chapitre 26

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Lou

Ça fait bientôt quatre mois que Tewis est parti. Et, contre toutes attentes, je me suis vite retrouvée un groupe de potes. Celui avec qui je m'entends le mieux, c'est Paul. D'ailleurs, le voilà qui arrive, un joint à la main. Il me fait me tape dans la main, et je lui pique sa conso. Quand j'expire la fumée, j'annonce :
– J'ai besoin qu'on passe un pacte.
Pour plus de sécurité. Je ne veux pas revivre, ni de loin de près, mes précédentes relations. Que ce soit celle que j'ai entretenus avec Tewis, Antoine ou même Tessa. Paul hoche la tête, m'invitant à continuer.
– Ça va te paraître chelou, mais je veux qu'on se promette de pas tomber amoureux.
Il secoue la tête en souriant et répond :
– Toi, faut que t'arrêtes la beuh.
Je soupire.
– S'il te plaît, j'ajoute en tendant la main.
Il la saisit, en se foutant clairement de ma gueule, et me regarde dans les yeux.
– Promis.

Le souvenir s'efface, tandis que Paul détache ses lèvres de ma bouche. Je reste pétrifiée quelques instants, et puis je reprends le contrôle de mon corps. Je me lève d'un bond, et recule de quelques pas.
– Bordel, t'avais promis !
Mes yeux lancent des éclairs, et je ne peux penser à rien d'autre que ma colère. C'est pas possible que ça recommence. Qu'il gâche tout.
Paul semble prendre soudainement conscience de son geste, et s'avance vers moi, l'air désolé.
– Merde, pardon, c'était une putain de connerie.
Je secoue la tête, refusant de l'écouter, et, comme souvent dans ma vie, je m'enfuis en courant. J'ouvre la porte avec fracas, et me précipite dans l'ascenseur. Un couple à l'intérieur me regarde avec un drôle d'air, mais je ne m'en préoccupe pas et tape du pied, en attendant qu'on arrive au rez de chaussé. Sauf, qu'eux, ils sont bien plus intéressés par moi. C'est sûr que j'ai pas le look type d'une riche.
Le mec se racle la gorge et me demande de sa voix grave :
– Excusez-moi, mademoiselle, vous êtes nouvelles dans l'immeuble ?
Je le fusille du regard. Et en promenant mon regard sur son visage, je remarque quelques similitudes avec celui de Paul. C'est pas vrai, je suis quand-même pas tombée sur ses parents...
Je lui lance mon sourire le plus hypocrite, et répond :
– Pas vraiment, non.
– Alors, comment vous êtes entré ?
Son ton faussement poli, et son air inquisiteur m'insupporte. L'ascenseur est bientôt arrivé, heureusement. J'attends qu'on est passé le premier étage, et balance mon poing dans la face du sois-disant père de mon sois-disant meilleur pote.
Lui et sa poule poussent un cri de surprise et heureusement, ils restent trop choqués pour réagir. J'en profite pour sortir, en appuyant sur le bouton "fermeture des portes", et sors dans le hall pendant que les portes se ferment et que le couple remonte dans mon dos.
Un sourire fier aux lèvres, je marche nonchalamment jusqu'à la porte et sors dans la rue, le "bip" de l'ascenseur résonnant dans mon dos.
Je me dépêche de tourner au coin de la rue, et m'engouffre au plus vite dans une bouche de métro. Je pouffe de rire et prend la ligne qui m'emmène au lycée. C'est, comme toujours, bondé de monde, et je dois me recroqueviller sur la porte pour pouvoir rentrer. Mais bon, en 20 minutes je suis arrivée, avec seulement 30 minutes de retard.
Comme je vais en Histoire, et que le prof est super chiant quand on arrive sans mot d'excuse, je vais directement à la vie scolaire. C'est mon pion préféré, Jérôme, qui me reçoit.
– Salut, Jérôme !
Il sourit et me regarde avec des grands yeux, qu'il se frotte.
– Lou ? Avec seulement 30 minutes de retard ?!
Je lui souris en retour.
– Arrête donc de faire ton effarouché. Fais-moi un mot, je vais en histoire, la mort.
Il retient un sourire, mais je sais qu'il déteste le prof autant que moi.
– Le motif, c'est quoi ?
– Euh, j'ai eu un problème avec un riche. J'ai dû le cogner.
– Quoi ?
Il me regarde avec son air sérieux, mais je lui fais signe de laisser tomber. Il marmonne qu'il va mettre autre chose, fait mon mot et, tandis que je me détourne, me rappelle.
– Eh ! J'allais oublier, t'as un rendez-vous avec la conseillère après manger.
Je grogne.
– Ohhhh, pourquoi faire ?
– Mmm, vu ton dossier, c'est certainement pour te parler de tes très bonnes notes.
Je pousse un profond soupir et hoche la tête. J'arrive en histoire quelques secondes après, et le prof prend mon mot avec dédain, m'indiquant une place au premier rang. Je m'y installe avec un grand sourire, et fais semblant d'écouter pendant toute l'heure.

Reviens moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant