, je n'ai pas à me casser la tête trop longtemps pour trouver ce que je vais faire. Un des amis de Paul organise une soirée. Et je m'y suis invitée. C'est la parfaite solution pour remédier à mon problème. Même si Paul n'est pas au courant, je sais que ça ne le dérangera pas.
Je lui écris d'ailleurs à ce propos :
Je m'incruste à la soirée de ton pote, Rémi je crois, tu peux passer me chercher ?
Je reçois sa réponse 10 min plus tard :
Là pour 19 h.
Quelques heures plus tard, je suis en bas de mon immeuble. J'entends la voiture de Paul avant de la voir et je souris en pensant à la façon qu'il a de conduire. Il n'est pas vraiment dans la délicatesse.
Arrivé à mon niveau, il ouvre sa fenêtre.
– Salut, Lou !
– Salut !
– T'es sûre de vouloir venir, si tôt après...euh, l'autre jour ?
– Oui, bien sûr, cette histoire est déjà oubliée.
Je fais un geste dans les airs et il fronce les sourcils.
Depuis que Paul m'as ramenée chez moi, ce soir-là, je fais tout mon possible pour ne plus penser à ce qu'il s'est passé.
C'est difficile, mais, la plupart du temps, j'y arrive.
Je m'occupe l'esprit pour ne pas y penser.
Dans des soirées où on est tellement saoul que personne ne s'en souvient vraiment. Ou en couchant avec le premier mec venu. Ce qui est au programme.
Paul me coupe dans mes réflexions en criant :
– Bon, cool ! Monte !
Il me fait un signe de la main et j'entre dans la voiture.

20 minutes plus tard, on se gare devant une grande maison.
C'est là que la fête doit avoir lieu, puisque la musique résonne jusque dehors.
Je m'empresse de sortir et me dirige vers la maison, sans prendre la peine d'attendre Paul. J'entre sans frapper dans un hall plein de monde, me dirige vers le bar improvisé et attrape une bière à toute vitesse avant de me tourner vers la piste de danse.
Je me fonds dans la foule et commence à me déhancher sur la musique pop sans plus attendre.
Je ne connais personne, mais ça m'est égal. Ça ne m'empêche aucunement de danser librement.
Je finis ma bière et pars chercher une autre, avant de retourner sur la piste, et de recommencer. J'enfile les verres pendant quelques heures, jusqu'à ce que le monde commence à tourner autour de moi. Je veux dire, même quand je ne danse pas.
Je ne suis pas encore totalement bourrée, mais encore un verre ou deux et ce sera bon. Je vais donc de ce pas m'en rechercher un, en regardant autour de moi, au cas où j'apercevrais Paul, que je n'ai pas vu de la soirée.
Je ne sais pas ce qu'il peut foutre, putain.
Sur le chemin, les corps défilent, et je me glisse entre eux.
Jusqu'à ce que je sente une main m'effleurer.
Je ne me retourne pas, et continue vers le bar, mais cette même main m'arrête.
Je me stoppe, le souffle court, et un mec s'approche de moi. Il me murmure à l'oreille :
– Coucou, ma jolie.
Et tout à coup, je ne suis plus ici, mais dans le toilettes du joice et compagnie.
Putain, pas encore.
Je sens la panique monter petit à petit le long de ma colonne vertébrale et me force à retourner dans l'instant présent.
Inspirer, expirer.
Mes souvenirs se mélangent tandis que je me concentre pour retourner dans le présent.
Je ferme les yeux un instant, pour atterrir soudainement dans le salon de Rémi, le souffle court. Je regarde autour de moi comme une furie, le peur bouillant dans mon ventre.
Pourtant cet homme ne m'a rien fait, il m'a juste approché. Et dans ce genre de soirée, c'est ce qu'on attend toutes. Qu'un mec nous approche pour pouvoir se le faire. C'est ce que je fais toujours. Alors pourquoi, pourquoi, ce soir je ne peux pas ?
Je relève les yeux vers celui qui me tient encore le poignet et me dégage d'un coup sec.
Il ne cherche pas à me retenir, alors je pars en courant.
Pendant ma course, j'entends au loin quelqu'un m'appeler, mais je ne suis sûre de rien, alors je continue à courir.
Je m'arrête seulement une fois dans le jardin.
Je tombe à genoux et respire par à-coups.
Je ne sais pas ce qui m'a pris. Merde, je dois avoir l'air d'une tarée. Je ferme les yeux et commence à reprendre mes esprits, lorsque j'entends des pas derrière moi.
– Lou, Lou c'est toi ?
C'est la voix de Paul. Forcément, c'est maintenant qu'il apparaît.
Je me retourne lentement et me lève pour lui faire face.
– Oui.
– Tu vas bien ? T'avais l'air vachement paniquée.
Je remarque à sa façon de parler lentement, et à ses yeux globuleux, que mon ami est défoncé. Très bien, au moins il ne se souviendra pas de ce moment.
– Oui, hum...j'ai pris peur là-bas mais ça va mieux, maintenant.
– T'en est sûre, hein ?
– Oui.
Il grogne et s'assoit contre le mur.
– Viens t'asseoir.
Il tapote la place à côté de lui et je le rejoins.
– Jeee penseee...
Il lève un doigt et marque une pause.
– Oui ?
– Que tu m'as menti, l'autre jour. Ce mec dans les toilettes il t'a marqué hein ? C'est pour ça que t'as un problème avec les mecs maintenant ? J'ai vu Marc te toucher et...tu as paniqué.
Je baisse les yeux, sans répondre.
– Je suppose que ça veut dire oui.
Je ne réponds rien et il respecte mon silence. Je me demande si je devrai dire quelque chose lorsque qu'il le fait à ma place :
– Le truc que je capte pas, c'est pourquoi tu me l'as pas dit.
Je reste silencieuse, encore une fois.
– Lou ?
– Oui, Paul ?
– Tu peux me répondre ?
– Bien sûr.
Je prends une inspiration et me lance. Après tout, je peux parler librement, puisque d'ici quelques heures, il aura tout oublié.
– Honnêtement, je ne sais pas pourquoi je ne te l'ai pas dit. J'étais sous le choc et je suppose que je ne voulais pas t'emmerder avec mes problèmes. Et je pensais que je pourrais m'en sortir toute seule.
– Pff, c'est des conneries tout ça, comment tu veux t'en sortir alors qu'un mec a essayer de violer hein ?
– Je...j'en sais rien, enfaite.
– Ben voilà, et puis, tu m'aurais pas fait chier, j'étais venu te sauver après tout, t'aurais dû tout me dire.
Je ris.
– Un héro, n'est-ce pas ?
– Carrément.
Je garde le silence quelques secondes puis reprends la parole :
– Mais tu sais, c'est compliqué pour moi de parler sincèrement. J'avais tout confié à Tewis, tout ce qui pouvait me rendre malheureuse. Dont son départ. Et il est parti avec ces paroles, me laissant seule avec mes problèmes et mes peurs. Je ne veux plus que personne ait le pourvoir de m'abandonner.
– Mmm. Alors on en revient toujours au même point. C'est bien ce que je pensais.
– De quoi est-ce que tu parles ? Quel point ?
– Tewis, c'est lui la source de..tout.
– N'importe quoi, tu dis des conneries. Et je peux savoir ce que tu pensais, d'abord ?
– Que tu l'aimes encore.
Je m'étouffe avec ma salive et crie :
– Pardon ?!
– Eh, calme-toi. J'énonce juste une vérité.
– C'est vraiment n'importe quoi.
Je commence à me redresser.
– Tu vois, dès qu'on parle de lui, ou de l'amour que tu lui portes, tu te fermes comme une huître.
– Oui ! Bah ça c'est parce que je le déteste, pas parce que je l'aime !
– Lou...
– Bordel, j'en ai marre que tout le monde me résume à lui !
Je me lève précipitamment et marche vers la rue d'en face.
– Lou, attends ! J'suis désolé...
– Laisse-moi !
Je m'éloigne avec un calme apparent, et prend la direction de mon appart.
Je rentre à pied, c'est pas grave.
De toute façon c'est moins dangereux que de me faire reconduire.
J'ai l'impression de mettre des heures avant d'arriver dans ma rue.
Une fois chez moi, je m'endors sur le canapé, toute habillée et trempée par la pluie. Mais je m'en fous, tout ce que je veux, c'est dormir. Et oublier.

Reviens moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant